Février… le mois de la Saint-Valentin, “fête de l’amour” (“fête des magasins” diront les plus cyniques). Quoi qu’il en soit, ce fameux jour, je me suis mis à réfléchir à l’amour, aux voyages, aux amours de voyage. Bien des voyageuses et voyageurs finissent par vivre une relation sentimentale à l’étranger (ou plusieurs, dans certains cas) et je me suis dit qu’il serait intéressant de lire sur une belle histoire d’amour qui a commencé en voyage et qui se poursuit encore aujourd’hui. Car oui, c’est possible de rencontrer le grand amour sur un autre continent. Je me suis alors demandé qui, dans mes cercles d’ami-es, pourrait (et surtout, voudrait) raconter son histoire. Je connais plusieurs personnes qui ont trouvé l’amour sur la route, alors j’avais un certain choix pour une entrevue. J’ai donc demandé à ma très bonne amie Marie-Michèle Baril-Dionne de bien vouloir répondre à mes questions, parce que je savais que son histoire est rocambolesque et qu’avec sa personnalité unique (dans le meilleur sens du terme), elle donnerait des réponses captivantes. Et, oh bonheur, elle a accepté avec enthousiasme de parler ouvertement de sa relation amoureuse avec Darren Henwood.
Raconte brièvement ton histoire avec Darren.
Je vivais encore à Londres. Mon séjour de deux ans dans cette ville éclectique et colorée tirait à sa fin. À l’image de mon séjour, la relation amoureuse que j’entretenais avec un Norvégien tirait également à sa fin. Deux mois avant de quitter Londres pour un séjour en Inde, ma très bonne amie d’Australie, Sophie Smith, m’a invitée à rejoindre elle, son chum et le coloc de ce chum, dans un pub, question de passer un dimanche après-midi comme on les fait souvent au Royaume-Uni. C’est là que j’ai rencontré Darren. C’était le « coloc » en question. Comme un bon Écossais, il était fortement sous l’effet de l’alcool lorsque je l’ai rencontré. Est-il nécessaire de souligner que la situation n’est pas allée en s’améliorant alors que les heures de la journée s’épuisaient? Ça a été un vrai désastre. On a dansé ensemble, pour qu’il me fasse tomber sur une table remplie de bières (elles se sont vite retrouvées sur mon chandail et mes jeans), il m’a crié à tue-tête que nous ne serions jamais amis, il a envoyé promener Sophie pour nous avoir mis en contact, bref, une bonne soirée au style du « UK ». Le lendemain, il croyait ne plus jamais entendre parler de moi. Mais je l’ai contacté sous Facebook; en tant que bonne Saguenéenne, j’ai tout de suite été enivrée par les charmes de ce bel Écossais.
Deux mois en Inde, une séparation du beau Norvégien, une formation de professeur de yoga plus tard, j’étais de retour à Londres pour une escale entre l’Inde et Montréal. Je suis allée chez Darren pour finalement prendre la décision de passer un dernier été dans cette magnifique ville, à ses côtés. Nous savions immédiatement que nous voulions être ensemble. Et nous savions également que ce n’était pas un amour de voyage. Six semaines plus tard, après une longue journée-soirée-nuit dans les bars de l’Écosse, assis sur le plancher de cuisine de ses parents, sous l’effet avancé du scotch, de la bière dégazée, des drinks déjà trop loin de l’après-midi, nous mangions des Ringolo. Il m’a regardée droit dans les yeux, il était vraiment sérieux et les joues tremblantes. Il a mis un Ringolo sur mon doigt et m’a demandé de l’épouser. J’ai pleuré et j’ai dit oui. Le matin, nous nous rappelions seulement de quelques détails de notre soirée, mais assez pour savoir que nous voulions vraiment passer le restant de nos vies ensemble, qu’importe ce qu’il arrivera.
Le jour où je suis vraiment partie à Montréal pour entamer un nouveau baccalauréat, Darren avait pris congé pour venir à l’aéroport avec moi. Juste avant de sortir de son appartement et de faire mes adieux à la ville qui restera toujours dans mon cœur la plus belle, il me donna une soupe et un sac de Ringolo afin de refaire mes forces. J’ai tout de suite mis la main dans le sac de Ringolo. Il était presque vide. Je me dis dans ma tête, « Y’est cheap de tous les avoir mangés et de me laisser le petit fond de sac ». Seulement, j’ai vite réalisé qu’il n’y avait plus aucun Ringolo, mais une bague.
Avais-tu déjà imaginé qu’un jour, tu rencontrerais l’amour sur la route? Peut-on vraiment être prêt pour une telle éventualité?
En fait, je pense que ça dépend de la personnalité et des traits de caractère du voyageur. Je suis le genre de personne à sauter à pieds joints dans toute situation qui se présente. Je n’ai pas peur de me faire mal, physiquement comme sentimentalement. Je n’ai pas peur de rencontrer des gens, de m’attacher, de laisser quelques personnes derrière moi. Je ne pensais pas que j’allais un jour, au loin comme à la maison, rencontrer l’Amour avec un grand « A ». Mais j’imagine que dans un sens, j’ai toujours été prête à rencontrer l’amour, car avec justement mes traits de caractère et ma personnalité, je dois tomber en amour à un rythme constant de 20 fois par jour. Au même titre, je vis environ 100 peines d’amour par semaine (Darren est au courant, ça faisait partie du « package deal » lors de la prononciation de nos vœux ha ha!).
Comment ton entourage a réagi quand tu lui as annoncé ta relation avec Darren?
Lorsque je suis revenue à Montréal et que j’ai annoncé mon mariage avec Darren, ma famille n’avait jamais entendu le nom de mon fiancé. Plusieurs pensaient que j’étais encore avec le Norvégien. Je me souviens que la réaction générale était: « C’est Marie… » Je pense que les gens autour de moi n’étaient pas surpris de moi voir embarquée dans une autre histoire décousue un peu sortie de nulle part. Lorsqu’ils ont rencontré Darren, ils ont compris à quel point il y avait quelque chose entre nous.
Vous êtes aujourd’hui mariés et Darren vit maintenant au Québec. Comment s’est passée la transition entre une relation plus “légère” et une plus sérieuse?
Même si nous avions déjà décidé de nous marier (peut-on appeler cela une relation sérieuse?), je crois que le moment où la relation est devenue plus sérieuse est lorsque [on a commencé à élaborer] tous les plans de mariage au Québec, de mariage en Écosse, de rencontre avec les familles, de rencontres entre familles. C’est comme si la poussière venait de tomber et que nous nous retrouvions les deux, un peu étourdis de tout ce qu’il venait de se passer. C’est là qu’on a vraiment pris conscience de ce qui venait de se passer et que nous nous sommes en quelques sens, tournés vers la vie qu’on venait de choisir. Je me sens à l’aise pour parler au nom de Darren, également pour dire que ça n’a pas été facile.
As-tu vécu des moments où tu as douté de ta relation avec Darren, où tu te disais que tout ça ne mènerait nulle part, que c’était une histoire absurde?
Oui. Lui aussi. Comme je suis à l’image du théâtre grec et que je vis la purgation de mes émotions sur une base quotidienne, à chaque fois que nous nous chicanons, je me dis que ça ne mène nulle part, que c’est une histoire absurde. Ha ha…
Avez-vous eu des ajustements à faire, au plan des valeurs, au plan culturel ou à tout autre plan? Si oui, lesquels?
– Avoir des horaires pour acheter son alcool.
– Parler français.
– La galanterie, si présente au Royaume-Uni et si perdue ici. Darren est définitivement vu comme un vrai « gentleman » (lorsqu’il est sobre).
Selon toi, quel est le signe le plus révélateur qu’une personne rencontrée sur la route est la bonne personne pour une relation plus sérieuse? Comment as-tu su que Darren était l’homme pour toi?
Il n’y a pas de signe révélateur. Il faut s’écouter et faire confiance en ce que notre cœur, notre instinct nous disent. Tout juste après avoir rencontré Darren, en Inde durant 2 mois, je méditais et faisais du yoga chaque jour. Et je me surprenais de toujours me sentir bien lorsque je pensais à Darren. Je savais qu’avec lui, j’étais bien, j’étais moi, j’étais respectée dans mes différences, dans mes choix, je me sentais écoutée, entendue, mais surtout, je me sentais unique. Je savais que c’était réciproque.
Je ne savais pas que Darren allait être l’homme pour moi. C’est une décision que j’ai prise alors et que je reprends chaque matin en me réveillant, à chaque fois que j’ouvre les yeux en me disant qu’encore ce matin, je veux être sa femme.
Si tu pouvais tirer un film à partir de votre histoire, quel titre donnerais-tu à ce film?
« Love, scotch and two smoked meat sandwiches »
Qu’est-ce qu’un couple dont les partenaires vivent sur des continents différents doit faire pour que la relation s’épanouisse au lieu de dépérir?
Ne jamais perdre la communication. Téléphone, courriels, Skype, Skype et Skype.
Quels sont les meilleurs côtés d’une relation internationale?
La diversité des cultures (pour nous et pour la transmettre à nos enfants).
Quels sont les moins bons côtés d’une relation internationale?
La paperasse (immigration et tout…).
Que dirais-tu aux gens qui auraient peur de se lancer dans une relation internationale?
GO FOR IT! Ce qui arrivera dans le futur, on verra… Maintenant, si c’est ce qui est le plus poignant, go for it honey!
Quels sont vos projets?
Darren n’a pas beaucoup voyagé, mis à part le Canada et quelques endroits aux États-Unis. Notre prochain projet est d’aller en Asie du Sud-est à l’été 2013.
La suite de cette entrevue sera publiée ce jeudi.
– Avoir des horaires pour acheter son alcool
Haha comment faire passer les écossais pour des alcooliques finis :)
Ha ha… apparemment, c’était un choc culturel pour Darren, ces horaires…
Haha! Darren a, en effet, trouvé ça bien compliqué avoir un horaire pour acheter son alcool. À Londres, nombreux sont les dépanneurs qui vendent de la bière et des spiritueux toute la nuit. Ici, non seulement nous n’avons pas d’alcool fort dans les dépanneurs, en plus les SAQ ferment drôlement tôt la fin de semaine. ;)