Donner des cours d’anglais, de français ou de toute autre langue, en voyage, peut constituer une expérience très enrichissante, tant pour soi que pour les élèves. Par contre, je crois qu’il est important de tenir compte de quelques facteurs pour rendre cette expérience profitable à toutes les personnes impliquées.
Trouver la bonne occasion
Tout d’abord, pour connaître les endroits où l’on peut donner des cours, on peut soit regarder dans un guide de voyage, soit effectuer des recherches sur Internet, soit rester attentif aux affiches placardées ça et là. Une combinaison de ces trois manières de procéder devrait générer un maximum d’occasions d’enseigner.
D’ordinaire, on n’est pas payé-e pour donner un cours, alors il ne faut pas espérer tirer un revenu stable de cette activité. Si on souhaite en faire un métier, on devrait plutôt songer à obtenir une certification en enseignement des langues (il en existe plusieurs types, comme le TESOL, par exemple). On pourra ainsi respecter les normes officielles de chaque pays, en matière de travail, ce qui nous permettra d’éviter des problèmes, comme se faire prendre à travailler au noir.
L’intuition comme critère de sélection
Ensuite, avant d’enseigner, il m’apparaît primordial de rencontrer au moins un responsable de l’institution où serait donné ce cours et de discuter avec lui. Cette rencontre sera l’occasion de clarifier tous les possibles malentendus: rémunération, horaire, exigences d’enseignement, objectifs de l’institution, etc. Si après cette conversation on sent que, pour toutes sortes de raisons, l’expérience ne s’annonce pas concluante, pour soi comme pour les élèves, il serait préférable de ne pas la vivre.
Une structure de cours éprouvée
À la lueur de mes propres expériences d’improvisation de cours (au Cambodge, au Vietnam, au Laos et en Thaïlande), j’en suis venu à élaborer une structure de base d’un cours d’enseignement de langue. Si j’ai un peu d’expérience professionnelle en enseignement, je ne possède toutefois pas de formation en pédagogie; il est donc tout à fait possible que de meilleures méthodes puissent être utilisées dans une telle situation. Néanmoins, j’estime que la structure que je propose ici fonctionne bien. Elle devra évidemment être adaptée au niveau des élèves; on n’enseigne pas de la même façon à des enfants de six ans qu’à des adolescents. Ceci dit, voici cette structure de base:
– je commence le cours en me présentant. Je parle aussi de mon pays, car les élèves adorent apprendre des détails sur des cultures qu’ils ne connaissent pas ou peu (la neige semble fasciner les élèves d’Asie du Sud-Est, soit dit en passant). Je demande ensuite aux élèves de se présenter eux-mêmes, un par un;
– je propose ensuite des exercices qui touchent aux trois volets suivants: écriture, lecture, expression orale. J’essaie de consacrer à peu près le même temps à chaque exercice. J’essaie aussi de faire participer chacun des élèves à chacun des exercices. Par exemple, je demande aux élèves d’écrire un bref texte. Quelques sujets gagnants: leur pays, leur métier de rêve, leur voyage de rêve, bref, tout ce qui peut faire rêver quelqu’un et qui peut être assez général pour permettre une grande variété de réponses. À noter que les élèves, même s’ils ont quelques notions d’écriture, ne sauront vraisemblablement pas rédiger des textes très étoffés. Ainsi, quand plus personne n’écrit, cela signifie la fin de l’exercice. Puis, je demande à chaque élève de lire son texte à voix haute. Au final, tout le monde aura donc pu écrire, lire et parler. Ce sont, à mon avis, trois des compétences les plus importantes à développer, en termes d’apprentissage d’une langue.
– je termine le cours par une période de questions. Bien franchement, cette étape ne dure jamais vraiment longtemps: au mieux, elle offre l’occasion aux élèves de revoir des notions incomprises ou mal comprises; au “pire”, elle leur permet de converser avec moi. Cette conversation doit être prise très au sérieux, car elle peut se transformer en un exercice très riche, malgré son côté informel;
– si les élèves sont assez avancés pour converser, je reste après le cour et je parle avec eux. Je discute surtout de leurs attentes, de leurs objectifs, des raisons qui les poussent à apprendre une langue, etc. Je suis alors souvent surpris de ce qu’ils me révèlent. Ainsi, au Vietnam, les élèves m’ont clairement fait comprendre qu’apprendre l’anglais constitue une façon pour eux d’obtenir de meilleurs emplois, qu’ils adoraient ce genre de cours, car, en plus de perfectionner leur connaissance de la langue, ils pouvaient découvrir toutes sortes de choses sur divers pays.
Une expérience enrichissante
Donner un cours de langue sur la route peut apporter une grande satisfaction à la personne qui voyage, mais aussi aux élèves. Encore faut-il que cela soit fait sous certaines conditions; il faut donner et pas seulement prendre. Car c’est dans l’échange sincère que se trouve le meilleur de l’expérience, et ce, pour toutes les personnes impliquées.
Très intéressant, d’autant plus qu’en tant que francophone en voyage/expat, donner des cours de français est une source de revenu et d’échange concret en plus! Dans quel pays as tu le plus aimé donner ces cours?
Merci! J’ai quelques amis qui enseignent/ont enseigné les langues à l’étranger, ça peut effectivement devenir un mode de vie. Un de mes amis a ainsi vécu au Japon quelques années et il est maintenant marié à une Japonaise. Comme quoi tout est possible.
Pour répondre à ta question, j’ai préféré donner des cours d’anglais à Battambang, au Cambodge, car ce fut une expérience inattendue et très enrichissante. Tu peux lire mon billet là-dessus, pour plus de détails: https://www.lapageapageau.com/2012/02/15/le-cours-danglais/
ce principe est perspicace et très efficace. Merci pour le partage ainsi que pour la photo montrant tout catégorie d’age.
Merci pour tes bons mots, Formation espagnol! Et content de voir que tu as remarqué les différentes catégories d’âge des élèves…