Le lendemain de mon arrivée à Orchhâ, j’ai demandé aux employés de mon auberge des renseignements sur la meilleure façon de me rendre à Mumbai, en passant par Aurangābād (car j’avais déjà un billet de train Aurangābād – Mumbai). L’un d’eux m’a alors conduit au bureau d’une agence de voyages. J’ai exposé ma situation à l’agent; il m’a assuré qu’il regarderait ce qu’il pouvait faire et qu’il m’en redonnerait des nouvelles. Il m’a suggéré d’aller attendre dans un restaurant du coin et d’y manger un morceau. Bonne idée.
J’ai donc pris un déjeuner dans un restaurant voisin. C’est alors que j’ai rencontré Vicky. Il travaillait au restaurant, il m’a abordé, il m’a posé des questions sur la raison de ma présence à Orchhâ. Je lui ai expliqué les derniers développements au sujet de mes plans et il m’a proposé son aide. Je l’ai acceptée. Il a donc passé quelques coups de téléphone, puis il a été se renseigner. Pendant ce temps, Corey est arrivée au restaurant. On a ainsi commencé à discuter de nos projets pour les prochains jours: Mumbai pour moi, Rishikesh pour elle.
Une première option
À son retour, Vicky m’a affirmé qu’il était impossible d’obtenir des billets de train avant quelques jours et que la meilleure façon d’atteindre Mumbai via Aurangābād consistait à prendre deux bus de nuit consécutifs. Le premier arrêtait à Indore, et le second en repartait en début de soirée, le jour suivant, pour filer jusqu’à Aurangābād. Puis, après une nuit là-bas, j’aurais utilisé mon billet déjà acheté pour sauter dans un train de nuit en direction de Mumbai. Cette possibilité aurait donc fait en sorte que j’aurais passé trois nuits sur un total de quatre dans des transports publics. Pas si excitante, cette perspective. Néanmoins, j’ai accepté. Je me disais que, au moins, je pouvais maintenant compter sur une solution concrète à mon problème. J’ai payé les deux billets 4500 roupies (environ 79,83 $ CAN).
Une autre option se dessine
Toutefois, cette décision ne me satisfaisait pas. Je sentais qu’elle ne me convenait pas. J’ai ainsi continué d’évaluer divers scénarios. Au terme de mes réflexions, j’en suis venu à la conclusion que l’achat d’un billet d’avion pour Mumbai, à partir d’une ville proche d’Orchhâ, constituait la meilleure option. Je n’aime pas changer d’idée de la sorte, mais plus la journée avançait, plus je me réalisais que je me plaisais à Orchhâ, que je n’avais pas envie de partir tout de suite. D’autant plus que Corey restait ici quelques jours.
J’ai donc annoncé à Vicky que j’annulais mes billets de bus et que je voulais un billet d’avion. Il n’a pas apprécié ma volte-face, mais il a tout de même effectué les démarches nécessaires pour répondre à mes nouvelles exigences. Il a fini par mettre le grappin sur un billet pour un vol Gwalior – Mumbai, avec Air India. 9000 roupies (environ 159,66 $ CAN). Un coup de tête dispendieux. Il a obtenu la confirmation de la réservation et il m’a remis le billet. Cette fois, je savais que j’avais pris la bonne décision.
Mais…
J’avais donc quelques jours devant moi à Orchhâ. J’ai alors réalisé qu’un phénomène étrange s’était produit lors de la fameuse journée où j’ai modifié mes plans: Vicky avait changé d’attitude d’heure en heure. Il est peu à peu devenu… bizarre. Lourd. Étouffant. Et, chaque jour suivant, ses intentions réelles devenaient plus nébuleuses. On ne pouvait s’empêcher de sentir qu’il cherchait à nous soutirer quelque chose, tout en essayant de le cacher. Par exemple, il s’immisçait dans chaque activité que Corey et moi voulions faire. De plus, il tentait – de façon bien peu subtile, d’ailleurs – de séduire Corey, qui n’était pas du tout intéressée. Même Tirésias l’aurait remarqué. En outre, bien plus tard, Corey a découvert sur un blogue anglophone un billet qui parle de… Vicky. Dans des termes semblables à ceux que j’ai employés dans ce billet-ci. Comme quoi Vicky laisse peu à peu sa trace dans la blogosphère…
Unis par notre malaise grandissant face à Vicky, on s’est tournés vers des personnes qui nous semblaient plus sympathiques, plus sincères. C’est ainsi qu’on s’est liés d’amitié avec Ragu, le propriétaire de notre auberge. Très vite, il nous a mis en garde contre Vicky, avant de passer une bonne partie de son temps avec nous, au cours des jours suivants. J’y reviendrai dans un autre billet.
Quatre, pas deux
Puis vint le Jour J. J’étais prêt. J’ai salué Corey et Ragu avec chaleur; ces quelques jours à Orchhâ ont créé une belle amitié entre nous. J’ai ensuite grimpé dans le taxi qui devait me mener à l’aéroport de Gwalior. Un trajet qui, théoriquement, devait prendre deux heures. Or il en a pris quatre. Je suis donc arrivé à l’aéroport environ 25 minutes avant la fermeture du comptoir d’Air India. Je n’en étais pas très heureux. Mais bon, j’ai pu m’enregistrer à temps et j’ai pu prendre ma place dans l’avion. Et c’est ainsi que, après bien des changements de plans, j’ai enfin mis le pied à Mumbai.
L’Inde ne t’aura pas laissé indemne, dis donc! :)
En effet! Je dirais même que l’Inde ne laisse personne indemne, d’après mon expérience…
Et bien, c’est toute une aventure !
Ce fut certes une des aventures les plus intenses de mon voyage.