Je viens de quitter définitivement la Thaïlande (pour ce voyage, du moins), alors je souhaite revenir sur un sujet que je tenais à aborder: Khao San Road. Je ne l’ai pas abordé plus tôt, car j’attendais le moment propice pour le faire. Or le moment est enfin arrivé.
De l’action à revendre
Lors de deux de mes séjours à Bangkok, j’ai logé tout près de Khao San Road, le paradis – ou l’enfer, c’est selon – des routards. Quoi qu’on en pense, force est d’admettre qu’il s’agit d’un univers plutôt particulier. Je verrais bien une série télé appelée Khao San Road, qui relaterait les tribulations de gens qui vivent ou travaillent dans le quartier. Mais je digresse.
Comme son nom l’indique, Khao San Road est une rue et elle est située dans le quartier Banglamphu (district de Phra Nakhon). Une rue longue de quelques centaines de mètres seulement, mais pleine de bars, de restaurants, de commerces, d’hôtels et d’auberges, d’agences de voyage, etc. Un milieu bourdonnant d’activités, où l’effervescence ne s’arrête jamais vraiment. Cette effervescence a d’ailleurs forgé la réputation légendaire de folie accolée à la rue. Chaos San Road? Oh que oui. Pour le meilleur et pour le pire.
J’y ai vu: des gens trop saouls pour marcher; des femmes en train de se battre; des danseurs de breakdance talentueux; des cantines mobiles desquelles se dégagent toutes sortes d’odeurs; des vendeurs de diplômes et de permis en tous genres; des quidams qui peuvent débloquer votre cellulaire à toute heure du jour ou de la nuit; des bars extérieurs, installés sur le trottoir, qui vendent des bières à des prix dérisoires (pour le quartier) et qui font jouer de la musique à des volumes assourdissants; des gens qui hurlent, parfois sans raison apparente; des touristes avec sac à dos qui débarquent sans cesse, même jusque tard dans la nuit; des studios de tatouage ouverts 24 heures sur 24 (mais qui se fait tatouer à 4 h 37?); des 7/11 partout, mais vraiment partout; des employé-es de d’un bar portant des t-shirts sur lesquels étaient inscrits “we don’t check ID”; des tailleurs aux offres toujours alléchantes (selon eux); des tuks-tuks et leurs chauffeurs parfois insistants, parfois impertinents; des vendeurs d’articles contrefaits; et bien d’autres.
La fête, toujours la fête
Ici, il n’y a pas de début, pas de fin: qu’une fête perpétuelle. Un cycle qui recommence tous les jours. Un rythme épuisant, pour quiconque reste dans le coin un certain temps. C’est pourquoi les gens finissent par quitter le quartier: ils réalisent qu’ils s’y enracinent, qu’ils s’enlisent dans un cercle vicieux de fêtes endiablées, de nuits trop courtes et de lendemains de veille pénibles. Ici, une brosse (une cuite, pour mes ami-es franco-européen-es), une vraie, peut durer plusieurs jours. Et se transformer en mode de vie. Quand une personne atteint ce point, elle devrait y lire le signal qu’il est temps pour elle de déguerpir. Sinon, elle risque d’y laisser une partie de son espérance de vie.
Par ailleurs, les Thaïlandais-es viennent aussi fêter sur Khao San Road. J’en ai vus souvent là-bas. Ils y viennent donc pour les mêmes raisons que les touristes. Alors non, Khao San Road n’est pas qu’un repaire d’étrangers en rut qui ne cherchent qu’à se livrer aux pires abus.
Un avertissement
Par ailleurs, de l’avis des guides de voyage, il est déconseillé de recourir aux services des agences de voyage du secteur, car, même si certaines proposent des prix réduits pour de nombreux voyages populaires, elles n’offrent pas nécessairement l’ensemble des prestations annoncées; à tout le moins, la qualité de ces prestations risque de laisser à désirer. Ce constat m’a aussi été formulé par plusieurs voyageurs. Ou à l’inverse, les clients potentiels paieront beaucoup trop cher pour ce qu’ils souhaitent obtenir. Ils doivent donc considérer d’autres options, comme acheter un billet de bus directement à la station appropriée, s’ils en ont la possibilité.
Un endroit à connaître
Malgré tous ses défauts, Khao San Road demeure un endroit à connaître, ne serait-ce que parce qu’il provoquera une révision de votre définition de chaos. Vous n’avez pas à y rester des jours et des nuits, mais je crois que la rue vaut la peine d’être visitée. Elle constitue un univers fascinant, à plusieurs strates. Ces strates fournissent une matière riche à celles et ceux qui aiment réfléchir sur la culture, la société, etc. De mon côté, je suis heureux d’avoir connu ce monde à part, car maintenant, quand je pense à un joyeux bordel (choix de mot conscient et assumé), je pense à Khao San Road.
C’est une effervescence permanente !
J’ai l’impression que tu parles en connaissance de cause…
Et dans la journée, cela ressemble à quoi? C’est un peu plus calme?
Oui, c’est plus “calme” (moins de gens saouls), mais ça reste intense quand même. Ça n’arrête jamais vraiment, là-bas.
J’adore te lire, c’est un plaisir à chaque phrase!
Et tellement vrai en plus… Pageau, tjs le bon mot!
Merci beaucoup pour tes bons mots, je les apprécie. Content de savoir que tu me lis, que tu aimes le faire et que tu trouves que j’écris avec justesse. Je t’embrasse, ma Belge préférée.
Merci Stéphane, pour ton récit.
Je comprends que Khao San road est un quartier de Bangkok où on va retrouver beaucoup de routards mais pas que !
Je pense que je pourrai l’inclure dans mon prochain voyage en Thaïlande :)
Merci pour ton commentaire Rattana! Khao San Road est d’abord une rue (assez courte, d’ailleurs), autour de laquelle s’est développé un quartier touristique. Certains aiment, d’autres détestent. Je pense que ton intérêt pour la fête déterminera dans quel camp tu seras. Donc, là-bas, la fête est continuelle, beaucoup de routards viennent boire à en oublier leur nom, mais j’y ai aussi rencontré des Bangkokois-es qui aiment faire la fête. Puis, il y a des rues avoisinantes avec de bons restaurants, des salons de massage, des commerces pour tous les goûts, une clinique de santé, etc. Je crois que ça vaut la peine d’y aller au moins une soirée, ne serait-ce que pour se faire sa propre idée. Bonne planification!
très bon article