Étudier à l’étranger ne signifie pas s’enfermer dans sa chambre et oublier le monde extérieur. Entre deux travaux, deux examens, l’étudiant-e peut – et devrait – profiter de l’occasion pour découvrir son pays d’accueil. Mon ami Jérôme Poulin a saisi cette occasion et il raconte dans cette deuxième partie d’entrevue quelques-unes des expériences vécues au cours de ses moments libres.

L’objet dont tu te sers le plus en voyage?

Mon ordinateur portable :-) mais aussi mon headlight.

L’objet dont tu ne te sers jamais mais que tu apportes toujours quand même?

J’apporte toujours mon couteau suisse multifonctions pour rien! D’ailleurs, on me l’a confisqué lors d’un voyage, car je l’avais laissé dans mon bagage de cabine :-(

L’objet qui n’existe pas encore mais que tu aimerais inventer pour faciliter les voyages?

Le téléphone cellulaire multiréseaux qui permettrait de nous connecter à un numéro local et de payer les tarifs locaux aussi dès qu’on se pose ailleurs; les appels vers nos autres numéros seraient automatiquement redirigés vers le numéro d’emprunt local :-) Tout ça sans avoir besoin d’une carte SIM. C’est technologiquement possible en plus, il faudrait juste que les opérateurs de télécomm acceptent de ne plus faire d’argent avec les frais d’itinérance…

Le souvenir le plus ridicule que tu as acheté en voyage?

Boomerang?

L’aliment, boisson ou mets que tu aimes comparer d’un pays à l’autre?

C’est le burger national du pays au McDonald’s: le McAussie est un quart de livre avec fromage avec en plus 2 tranches de betteraves et une tranche d’ananas. Le Kiwi Burger de la Nouvelle-Zélande, lui, remplace l’ananas du McAussie par un oeuf frit. En Californie, c’est un MacPoulet avec de la sauce très épicée et pas de salade. Et en Inde, le Big Mac n’a pas de boeuf mais une sorte de pâté végé-poulet indescriptible!

Le groupe ou musicien-ne que tu préfères écouter en voyage?

C’est toujours différent car je m’intéresse à découvrir des musiciens locaux, surtout les grands classiques qui sont inconnus à l’extérieur de leur pays d’origine. Par exemple Khe Sanh de Cold Chisel est une chanson rock de 1977 qui continue à jouer chaque semaine à tous les postes de radio australiens, plusieurs disent qu’elle devrait être leur hymne national! Hunters & Collectors est aussi un groupe classique des années 80 encore omniprésent. Leur opus Holy Grail était la chanson thème de l’AFL (Australian Football League) en 2008 et leur ballade Throw Your Arms Around Me est la chanson la plus populaire dans les mariages australiens aujourd’hui, c’est quelque chose! J’aime aussi écouter les hymnes nationaux et durant les Jeux olympiques de Beijing, j’ai été servi à souhait car les Australiens ont gagné vraiment beaucoup de médailles!

Des découvertes artistiques que tu as faites durant tes périples que tu aimerais partager avec les lecteurs (peinture, musique, littérature, etc.)?

En fait l’instrument de musique emblématique de l’Australie est le didgeridoo. C’est un son que j’apprécie beaucoup et j’ai même appris à jouer de cet instrument avec légèrement de succès lors de la fin de mon voyage. Cet instrument est très difficile à bien maîtriser et il est aussi difficile à intégrer à la musique moderne sans qu’il prenne toute la place. Une de mes découvertes en ce sens a été l’artiste Xavier Rudd, qui joue un style de musique que les Australiens catégorisent comme Blues’n’Roots. J’apprécie beaucoup son album White Moth (2007), que j’ai découvert lors de mon premier voyage, le disque intègre bien le didgeridoo sans trop l’utiliser. L’art aborigène australien basé sur des peintures à base de points de couleurs est aussi unique et très intéressant!

Jérôme sur l’île de Koh Phi Phi, en Thaïlande (photo prise par Sarah Descoteaux)

La superstition dont tu ne peux te débarrasser en voyage, si incongrue soit-elle?

Holà, je suis super scientifique et logique dans ma façon de penser donc je n’ai aucune superstition. J’ai mangé du bœuf en Inde, j’ai marché avec des souliers dans un temple bouddhiste en Thaïlande mais ça c’était peut-être par insouciance :-) Je peux dire par contre que je suis très attentif au confort des lits et j’évite de réserver des hôtels quand c’est possible pour que je puisse en visiter 2-3 sur place et choisir le plus propre et confortable.

Le pays que tu as préféré et pourquoi?

Je dirais que c’est la Nouvelle-Zélande, c’est une destination peu fréquentée par les touristes québécois mais qui en vaut vraiment le prix. Il y a vraiment une tonne d’activités plus sportives et culturelles à faire là-bas: explorer une caverne et rivière souterraine (Waitomo Caves) et manger un repas cuit à la vapeur du soufre volcanique au Village aborigène de Rotorua furent des moments extraordinaires. Et la nature est sublime, un véritable décor du Seigneur des anneaux!

Le pays que tu as le moins aimé et pourquoi?

Difficile, car j’ai apprécié tous mes voyages. L’Inde comporte tout un lot de dérangements mais les découvertes qu’on y fait compensent pour ceux-ci. Donc je dirais que c’est le Laos. Les activités furent superbes et je recommande toujours à des amis qui vont en Thaïlande de faire le détour pour une courte visite. Ce qui m’a déplu le plus est la désorganisation du pays quant à la gestion touristique, mais surtout l’attitude du peuple en général qui n’a pas de plaisir (ni de sourire) dans ce qu’il fait. Les habitants traitent vraiment les touristes comme des portefeuilles qui marchent et il y a peu de possibilités d’interactions sociales avec eux. C’est juste triste qu’ils vivent comme cela.

Ton plus beau souvenir de voyage?

Encore là vraiment difficile d’en nommer qu’un seul, alors je vais vous en donner un australien: ce fut la visite de la Tasmanie du Sud. Grimper le mont Wellington à Hobart pour être accueilli par de la neige tombante au sommet, puis visiter Honeymoon bay, le Blowhole et Devils Kitchen, des formations rocheuses intrigantes et spectaculaires avec pour fond la mer de Tasmanie très agitée. Un Ghost Tour dans les anciens forts de Port Arthur. Visiter le parc de conservation des diables de Tasmanie et les voir se battre entre eux pour la nourriture puis observer en soirée le retour des fairy penguins (les plus petits au monde) à la lampe de poche.

L’expérience de voyage que tu ne souhaites jamais revivre?

En Inde, ma copine et moi étions à une station de train à Bharatpur (un coin où les touristes ne vont jamais), on attirait beaucoup l’attention juste parce qu’on était blancs. Quand notre train est arrivé à 16 h 30, avec plus d’une heure de retard, les travailleurs ont démarré une grève spontanée. On est restés assis dans le train, sur le qui-vive, sans savoir s’il allait partir dans les prochaines 10 minutes… jusqu’à 22 h 00. On s’est fait dire que la destination avait changé pour Jaipur (à 5 h de route au nord) au lieu de Sawai Madhopur (2 h au sud). Puis on s’est fait réveiller à 3 h 30 du matin pour se faire dire qu’on était arrivés à Sawai Madhopur (… à n’y rien comprendre). Puis le chauffeur de taxi a tout fait pour nous emmener à son hôtel pour récolter sa commission plutôt que de nous mener à l’hôtel qu’on lui avait demandé. Il a fallu le quitter sans le payer et marcher jusqu’à un autre hôtel par une soirée glaciale! Après, il nous a suivi et tenté de court-circuiter notre négociation pour une chambre avec le propriétaire de l’hôtel. En parlant une langue étrangère, on a eu notre prix mais ce fut long et on était exténués… Never again!

Un secret de voyage que tu n’as jamais révélé… jusqu’à maintenant?

Je ne saurais dire.

Comme quoi les études à l’étranger n’empêchent pas de découvrir un pays, si on prend le temps d’organiser son temps. Je remercie mon ami Jérôme Poulin d’avoir répondu à mes questions. Je lui souhaite bonne chance dans tous ses projets et j’espère surtout qu’il pourra rencontrer des gens qui comprendront vraiment son sujet de thèse. Et qui, comme lui, aiment la vegemite.