Quand on pense aux voyages en train les plus mythiques, le Transsibérien roule à toute vitesse en tête de liste. Épreuve d’endurance pour les plus aguerri-es, ce trajet peut s’étirer pendant des jours et des jours. Mais, au-delà du mythe, qu’en est-il vraiment? Sébastien Cloutier a pris ce train, il s’est rendu au coeur de la Sibérie et il en est revenu vivant et barbu (sans doute). Dans cette entrevue, il nous éclaire sur son expérience, telle une lumière au bout du tunnel de notre curiosité.
Pourquoi voulais-tu prendre le Transsibérien?
C’est un rêve que je mûrissais depuis le Cégep, peut-être même avant. Je me prenais pour Corto Maltese, peut-être.
Décris le parcours que tu as effectué à bord de ce train.
Je suis parti de Moscou et nous (mon ami Dmitri et moi) avons fait quelques arrêts pour régler des questions administratives à Ekaterinbourg, et à Omsk, avant d’arriver à Tomsk, en plein cœur de la Sibérie.
Quelles ont été les étapes pour acheter ton billet?
C’est Dmitri qui a tout fait. Il s’est engueulé avec une commis, puis il s’est engueulé avec une machine, puis il s’est de nouveau engueulé avec une commis, puis je me suis retrouvé avec un billet.
Combien as-tu payé ton billet?
Je ne me souviens pas vraiment. C’était assez cher, genre presque $400.
Combien de temps a duré le trajet?
Avec les arrêts, ça nous a mis trois jours (deux nuits).
Qu’est-ce qu’un voyageur devrait savoir avant d’embarquer dans le Transsibérien?
Jouer aux échecs.
Comment ça se passe réellement, dans le train?
Ça dépend de la catégorie du billet. En seconde classe (« coupé »), tu partages ta cabine avec trois autres personnes. Si elles ne sont pas trop chiantes, ça se passe assez bien, quoique c’est un peu ennuyeux. En classe platzkart, là tu te retrouves avec tout le hoi polloi, tes pieds dépassent du lit dans l’allée, les enfants pleurent… c’est un peu l’enfer, mais pour les courts voyages, ça permet de faire connaissance. Les passagers sortent leurs denrées : des cornichons, des saucisses, des biscuits… et vous en offrent parfois.
Qui prend le Transsibérien?
Tout le monde. Des vieux, des jeunes, des travailleurs, des touristes… L’avion n’est plus aussi accessible qu’à l’époque de l’URSS.
Est-il nécessaire de parler russe pour pleinement profiter du voyage? Justifie ta réponse.
Oui. À Moscou et Saint-Pétersbourg, tu peux toujours te débrouiller avec l’anglais (il y a souvent un menu en anglais, et même en français, allemand, etc.) Mais, hors des grands centres, si tu ne sais pas demander le chemin des WC, tu risques de trouver le temps long. Tout l’affichage est en cyrillique, ou presque.
Quels sont les plus grands mythes à propos du Transsibérien?
Eh bien, ce n’est probablement pas aussi romantique qu’on voudrait le croire. Le train en Roumanie, aux abords des Carpates, m’a pas mal plus ému que les kilomètres et les kilomètres de forêt boréale sibérienne.
Qu’est-ce que tu as le plus aimé de ton expérience?
Juste « être là » et jouer aux échecs. Boire du thé dans un verre avec un sous-verre en métal. Une bonne partie du plaisir que j’ai tiré de mon voyage en Russie était symbolique. Je n’y allais pas pour les plages et les discothèques. Il faut dire que la restauration (surtout ukrainienne et géorgienne) m’a impressionné. Mais c’était cher, très cher. La plupart du temps, je mangeais des shawarmas ou j’aboutissais dans une stolovaya (cantine sur le mode soviétique).
Qu’est-ce que tu as le moins aimé de ton expérience?
Je ne sais pas. Voyager en Russie n’est pas nécessairement une partie de plaisir, alors on s’habitue à (presque) tout. Par exemple, pour avoir souvent pris le métro de Moscou, je dois dire que malgré sa grande efficacité (même le métro de New-York me paraissait lent à mon retour), il est aussi horriblement bruyant. C’est un cas de bouchons dans les oreilles.
Quels sont tes projets de voyage?
Retourner en Russie pour visiter Saint-Pétersbourg. Peut-être reprendre le train et descendre jusqu’à Moscou voir des amis, puis en Ukraine jusqu’à Kiev, et au bord de la mer Noire à Odessa.
La suite de cette entrevue sera publiée ce jeudi.