La préparation constitue une étape essentielle de tout voyage. Le degré de préparation variera bien sûr en fonction du type de voyage, de la destination, de la durée, des activités prévues, etc. Si cette étape ne doit pas être prise à la légère, il s’avère toutefois préférable de ne pas tomber dans la “surpréparation”. De même, il est souhaitable d’éviter la “sous-préparation”. Pas toujours facile de trouver un juste milieu entre ces deux pôles. L’expérience aide beaucoup, dans un tel contexte.
Ainsi, en prévision de mon tour du monde, j’ai dû franchir de nombreuses étapes avant d’être prêt pour le départ. J’ai publié sur ce blogue des bilans hebdomadaires de mes préparatifs (voir catégorie “Préparatifs”), dans le but de noter ce que je faisais et de montrer ce qu’un tel voyage peut exiger en termes de préparatifs. Un an après mon départ et plus de deux mois après mon retour, je peux poser un regard critique sur ma démarche. Pour ce faire, j’ai relu chacun des textes sur mes préparatifs et j’ai évalué la pertinence de chaque action posée. Ce billet, premier d’une série de trois, présente les conclusions que j’ai tirées de cet exercice.
Incontournable budget
Tout voyage comporte un minimum de frais, variables en fonction de plusieurs critères. Certains voyageurs se contenteront chaque jour de soupe aux nouilles et d’un lit dans un dortoir bondé, au doux parfum de sueur, alors que d’autres dilapideront leur fortune pour satisfaire leurs moindres caprices. Mais peu importe l’attitude privilégiée, le budget demeurera la colonne vertébrale du voyage. À la suite de mes relectures, j’ai constaté que j’ai posé de nombreux gestes pertinents, au plan budgétaire. Les voici:
– j’ai commencé à épargner dès que possible, avant même de décider que je partais faire un tour du monde. Je savais que j’allais entreprendre un long voyage, un de ces jours, c’était un vieux rêve, alors j’ai estimé que mettre de l’argent de côté, même sans avoir un projet concret, était une action intelligente. Ainsi, lorsque j’ai choisi de faire le tour du monde, j’avais déjà amassé une somme appréciable. Je n’ai ensuite eu qu’à continuer d’épargner jusqu’à ce que je juge avoir atteint un plateau suffisant pour mon voyage;
– j’ai aussi épargné un maximum d’argent chaque mois. Bien sûr, ce maximum pouvait varier d’un mois à l’autre, selon les comptes à payer, les imprévus, etc., mais dès que j’ai pris la décision de faire un tour du monde, je n’ai jamais épargné moins de 300 $ par mois, avec des pointes à 500 $ par mois;
– j’ai vécu selon mes moyens. J’ai d’abord dressé un bilan de mes dépenses mensuelles, puis j’ai établi une moyenne pour chaque secteur (logement, nourriture, transport, loisirs, etc.). J’ai alors vu où je pouvais couper. Et j’ai coupé. J’ai par conséquent diminué mes dépenses au maximum. En combinant une épargne maximale et des dépenses minimales, j’ai pu économiser beaucoup plus. Évidemment, cette diminution de dépenses s’accompagne de sacrifices: adieu soupers au restaurant, achats de disques, etc. La nature des sacrifices dépendra bien sûr des goûts et des intérêts de chacun-e (non, vous n’avez pas de nouveaux souliers tous les mois). Et oui, parfois, se priver de ce qu’on désire est frustrant, mais ces inconvénients à court terme représentent bien peu, comparé à la satisfaction à long terme générée par la réalisation de son rêve;
– j’ai payé – presque – toutes mes dettes avant le départ. Partir sans dettes procure une grande sérénité et permet de se concentrer sur les seules dépenses liées au voyage. J’avais cependant choisi de ne pas suspendre le remboursement de mes prêts étudiants, mais si je l’avais voulu, j’aurais pu entreprendre cette démarche (ce qui, je l’admets, aurait bonifié mon budget de façon importante);
– j’ai réparti mes fonds dans trois comptes. Ainsi, en cas de problème, je pouvais accéder à plusieurs sources d’argent. Et, en cas d’agression à un guichet automatique, les pertes possibles se seraient résumé à la limite maximale de retrait quotidien du compte ou à la totalité du solde de ce seul compte. Heureusement, je n’ai pas vécu un tel incident, mais j’avais pensé à cette sinistre éventualité;
– j’ai toutefois découvert que les transferts interbancaires semblent un processus complexe à implanter. J’ai donc fait signer des procurations à des proches, histoire de leur donner accès à mes comptes bancaires et à la gestion de mes impôts. Excellente idée, car, à quelques reprises, j’ai dû jongler avec des transferts d’argent impromptus et des opérations bancaires imprévues. Il suffit de se présenter à son institution bancaire avec la personne à qui l’on veut donner l’accès, remplir les documents appropriés et les signer. Facile et utile;
– j’ai réduit la limite maximale de retrait quotidien de mon compte principal, afin de circonscrire les dommages, en cas de vol. De toute façon, dans la majorité des pays, a-t-on vraiment besoin de retirer plus de, disons, 1000 $ par jour? J’en doute;
– j’ai avisé mes fournisseurs de cartes de crédit de mes plans, afin d’éviter toute mauvaise interprétation de mes opérations (“non, madame, je ne suis pas un fraudeur”, “oui, monsieur, j’ai bel et bien dépensé 34,67 $ dans une auberge de Paris”). Quand je me suis fait voler une de mes cartes de crédit à Bangkok, j’ai aussitôt contacté mon fournisseur pour lui expliquer ma situation. En deux minutes, ma carte a été annulée et on m’a promis de m’en envoyer une nouvelle. Je n’ai pas eu à répondre à un chapelet de questions, car le représentant a bien vu dans mon dossier que j’étais en Asie;
– j’ai étiré les achats nécessaires à mon voyage sur plusieurs semaines, afin de ne pas nuire à mon budget personnel. Après tout, s’il faut épargner, il faut aussi vivre;
– j’ai résilié mon contrat d’assurance habitation. Comme je ne savais pas si je reviendrais au même appartement, une fois mon voyage terminé, j’ai jugé préférable d’éliminer cette dépense. Sage décision, car elle m’a permis d’épargner quelques dizaines de dollars par mois;
– une astuce négligée mais efficace pour favoriser l’épargne: rouler des sous. Ça ne paraît peut-être pas, mais amasser 50 – 75 $ par mois, sans faire d’efforts, permet de payer quelques trucs.
Malgré tout…
Très franchement, je pense que les actions que j’ai posées en matière de budget, avant mon départ, étaient presque toutes pertinentes. Je n’ai pas eu de gros problèmes durant mon voyage, à part quelques imprévus, quelques changements de plans. Pour le reste, je crois que j’ai correctement envisagé les principales situations possibles. Malgré tout, j’aurais pu améliorer les aspects suivants:
– j’avais envisagé de travailler sur la route, mais dès le début de mon périple, j’ai changé d’idée. J’ai réalisé que je passais déjà beaucoup de temps sur mon blogue et que, si j’ajoutais les heures que j’aurais dû consacrer à des activités professionnelles, j’aurais eu encore moins de temps pour découvrir les pays visités. J’ai donc choisi de me concentrer sur mon tour du monde et de m’en tenir aux sommes épargnées. Bien sûr, travailler aurait pu m’aider à voyager plus longtemps, mais j’ai préféré profiter pleinement de mon expérience, sans m’imposer de responsabilités qui auraient pu entraver ma liberté;
– j’aurais pu noter de façon plus claire tous mes mots de passe et numéros d’identification personnelle; par exemple, à Chiang Mai, j’ai été obligé de téléphoner à un de mes fournisseurs de carte de crédit, parce que j’avais oublié un mot de passe pour accéder à des services en ligne. Cette conversation m’a coûté quelques dollars. Bon, rien de dramatique, mais cet épisode fut légèrement agaçant.
En conclusion
Je pense que les questions budgétaires liées à un long voyage doivent être réglées avant le départ. Les quelques efforts nécessaires pour répondre à ces questions permettent en bout de ligne de partir l’esprit tranquille. Bien sûr, des imprévus demeurent toujours possibles, mais avoir anticipé un maximum de scénarios avant de quitter son domicile aide grandement à surmonter tous les défis budgétaires qui peuvent se dresser sur notre route. Ceci dit, dans les deux prochains billets, j’aborderai d’autres aspects des préparatifs de mon tour du monde.
Très utile!
Merci! Content de voir que tu as apprécié ce billet.
OH! Comme je sais que les préparatifs sont d’une importance complexe, souvent entre angoisse, excitation et une envie de réduire ses effets personnels pour voyager léger……faire le bon choix sans tomber dans la psycose. Car après 25 pays visités en 15 ans ….parfois avec 4 enfants, je ne sais que trop bien que l’on emporte toujours de trop.
Donc pour dans un mois, je prépare (promis !) un sac (80L) où il faudra bien que je case mes effets pour notre trekking de 15 jours au Sri Lanka -:)
J’ai parfois l’impression que l’on emporte autant d’affaires pour 15 jours que pour un tour du Monde d’un an…..!
Merci encore pour tes bonnes analyses, c’est avec plaisir que je contunue de te lire..et d’apprendre.
Merci pour ton commentaire, Anick! Content de voir que tu retires des choses de mes analyses. C’est vrai que c’est parfois difficile de voyager léger (surtout avec des enfants, j’imagine). Je me donne maintenant comme règle de partir avec le nécessaire pour vivre une semaine. Habituellement, ça suffit.
Amusez-vous bien au Sri Lanka, un pays que j’ai adoré, tant pour ses paysages (le Hill Country est magnifique) que pour la gentillesse de ses habitant-es.
*Annick. Désolé!
Épargner pour un tour du monde, ça doit être quand même long, enfin il faut être assidu! Il y a t-il quelque chose que tu aurais fait différemment?
Oui, ça prend un certain temps, une certaine discipline, mais ça en vaut la peine. Pour répondre à ta question, la seule chose que j’aurais fait différemment, c’est d’épargner plus, et j’aurais commencé plus tôt à épargner. Sinon, je pense que, de façon générale, j’ai bien géré le reste.