Pierre Benoit, du blogue Parti faire un tour…, a tout laissé derrière lui pour entreprendre un tour du monde avec sac à dos d’un an… à 49 ans. Pierre a alors vécu d’innombrables expériences, certaines bouleversantes, d’autres plus légères. Dans cette deuxième partie d’entrevue, Pierre présente le côté plus léger de ses voyages. Et quelques-unes de ses réponses sont plutôt uniques…
L’objet dont tu te sers le plus en voyage?
Mon MacBook Air. Quoique depuis que j’ai découvert le iPad, c’est probablement ce que j’apporterais.
L’objet dont tu ne te sers jamais mais que tu apportes toujours quand même?
Une ceinture pour porter discrètement mon argent et mes papiers sous mes vêtements. Je ne m’en suis jamais servie, préférant les multiples poches de mes bermudas.
L’objet qui n’existe pas encore mais que tu aimerais inventer pour faciliter les voyages?
Une télécommande pour zapper tous les arnaqueurs de voyageurs. Ils sont faciles à identifier car ils se précipitent sur toi de loin, ils commencent toujours par “Hi Sir! Where do you come from?” et ils parlent mieux anglais que moi dans des pays où à peu près personne ne parle anglais.
Le souvenir le plus ridicule que tu as acheté en voyage?
Une danseuse hawaïenne sur un ressort qui bouge tout seul? Ou encore, une fausse montre Rolex qui ne valait même pas le prix ridicule que j’ai payé.
L’aliment, boisson ou mets que tu aimes comparer d’un pays à l’autre?
La bière, bien sûr. La grosse Everest du Népal est particulièrement infecte. :))
Le groupe ou musicien-ne que tu préfères écouter en voyage?
Peu importe où je me trouve dans le monde, n’importe quelle pièce de Radiohead fait mon bonheur.
Des découvertes artistiques que tu as faites durant tes périples que tu aimerais partager avec les lecteurs (peinture, musique, littérature, etc.)?
Pas vraiment une découverte, car je les connais depuis mon adolescence, mais sachez que quelques années avant mon tour du monde, je me suis offert un voyage à Sydney, en Australie, spécialement pour aller écouter “live” le groupe allemand, Kraftwerk, les pappys de la musique électronique. Ils ont été les premiers à faire ça dans les années 1970, bien avant l’invention de la musique techno, avec des ordinateurs qui emplissaient toute la scène. Aujourd’hui ils peuvent faire ça avec des laptops. Je les ai vus dans le cadre d’un festival extérieur, un peu comme Osheaga à Montréal, alors que j’avais environ 45 ans. Je me sentais “vivant” dans cette foule de jeunes Australiens. Quel beau souvenir!
La superstition dont tu ne peux te débarrasser en voyage, si incongrue soit-elle?
Toujours mettre le pied droit par terre en premier au saut du lit si je veux passer une bonne journée.
Le pays que tu as préféré et pourquoi?
Le Japon. Vraiment dans une catégorie à part. C’est carrément sur une autre planète. Sinon, mes coup de coeurs ont été le Népal et la Bolivie, deux des pays les plus pauvres de la planète, mais où j’ai vécu les expériences humaines les plus intenses avec des locaux. Une mention spéciale à Istanbul en Turquie, pour ses palais des contes des Mille et une nuits.
Le pays que tu as le moins aimé et pourquoi?
L’Égypte. J’y ai vu des merveilles de l’humanité qui valent certes la peine d’être vues, mais quels gens détestables avec les touristes. Nous ne sommes que des $$$ pour eux.
Ton plus beau souvenir de voyage?
Il y en a tellement. C’est difficile de choisir. Les plages paradisiaques de Thaïlande, Angkor Vat au Cambodge, la cité interdite à Pékin, Kyoto et ses palais de shoguns, Petra en Jordanie, les chutes d’Iguazù en Argentine, le Machu Picchu au Pérou… Mais surtout, l’expérience la plus démente de ma vie, les 65 km de vélo sur la route de la mort en Bolivie, El Camino de la muerte. Départ à 5 000 mètres d’altitude, des descentes vertigineuses sur une route en pierre étroite à flanc de montagne, avec des précipices de 800 mètres dans la courbe qui arrive droit devant à une vitesse folle. Bref, une décharge d’adrénaline comme je n’en ai jamais connue dans ma vie, et tout ça à l’âge vénérable de 50 ans.
L’expérience de voyage que tu ne souhaites jamais revivre?
La pickpocket que j’ai prise sur le fait à Shanghaï. Une jeune fille d’à peine 15 ou 16 ans, enceinte de 8 mois et qui était obligé de faire ça pour vivre. J’ai été très chanceux de récupérer mes biens mais surtout choqué de réaliser sa détresse.
Un secret de voyage que tu n’as jamais révélé… jusqu’à maintenant?
Il n’y a pas que des inconvénients à vieillir. Ne le dites à personne mais il m’arrive d’en profiter pour entrer dans des palaces 5 étoiles et m’y promener comme si j’étais un de leurs clients. À mon âge, c’est plausible. Par exemple, à Dubaï il est très difficile de s’approcher vraiment près de l’hôtel Burj al Arab, le seul hôtel 7 étoiles au monde, où la chambre la moins chère est à plus de 1000 $ la nuit. J’ai remarqué que juste à côté, il y avait un hôtel 5 étoiles avec une plage privée qui s’approchait très près du célèbre hôtel. Je suis donc entré dans ce palace comme si de rien n’était, j’ai salué le personnel, je me suis dirigé vers la piscine, j’ai emprunté une serviette et profité de la baignade gratuitement. Par la suite, je me suis dirigé vers la plage à la tombée du jour pour pouvoir prendre des photos de très près et filmer le spectacle multicolore qu’offre l’icône de Dubaï tous les soirs avant de quitter tout bonnement, en saluant les gens sur mon passage comme si je retournais à ma chambre.
Je remercie Pierre Benoit, du blogue Parti faire un tour…, d’avoir accepté ma demande d’entrevue. Dans un monde où le modèle “école-travail-retraite” est bien enraciné, je trouve rafraîchissant et inspirant de lire une histoire comme celle de Pierre. Il a eu le courage de rejeter les conventions, de foncer et de vivre un rêve fou, mais si enrichissant. Comme quoi il n’en tient qu’à nous de faire les choix qui comptent vraiment. Merci Pierre, et bonne chance dans tous tes projets.