La ville de Vang Vieng, au Laos, est réputée pour une activité en particulier: le “tubing” de rivière. Le “tubing” de rivière consiste à descendre une rivière (dans ce cas, la Nam Song) sur une chambre à air. Jusque-là, rien de remarquable, puisque cette activité se pratique dans plusieurs endroits à travers le monde. Ce qui distingue le “tubing” vangviengnois des autres “tubings” est l’ambiance dans laquelle se déroule ladite activité: une ambiance très, très festive (trop, d’aucuns diront), caractérisée par la consommation massive de boissons alcoolisées et de diverses drogues. Le résultat? Un sacré pandémonium dans un splendide décor.
La rivière Nam Song
Jouxtant Vang Vieng, la rivière Nam Song coule dans un cadre enchanteur, grâce aux montagnes qui la bordent. Par contre, de nombreux bars se sont installé sur les berges de la rivière, surtout le long des premières centaines de mètres du parcours de 3,5 kilomètres. Le contraste entre la beauté de la nature et le chaos provoqué par les décibels crachés par les haut-parleurs des différents bars s’avère fascinant. Ou choquant, c’est selon.
Ce chaos débute assez tôt dans la journée: vers midi, les premiers “tubeurs” débarquent des tuks tuks pour amorcer la descente. Pour nombre d’entre eux, la descente s’arrêtera assez vite: elle ne se limitera qu’à la distance à parcourir entre les premiers bars. Cette situation réjouit évidemment les propriétaires des établissements riverains. Ainsi, dans le but d’attirer davantage de “tubeurs”, ils embauchent des résidents du coin pour lancer des cordes à tous ces clients potentiels. Ces derniers n’ont ensuite qu’à se laisser tirer vers le bar.
Une fois sur place, les “tubeurs” peuvent participer à des jeux qui encouragent la consommation d’alcool, que ce soit de la bière, des shooters, des seaux de drinks. Aussi, des tyroliennes et des cordes de Tarzan sont mises à la disposition des clients. Enfin, pour attiser le désir qui naît de l’ivresse, plusieurs employé-es n’hésitent pas à écrire au feutre sur différentes parties de leur corps des expressions ou mots à caractère sexuel. Geste qui sera bien sûr imité par les esprits éméchés, avec des résultats plus ou moins heureux, selon le cas.
Vers 16 h, les choses commencent à déraper et des scènes étonnantes peuvent alors survenir: une femme qui enlève son haut de bikini sans raison apparente; un homme qui, par défi, empoigne fermement le pénis d’un inconnu; deux hommes habillés d’un costume une-pièce en lycra qui écrivent “mange ta plotte” au feutre sur un maximum de corps, tant masculins que féminins; des hommes portant déjà des bandages qui décident quand même de plonger à partir d’une plate-forme haute de plusieurs mètres; des prouesses de “calage” d’alcool parfois surprenantes; des gens qui s’embrassent goulûment et qui manifestent un désir peu subtil d’aller plus loin, sans tenir compte du fait qu’ils sont dans un lieu public. Ces exemples ne constituent qu’un mince échantillon des scénarios possibles.
À vrai dire, chaque année, des “tubeurs” meurent noyés. En 2011, 22 personnes auraient ainsi perdu la vie. Et si on pouvait compiler le nombre de fêtard-es qui se blessent en posant des gestes qu’elles ou ils ne poseraient probablement jamais dans leur propre pays, alors là, je pense que les statistiques donneraient froid dans le dos.
Une activité sportive, malgré tout
À cette période de l’année, la descente dure trois heures, si on effectue le trajet sans interruption. Un exploit difficile à accomplir, pour celles et ceux qui prennent racine dans les bars. En outre, à de nombreux endroits de la rivière, le niveau de l’eau est tellement bas que des roches peuvent arrêter l’élan de la chambre à air. Les “tubeurs” doivent alors relever toute partie de leur corps susceptible d’être râpée par ces roches. À moins qu’ils ne soient masochistes.
Les coûts du “tubing”
Il en coûte 50 000 kips (environ 6,31 $ CAN) pour louer une chambre à air pour une journée, plus 60 000 kips (environ 7,58 $ CAN) de dépôt. Ce prix inclut aussi le transport en tuk tuk vers le lieu de départ du parcours, à 3,5 kilomètres à l’extérieur de Vang Vieng. Les chambres à air doivent revenir au magasin avant 18 h, sans quoi une amende de 20 000 kips (environ 2,52 $ CAN) sera imposée au retardataire. Et si la chambre air n’est pas rapportée le jour même, le “tubeur” perdra son dépôt. Par ailleurs, le magasin qui loue les chambres à air change d’emplacement chaque semaine. La raison? L’activité serait contrôlée par un groupe de quarante-cinq familles de la région et elles ont convenu d’en partager les revenus, à condition que toutes puissent la gérer à tour de rôle.
À noter que plusieurs personnes préfèrent ne pas louer de chambre à air et vont directement au point de départ du parcours, afin de passer tout leur temps dans les premiers bars. Or ces bars sont situés près les uns des autres, de sorte qu’il est facile de changer d’endroit (quitte à traverser la rivière, le cas échéant). Il en coûte 10 000 kips (environ 1,26 $ CAN) par personne pour se rendre en tuk tuk au point de départ sans chambre à air.
Des pour et des contre
Le “tubing” de rivière à Vang Vieng soulève une certaine controverse: plusieurs y voient une forme d’avilissement pour la communauté locale; d’autres y voient au contraire une occasion pour elle d’augmenter ses revenus. Je crois que la réalité se situe quelque part entre ces deux positions. De toute manière, celles et ceux qui dénoncent cette activité n’ont qu’à ne pas la pratiquer. Et, ultimement, il en revient à la communauté locale de décider ce qu’elle veut vraiment pour elle.
Salut!
Question : que fais-tu de tes choses pendant ça temps? Et de ton argent?
À+
Tu peux acheter une pochette imperméable (à partir de 10 000 kips) dans laquelle tu peux mettre argent et appareil photo. La pochette comporte un cordon ajustable, de sorte que tu peux la porter autour du cou.
Et bien… quelle ambiance ce doit être !
Ce n’est pas aussi intense qu’un Full Moon party, mais c’est effectivement toute une ambiance.
Salut Stéphane,
Le linguiste en moi aimerait bien savoir comment l’expression “Mange ta plotte” s’est rendue jusque là? Est-ce une expression courante là-bas? Si oui, le Québec doit être vénéré… ;-)
Salut Martin,
C’est toujours agréable de parler linguistique, surtout dans des contextes peu habituels. L’expression “mange ta plotte” s’est rendue à Vang Vieng ce jour-là (à ma connaissance, elle n’est pas très connue ici) grâce aux deux Montréalais costumés que tu peux voir sur une des photos du billet. Ils l’écrivaient sur le dos ou torse des gens, hommes ou femmes. Évidemment, ils ne comprenaient pas ce qu’on avait écrit sur eux, alors je me faisais un plaisir de leur traduire. Leurs réactions étaient hilarantes.
Ha! Ha! Ha! Je comprends mieux, merci! En effet, ce n’est (heureusement!) pas une expression très courante ici. Formidables, tes récits de voyage, Stéphane. Une idée comme ça : as-tu penser à faire financer la suite de ton voyage par les internautes? Pour ma part, je donnerais bien entre 10 et 20 $ pour la poursuite de ces récits…
pensé, pas penser…argh! battre et battu… toujours se relire, toujours se relire…
Ha ha… ouais, on ne peut y échapper, à la relecture.
Merci beaucoup pour ton commentaire, je l’apprécie au plus haut point. Pour répondre à ta question, j’y avais pensé, mais je ne sais pas à quel point mes lectrices et lecteurs seraient prêt-es à donner pour que je puisse continuer de voyager. C’est sûr que j’aimerais beaucoup tirer des revenus de mon blogue et ainsi pouvoir allonger mon voyage. Maintenant que tu m’as révélé ton intérêt à donner, je vais reconsidérer cette option. Je devrai aussi me renseigner sur l’implantation d’un bouton PayPal sur mon blogue. Je vais mijoter tout ça. Merci pour la suggestion.
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J’étais en trin de lire un autre article quand j’ai cliqué sur celui la. A priori le tubing c’est mort pour l’instant : article en anglais http://www.travelfish.org/blogs/laos/2013/01/23/tubing-in-vang-vieng/
Oui, j’avais moi aussi lu plusieurs articles là-dessus. Reste à voir ce qui en retournera. Vang Vieng a tout de même beaucoup à offrir, en matière d’activités extérieures, alors ce serait dommage que la ville devienne trop fermée au tourisme. À mon avis, elle devrait tenter de trouver un équilibre entre tourisme et qualité de vie pour ses habitant-es.