Dans la première partie de cette entrevue, Sébastien Cloutier a décrit son expérience à bord du mythique Transsibérien. Dans cette deuxième partie, il raconte certaines anecdotes vécues au cours de ses voyages. Voyages fort mouvementés, de toute évidence.
L’objet dont tu te sers le plus en voyage?
Mes souliers. Je ne suis pas très doué pour planifier une journée, alors je compense en parcourant des distances inimaginables. Comme ça, j’ai l’impression de ne rien rater.
L’objet dont tu ne te sers jamais mais que tu apportes toujours quand même?
Des jumelles.
L’objet qui n’existe pas encore mais que tu aimerais inventer pour faciliter les voyages?
Un détecteur de fantômes. Je pourrais plus rapidement entrer en contact avec les esprits d’une ville, d’un pays.
Le souvenir le plus ridicule que tu as acheté en voyage?
J’en achète rarement, car ils me semblent tous plus ou moins ridicules, mais la palme revient peut-être à l’épinglette des championnats du Monde de Moscou de 1984. Je croyais que c’était une épinglette représentant le hockey, mais en y regardant de plus près, c’était une épinglette représentant la rainette.
L’aliment, boisson ou mets que tu aimes comparer d’un pays à l’autre?
La bière, définitivement.
Le groupe ou musicien-ne que tu préfères écouter en voyage?
Ça dépend des époques. D’ailleurs, je n’apporte pas de lecteur MP3, car je trouve ça encombrant et c’est juste un autre truc que je peux oublier ou me faire voler. En général, je me satisfais de la musique pop et kitsch qui joue dans les cafés et lieux publics.
Des découvertes artistiques que tu as faites durant tes périples que tu aimerais partager avec les lecteurs (peinture, musique, littérature, etc.)?
Le voyage que j’ai fait en Europe en 2001 était plus axé sur l’art que celui en Russie en 2011, mais ça fait longtemps et j’ai oublié où se trouve ce musée allemand de l’art médiéval, comment s’appelait cette galerie d’art cycladique à Athènes, comment décrire le gigantisme de Rome, la ressemblance des motifs dans les toits de céramique en Bourgogne et à Bratislava… La découverte artistique que j’ai faite en Russie, je pourrais dire que c’est un petit café underground où des jeunes universitaires se réunissaient pour écouter une sorte de musique noise lyrique imbuvable, mais tu sais quoi? J’ai aussi oublié le nom de l’endroit.
La superstition dont tu ne peux te débarrasser en voyage, si incongrue soit-elle?
Je ne suis pas très superstitieux, mais j’ai tendance à me construire des dialogues intérieurs, et comme j’ai dit, à « parler » aux esprits du lieu. Si je croise la statue de Karl Marx, j’en ai pour le restant de la journée à deviser sur la lutte des classes.
Le pays que tu as préféré et pourquoi?
La République Tchèque. En 2001, le prix du billet de train était dérisoire, de même que celui de la bière et des cigarettes. Que demander de plus?
Le pays que tu as le moins aimé et pourquoi?
Je ne peux pas dire qu’il y a un pays que j’ai moins aimé. Par contre, contrairement à tout le monde, je n’ai pas aimé Berlin. Bien que j’aie vécu douze ans à Montréal, j’ai un petit côté bucolique; or Berlin est tout sauf bucolique. Je me suis senti aliéné sur la Kantstrasse, les bâtiments sont laids, les rues étaient laides… Mais je suis prêt à lui laisser une deuxième chance.
Ton plus beau souvenir de voyage?
Quand je suis arrivé en République Tchèque par la Bohème, en automne. J’ai marché seul sur une petite route en forêt, les arbres étaient magnifiques. J’ignorais où j’allais, mais j’ai finalement découvert un petit village, puis une gare… C’était un moment unique.
L’expérience de voyage que tu ne souhaites jamais revivre?
Eh bien, me réveiller dans une forêt au cœur de la Sibérie, sans mon portefeuille, sans mon passeport, sans même mes chaussures, la gueule en sang, et ne pas savoir où aller. Mais c’est une longue histoire.
Un secret de voyage que tu n’as jamais révélé… jusqu’à maintenant?
À Prague, j’ai pris une photo de mon ex les boules à l’air sur le pont Charles.
Et c’est sur ces belles paroles que se termine l’entrevue. J’ai toujours été curieux d’en apprendre plus sur le Transsibérien et j’ai pensé que plusieurs d’entre vous partageaient cette curiosité. J’espère donc que vous avez apprécié cet entretien. Je veux remercier Sébastien Cloutier d’avoir bien voulu répondre à mes questions. Je lui souhaite bonne chance dans tous ses projets.
hahah belle conclu, en effet!
À force de voyager, on finit par oublier les détails (comme les noms, la chronologie des évènements), c’est pour ça qu’il vaut mieux bien profiter du moment présent en voyage. Intéressante entrevue!
Merci pour ton commentaire, Leslie. Content de voir que tu as apprécié cette entrevue. C’est vrai qu’on peut oublier bien des détails, en voyage, surtout quand on est sur la route pendant un moment. Pour ma part, j’essaie de prendre des notes ou photographier des affiches d’informations, mais il m’arrive quand même souvent de ne pas me rappeler de certaines données. Pas toujours facile, de balancer le désir de se souvenir et celui de vivre dans le présent, sans se soucier du reste.