À la lueur des mes voyages et de mes expériences quotidiennes, j’ai constaté que les gens se divisent en deux catégories: les preneurs et les donneurs.
Définitions
Un preneur est une personne qui, dans une interaction, cherche à prendre quelque chose de quelqu’un: un objet, un sentiment, une émotion, un avantage, etc. Un donneur est une personne qui, à l’inverse, cherche plutôt à donner quelque chose, peu importe la nature de cette chose.
Bien sûr, chaque personne possède des traits de ces deux types: nul n’est complètement donneur ou complètement preneur. Les proportions de chaque type varient d’un individu à l’autre. Certains sont plus preneur que donneur et vice-versa. Et c’est parfait ainsi, puisque cette variation permet l’éclosion de personnalités très diverses.
Et le bonheur, dans tout ça?
Le preneur est soit le seul à bénéficier de la portée de ses gestes, soit celui qui en retire le plus d’avantages, au détriment des autres. Il prend. Pour lui. Il lèse par le fait même une ou plusieurs personnes. Il est égoïste et fort probablement, malheureux (consciemment ou non). Il est malheureux, parce qu’il dépend des autres, parce qu’il a placé son bonheur entre leurs mains. Il n’assume pas la responsabilité de celui-ci, il n’essaie pas d’aller chercher par lui-même ce qui comblerait ses besoins, il ne tente pas de briser ses chaînes. Il prend donc des raccourcis et utilise autrui pour parvenir à ses fins. De plus, le preneur attache trop d’importance aux résultats de ses démarches, il croit que seule l’obtention de ce qu’il désire peut lui apporter de la joie. Il évolue par conséquent dans un monde de rareté, où chaque occasion doit être saisie avant qu’elle ne disparaisse à jamais. Il vit sous la crainte constante d’en perdre une et il pense que « perdre » est une chose purement négative. Comme son orgueil n’accepte pas la défaite, il la voit comme une marque honteuse, et non comme une chance de tirer de bonnes leçons.
Le donneur, lui, est altruiste, assez lucide pour connaître les bienfaits de la générosité et fort probablement, heureux (consciemment ou non). Il comprend qu’il doit générer son propre bonheur, il en assume la responsabilité. Il agit donc de manière à créer ce bonheur. Dans son cheminement, il considère les autres comme des partenaires avec lesquels chaque circonstance devient un prétexte pour grandir à travers le partage, et non comme des proies à qui soutirer quelque chose. Sa générosité provient d’un lieu d’abondance. Le donneur ne s’en fait pas outre mesure s’il « perd » une occasion, parce qu’il possède la certitude que d’autres se présenteront et que de nouvelles leçons lui seront alors accessibles. Mais surtout, il sait que ces nouvelles leçons l’aideront à devenir la meilleure version de lui-même.
En comparant ces deux types, j’en conclus qu’il est préférable d’être davantage donneur que preneur. Sauf si l’on « donne » des trucs comme de la violence, évidemment. Ceci dit, règle générale, donner est un geste aux conséquences bénéfiques pour un grand nombre de gens, à commencer par le donneur.
C’est bien beau tout ça, mais où je veux en venir?
Quel est le lien entre ce texte et le thème du blogue? C’est simple: en voyage, il est important de bien lire les autres, afin de mieux comprendre à qui on a affaire en toutes circonstances. Cette compétence peut faire la différence dans de nombreuses situations, car elle peut nous permettre d’éviter les escroqueries quand on achète un souvenir ou pire, les risques de vol et d’agressions physiques aux mains d’individus mal intentionnés. Ainsi, quand un preneur nous aborde — un vendeur trop agressif ou un mendiant trop insistant, par exemple —, on éprouve généralement une sensation de malaise, voire de répulsion. Cette sensation constitue le baromètre de l’interaction et elle doit être prise en compte pour qu’on puisse ensuite réagir de la façon qui nous convient le plus. À noter que l’expérience affine l’acuité de perception.
En revanche, un donneur fera vivre aux autres une expérience enrichissante et inoubliable. En présence d’un donneur, on ressent une intensité qui transcende le contexte de la rencontre: on sent alors l’humanité de cette personne. Elle sentira également la nôtre, si on décide de s’ouvrir à elle. Dans ce cas, le contact devient magique. À mes yeux, c’est ce genre de moment que l’on recherche, en voyage. Il importe donc pour chaque voyageur de développer sa capacité à bien lire les autres, dans le but de pouvoir vivre les expériences qui correspondent à ses rêves.
Je suis sans équivoque une donneuse de bonheur !!! Bon voyage !!! :-)
Merci Ruth! Je confirme que tu es une donneuse de bonheur…