Cet article (en anglais) de Ross Borden donne dix conseils pertinents pour minimiser les risques de vol ou d’agression en voyage, surtout dans les pays « dangereux ». J’irai plus loin et je dirais qu’ils peuvent s’appliquer partout, même dans la ville où vous habitez. Ils relèvent du gros bon sens et il ne faut pas les négliger.
À ces conseils j’ajouterai l’observation suivante, que j’ai dégagée de mes cours de kung fu. Borden l’a effleurée dans son texte, mais son importance ne peut être sous-estimée:
– Le pouvoir des yeux est immense. Être capable de soutenir le regard d’autrui constitue une habileté très utile, qui pourrait vous éviter des problèmes. Elle prouve qu’on n’est pas intimidé, qu’on a confiance en soi et ses moyens. Cette confiance peut décourager d’éventuels agresseurs.
Il existe une façon très simple de développer cette habileté: dans chaque interaction sociale, essayez de soutenir le regard de votre interlocuteur jusqu’à ce qu’il baisse les yeux. Bien sûr, ne prenez pas un air courroucé ou menaçant, car vous risquez de créer inutilement des malaises. Le but consiste à acquérir une aisance par rapport à cette pratique. À la longue, elle deviendra naturelle.
Ceci dit, si vous êtes victime d’une agression, même après avoir suivi les conseils mentionnés dans l’article, vous devez connaître quelques principes de combat fondamentaux:
1) Ça se passera très vite. Vous n’aurez que quelques secondes pour réagir et empêcher tout dérapage.
2) La précision est plus importante que la force. Certes, la force constitue un atout précieux (tout comme la vitesse, d’ailleurs), mais un coup dans les testicules, si faible soit-il, sera toujours efficace, alors qu’un coup de poing fort mais lancé dans le vide ou sur un endroit dur (par exemple, une épaule) n’arrêtera pas nécessairement l’adversaire. À moins que vous ne soyez boxeuse ou boxeur…
3) Les gens sont généralement droitiers. Par conséquent, autant que possible, laissez l’ennemi porter le premier coup (ce qui vous place dans un état de légitime défense) et essayez ensuite de vous glisser à sa droite, à l’extérieur de la zone d’action de sa main. Il éprouvera alors plus de difficulté à s’adapter à vos attaques, car la portée de sa main la plus forte sera limitée. Par le fait même, pour se défendre, il devra utiliser sa main la plus faible dans un angle qui ne lui permettra pas de donner des coups efficaces. De plus, tout en étant hors d’atteinte, vous aurez accès à son genou droit, à ses côtes, à sa tête. Toutes de bonnes cibles.
4) Si vous êtes assailli par un groupe, vous ne pourrez sans doute attaquer qu’une seule personne à la fois. Dans une telle éventualité, sautez sur le meneur de la bande et faites-le avec toute la férocité dont vous êtes capable. Cette tactique repose sur l’aspect suivant de la psychologie du combat: consciemment ou non, les membres de la bande se considèrent inférieurs au meneur, ils le voient comme le meilleur d’entre eux. Or si vous parvenez à le neutraliser, ses acolytes seront vraisemblablement sous le choc pendant quelques instants, car ils réaliseront que leur chef n’est pas aussi invincible qu’ils le croyaient, ils douteront alors de lui et de leur propre jugement. Ce bref répit devrait vous donner la possibilité de fuir ou de poursuivre l’attaque, si vous y êtes obligé. Dans ce dernier cas, foncez alors sur celui qui vous semble le deuxième membre le plus influent du groupe. Et ainsi de suite. Privilégiez toujours la fuite, par contre. Et trouvez ensuite des policiers pour vous aider (à moins qu’ils ne soient corrompus, mais ça, c’est une autre histoire).
5) Si vous n’avez le temps de lancer qu’un seul coup, visez une des quatre parties suivantes: les organes génitaux, le plexus solaire, la gorge ou les yeux. Dans les cas de la gorge et des yeux, vous devez savoir que ce genre de coup peut tuer ou gravement handicaper la personne qui le reçoit. Un tel geste peut donc entraîner de fâcheuses conséquences pour tous les individus concernés. Vous pourriez ainsi vous retrouver en prison pour meurtre. C’est pourquoi vous ne devez, et j’insiste, vous ne devez frapper à la gorge ou aux yeux qu’en DERNIER recours, quand vous vous trouvez dans une situation de vie ou de mort. Si vous voyez un adversaire sortir une arme à feu dans le but évident de l’utiliser contre vous, allez-y, frappez. Vous ferez certainement face à de sérieuses conséquences malgré tout, mais un cas de légitime défense devrait tout de même avoir moins d’implications légales qu’un meurtre gratuit.
Personne ne souhaite être victime d’un acte criminel en voyage, mais ça peut hélas arriver. Mieux vaut alors connaître quelques notions de combat. Toutefois, n’oubliez jamais que l’autodéfense n’excuse pas tous les gestes. Soyez responsable. Neutraliser ne veut pas dire tuer. Ça veut dire faire cesser l’agression. Je tiens à préciser que les opinions exprimées dans ce texte sont les miennes. Elles découlent de mes apprentissages et de mes réflexions et elles n’engagent personne d’autre que moi. Je ne parle donc pas au nom de mon académie.
PLop,
Ca me rappelle un copain qui me disait: “si on t’agresse, vu comme t’es fait, frappe le premier, le nez ou les couilles, et cours!” ^^
Comme tu le dis très bien, en cas d’agression tout se joue sûrement en quelques secondes, et à mon avis, a moins d’être un combattant aguerri difficile de penser à reconnaître le leader du groupe, faire un pas de deux à gauche, lui sauter dessus, lui crever les yeux (après les avoir bien regarder, mais ça a pas marché), et finalement broyer les couilles ;-p
La réalité c’est que les gens civilisés ne s’attendent pas à être confronté à la violence, je sais j’en fais partie.
Par contre on peut le plus souvent s’éloigner des situations louches avant que ça dérape. La ou tu parles de soutenir le regard, je nuancerais un peu, genre regarder droit devant soi et marcher d’un pas assuré, car je connais plein d’endroits ou soutenir le regard d’un mec qui te veut pas du bien ne va pas le calmer mais au contraire l’exciter. Pas la peine de baisser les yeux , pas la peine non plus de chercher le regard de l’autre (sauf si l’autre est russe, blonde, aux yeux bleus)
Bref, j’ai souvent parlé de ce sujet avec d’autres voyageurs, ça reste un mystère pourquoi certains se font agresser d’autres non… Certains parlent de pure malchance, moi il me semble que c’est souvent juste une question de bon sens, et si tu es pris dans la bagarre c’est deja trop tard. D’ailleurs ça m’est arrivé une seule fois (bagarre générale dans un club à Oulan-Bator, épique, pas de bobo heureusement) et j’avais raté la règle number 1: j’étais saoul :) (et j’avais délibérément ignoré le conseil de notre hostel de ne pas sortir le soir).
Un dernier truc de base qui évite souvent les ennuis, juste se trouver un compagnon pour les coins les plus craignos!
Sinon, nice blog, et bonne préparation pour ton grand voyage!
Bonjour Nicolas,
Merci pour ton commentaire. Je reconnais que mes conseils sont plus faciles à dire qu’à mettre en pratique. Néanmoins, pour avoir fait du combat libre à plusieurs reprises, j’ai réalisé qu’il suffit parfois de se rappeler d’un bon conseil au bon moment pour changer l’issue du combat. C’est dans cet esprit que j’ai écrit ce texte.
Par ailleurs, je pense que déterminer qui est le leader d’un groupe est assez simple: c’est celui qui parle ou agit en premier. Pour ce qui est de soutenir le regard, il faut bien sûr user de discernement. Tu as raison là-dessus. Mais c’est une habileté à ne pas sous-estimer, quand le contexte s’y prête.
Tu as également raison quand tu dis que les gens ne s’attendent pas à être agressés en voyage. Personne ne le souhaite, mais ça peut arriver. Par exemple, je me suis fait voler lors d’un voyage au Venezuela et ce fut une expérience qui m’a ouvert les yeux sur les risques de voyager. J’ai été très chanceux, car les voleurs n’ont pris que mon appareil photo. Mais la situation aurait pu déraper totalement, comme cela arrive trop souvent dans ce pays. J’ai entendu des histoires de Vénézueliens qui ont perdu des proches dans de telles attaques. C’est infiniment triste.
C’est sûr qu’éviter les individus louches et les situations potentiellement dangereuses demeure le meilleur moyen de fuir les problèmes. C’est juste que parfois, on dirait que ce sont les problèmes qui, mystérieusement, réussissent à nous trouver.
Bagarre générale à Oulan-Bator? Wow… épique, sans aucun doute. Content de voir que tu t’en es tiré indemne.
Merci aussi pour tes bons mots. Je te souhaite à mon tour le meilleur pour la suite de ton voyage. Pour celles et ceux qui sont intéressés, vous pouvez lire le blogue de Nicolas, qui fait en ce moment le tour du monde: http://www.fautpasycraindre.fr/
La pratique d’un art martial prépare probablement un peu à ce genre de situation et donne des automatismes dont je me sais totalement dépourvu :)
Merci pour le lien, je vais mettre ma blogroll à jour sous peu! C’est dingue tout ce que tu as déjà écrit! Je reviens picorer de temps à autre..
Sinon, je suis à Sydney pour quelques mois normalement, si tu passes par là, n’hésite pas à me pinguer pour aller se boire un verre!
Ciao!
Ha ha… ne sous-estime pas ton instinct de survie, il pourrait te surprendre.
Y a pas de quoi, moi aussi je dois mettre mon blogroll à jour. Et tu verras, avec le temps, toi aussi tu écriras beaucoup. Le temps passe si vite. On commence à écrire en 2007 parce qu’on part en voyage puis on finit par parler voyage en 2011…
Je prends ton invitation en note, Nicolas, car je prévois justement arriver à Sydney, vers le 10 novembre. Si tu es encore dans la ville à ce moment-là, je serai partant pour une coupe de « goon » ou un (une?) « schmiddy ». À plus,