Accessible seulement en bateau ou à pied, le village de Chuao se trouve sur la côté caribéenne, au Venezuela. Et il s’agit de l’un des endroits les plus agréables que j’ai visités dans ma vie.
Une origine digne d’un film
Le village est constitué de deux parties: une sur la côte et une à quelques kilomètres à l’intérieur des terres. Apparemment, à une certaine époque, des pirates effectuaient des razzias dans la région; la fondation du village, dans la jungle, a servi de mesure de protection contre ces attaques.
Cette partie continentale possède un indéniable charme, avec ses maisons colorées, sa minuscule place Bolívar (on est au Venezuela, après tout), sa petite église centrale et ses verdoyantes collines. Je ne me souviens pas d’y voir vu des auberges/maisons d’hôte, mais il y en a assurément. Pour ma part, je louais une chambre chez l’habitant, dans la partie côtière.
Cacao et plage
Chuao est un lieu réputé pour la production de cacao, au point où les villageois affirment qu’ils produisent le meilleur au monde. Toujours selon eux, Nestlé achèterait une grande partie de cette production. Quoi qu’il en soit, dénicher des produits à base de cacao s’avère facile; il suffit de se rendre dans le village continental et de demander à n’importe qui où l’on peut s’en procurer. Je me suis ainsi retrouvé chez une gentille dame, qui m’a fait goûter à un délicieux gâteau au chocolat, à un succulent pouding et à une boisson alcoolisée bien sucrée (du ponche de cacao, qui rappelle du Baileys). J’ai pu ensuite lui acheter une bouteille de ce ponche et du cacao en poudre.
Autre plaisir de Chuao: la plage. Une belle plage, tranquille, ceignant une baie aux eaux très bleues. De petits restaurants pourvoient aux besoins en nourriture (poissons, plantains frits, salade et riz ont la cote) et en bière des vacancières et vacanciers. D’ailleurs, les bouteilles de bières vénézueliennes contiennent généralement 222 ml de liquide, au lieu des habituels 341 ml des bouteilles nord-américaines: la bière n’a ainsi pas le temps de se réchauffer. Ah l’esprit pratique des pays équatoriaux. Chuao constitue donc un endroit parfait pour se prélasser au soleil, pendant que le temps passe avec la lenteur d’une coulée de mélasse.
Comment s’y rendre
Pour se rendre à Chuao, on part de Maracay, à 60 kilomètres au sud de la côte. On traverse ensuite le parc national Henri-Pittier et ses sinueuses routes de montagne. Une traversée qui peut se transformer en expérience très désagréable, comme je le décris dans ce billet. Mieux vaut donc choisir son moyen de transport avec soin. En outre, le parc national serait un paradis pour les ornithologues. Enfin, après cette portion mouvementée, on arrive dans les villages de Puerto Colombia/Choroní, sur la côte.
Une fois à Choroní, on se rend au port et on demande aux pêcheurs si l’un d’eux peut nous emmener à Chuao. On négocie le prix (en fonction du nombre de personnes à transporter) et hop, on file ensuite sur la mer des Caraïbes. À noter que parfois, les pêcheurs boivent de la bière à bord, conduisent à une vitesse ridicule et n’ont pas de gilets de sauvetage dans leur embarcation. Mais tous ces éléments créent une expérience pour le moins pittoresque.
Un petit coin de paradis
Une plage peu fréquentée, des délices chocolatés, du poisson, du calme. Que demander de plus? Chuao est un petit coin de paradis.
Sacré veinard !
Le chocolat, dis-nous en plus : quelle différence avec celui qu’on a l’habitude de manger ?
Et niveau travail, pas de risque ? Je veux dire, je vois bien Nestlé peu scrupuleux de la main-d’oeuvre…
Tomber au Venezuela avec toute l’actualité politique du moment, ça modifie beaucoup ton expérience ?
Dans mes souvenirs, les produits de chocolat étaient tous excellents, avec une saveur plus riche, plus complexe que celle des produits des grosses compagnies.
Pour ce qui est des conditions de travail, je ne saurais dire, je n’ai pas visité les plantations, mais les gens du village semblaient heureux de leur sort. Peut-être étaient-ils vraiment bien traités, après tout. Ça ou ils préféraient ne pas en discuter avec des étrangers.
Politiquement, c’est sûr que le Venezuela est un pays intense. J’y étais durant la période du référendum constitutionnel du 2 décembre 2007, et la mobilisation était importante, tant du côté du “oui” que du “non”. Il y avait parfois des affrontements violents, mais dans l’ensemble, ça s’est bien déroulé. Il n’y a étonnamment pas eu de violence dans Caracas le 2 (pas à ma connaissance, du moins), et ce, même si Chavez a perdu son pari. Aujourd’hui, j’imagine que la mobilisation, tant pour Maduro que pour Capriles, prendra de l’ampleur. Ça pourrait mener à de nouveaux affrontements violents. Chose certaine, il y aura des tensions pendant un bon moment. Je continue de suivre l’actualité là-bas, de loin, et j’ai encore des ami-es là-bas, alors j’espère juste que tout ira bien pour eux.
Merci pour ton commentaire, Arthur.
Mais de rien ! C’est moi qui te remercie de partager ainsi ton expérience. Tiens-nous au courant.
Sans parti pris politique, je pense que les travailleurs du cacao sont mieux traités au Venezuela que dans bien des pays jugés, eux, “recommandables” au regard des standards améric… je veux dire “onusien”.
Je n’ai aucun mal à te croire quand tu dis que c’est un des endroits les plus agréables que tu aies connu… Ça semble être un petit havre de paix.
J’y retournerais n’importe quand…