Je ne sais pas pour vous, mais pour ma part, j’aime beaucoup acheter des cadeaux, lorsque je voyage. J’aime prendre quelques instants pour penser à une personne chère et lui trouver un petit quelque chose qui devrait lui faire plaisir. C’est une façon simple et agréable de lui montrer mon appréciation. Ainsi, à mon premier séjour en Europe, en 1998, j’avais envoyé une trentaine de cartes postales à des membres de ma famille et des ami-es. Je leur avais aussi donné de nombreux souvenirs. Tout ça pour un voyage d’un mois. Enthousiaste, dites-vous? Or l’achat de cadeaux constitue un art plus complexe qu’il n’y paraît. Car, au-delà de la volonté de plaire à ses proches, la voyageuse ou le voyageur devrait tenir compte de quelques facteurs avant de dilapider ses précieux deniers dans l’acquisition de babioles.
Un encombrement prévisible
D’abord, le facteur le plus évident: chaque cadeau prendra de la place dans les bagages et en augmentera le poids. Pour un voyage de deux semaines, ça ne devrait pas poser trop de problèmes. Mais partir quelques mois et amasser des cadeaux de façon continue pourrait éventuellement obliger la voyageuse ou le voyageur à se procurer un autre sac à dos ou une autre valise. Or, au moment de prendre l’avion, le poids des bagages doit être pris en considération, sous peine de payer une amende parfois salée pour toute livre en trop. Et puis, traîner trop de bidules finira par nécessiter un tri parmi ce qui doit être conservé et ce qui doit être éliminé. Pas toujours facile de se résigner à abandonner la bouteille de l’excellente stout locale destinée à la collection de votre meilleur ami, cet insatiable amateur de bière.
Règlements et aspects éthiques
De plus, avant le départ, chaque voyageuse ou voyageur devrait vérifier les restrictions douanières de son pays de résidence. Elles touchent, entre autres, l’alcool, le tabac et les articles potentiellement dangereux. Voici les restrictions actuelles pour le Canada, la France, la Belgique, la Suisse et les États-Unis.
Aussi, l’origine des cadeaux devrait être pris en compte: où sont-ils fabriqués? Par qui? Dans quelles conditions? Bien sûr, il est pratiquement impossible de répondre à toutes ces questions, à moins de se lancer dans une enquête journalistique d’envergure. Mais j’estime qu’il est bon de les avoir à l’esprit quand vient le temps d’effectuer des achats. Car oui, consommer a des impacts directs sur les communautés. Et chacun-e devrait tenir compte de cette réalité.
Une durée de vie souvent limitée
Ensuite, il peut s’avérer difficile de prévoir à quel point les cadeaux seront conservés par les personnes qui les auront reçus. Peut-être qu’elles les remiseront illico, ou pire, les jetteront aux ordures. À moins que le présent ne réponde à une demande précise (par exemple, une bouteille de vin spécifique) ou à moins qu’il n’élargisse une collection, je crois que, pour beaucoup de gens, sa nature n’a pas vraiment d’importance. C’est alors l’intention qui est appréciée, et non l’objet.
Des attentes irréalistes
L’achat de cadeaux en voyage peut aussi engendrer des effets inverses à ceux recherchés. Ainsi, la bonne volonté derrière le geste peut se heurter aux attentes des destinataires. En effet, certaines personnes peuvent s’imaginer qu’elles vont, pour diverses raisons, recevoir tel ou tel type de cadeau. Ou qu’elles vont nécessairement en recevoir un. Comme si le simple fait qu’elles possèdent un lien avec la voyageuse ou voyageur leur garantissait un présent. Cette attitude est plutôt malsaine et elle est difficile à prévenir.
Devant une telle éventualité, clarifier les choses avant le départ peut aider à diminuer les attentes: par exemple, on peut dire à ses proches “je ne vous achèterai pas de cadeaux, mais je vous enverrai des cartes postales”. La discrétion peut aussi contribuer à éviter les malentendus: donner chaque cadeau en privé, sans transformer le tout en spectacle, peut réduire les possibles frustrations dans notre entourage. Au besoin, on peut demander aux personnes qu’on a décidé de choyer de ne pas ébruiter leur “privilège”.
Quelques questions à se poser
Enfin, plusieurs questions peuvent aider à déterminer le degré de pertinence de l’achat d’un cadeau: la personne à qui je veux donner ce souvenir sera-t-elle vraiment heureuse de le recevoir? Pourra-t-elle l’utiliser? Est-ce que le traîner me posera des problèmes? Puis-je l’envoyer par la poste? Est-ce que je l’achète par plaisir ou par obligation?
Une solution
Plus les années passent, moins j’achète de cadeaux. Le plaisir de le faire demeure, oui, mais je suis aujourd’hui beaucoup plus sélectif dans le nombre de cadeaux que j’achète. Je préfère maintenant envoyer des cartes postales. Difficile de décevoir quelqu’un, avec une carte postale, avec quelques mots qui signifient qu’on a pensé à la personne, même si on se trouve à l’autre bout du monde. L’intention sera saisie sans mauvaise interprétation, sans déception. Le cadeau idéal, quoi.