Trouvailles: Black Rose, “Kila…?”

(Crédit: http://www.7digital.com/artist/black-rose/release/kila)

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Sur son deuxième album, Kila…? (“Comprenez-vous?”, en fidjien), paru en 2002, le groupe fidjien Black Rose livre un mélange de meke, une musique traditionnelle des îles Fidji, d’éléments musicaux des quatre principales communautés des îles (fidjienne, hindie, rotumane et anglaise), de reggae (comme sur Power for the People et Lante) et de rythmes dance modernes. Ces rythmes relèvent de l’influence du producteur David Le Roy, un membre du trio de musique électronique français Daddy DJ. Une fusion étrange sur papier, mais qui s’écoute étonnamment bien. Un son hybride, original, tant au plan de la musique que des mélodies que des paroles. Cette approche a sans doute contribué à la grande popularité du groupe aux îles Fidji. Une preuve de cette popularité? J’ai acheté mon exemplaire de Kila…? à l’aéroport de Nadi. Une preuve aussi qu’on peut vraiment trouver de bons disques dans les magasins d’aéroport.

Lumières et ombres

L’ambiance de Kila…? alterne entre joyeuse (Teke, Meda Butu, Nasau) et sérieuse, voire mélancolique (Valu Ni Vanua, Adi Mei, The Voice et Kombawa). Ces chansons plus sombres se retrouvent surtout dans la deuxième moitié de l’album, de sorte que l’auditeur est d’abord accueilli par une massive dose de joie, avant d’être exposé au côté plus sérieux du groupe. L’effet dramatique du disque s’en voit ainsi maximisé. Ces changements d’ambiances s’enchaînent toutefois sans heurt, la séquence des chansons a été élaborée avec un soin évident. En outre, huit des douze chansons sont en fidjien ou rotuman; les autres sont en anglais. Les paroles abordent des sujets comme l’importance de l’harmonie entre les diverses communautés, le désir de devenir meilleur, d’améliorer le monde autour de soi, etc. Mes chansons préférées: Ie Dela, Power for the People, Adi Mei et The Voice. Voici le vidéoclip pour Ie Dela (“Les montagnes”), qui représente bien le son général de l’album:

Kila…?, avec une durée d’environ quarante minutes, constitue une expérience satisfaisante, sans longueur, sans lourdeur. Même après des mois d’écoute, j’éprouve encore du plaisir à plonger dans la vision des huit musiciens de Black Rose, et ce, en dépit du fait que mes goûts n’incluent habituellement pas de trucs à saveur dance. Depuis la parution de Kila…?, le groupe a changé son nom pour Rosiloa (“Rose noire”, en fidjien) et son dernier album, Ancient Pulse, date de 2009. À noter que Mangrove Productions, qui a lancé Kila…?, propose aussi des disques de nombreux artistes polynésiens (en particulier de la Nouvelle-Calédonie, lieu d’origine de la compagnie). Une porte d’entrée intéressante pour quiconque souhaite pénétrer dans cet univers musical.

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