Le métier d’auteur-e de guides de voyage compte bien sûr de nombreuses responsabilités, mais il apporte en revanche des moments magiques que peu de professions peuvent offrir. Dans cette deuxième partie d’entrevue, Anne Becel, auteure de plusieurs guides de voyage (aux éditions Ulysse et Gallimard, notamment), dévoile le côté plus léger de ce métier.

L’objet dont tu te sers le plus en voyage?

En repérage j’utilise désormais une petite tablette numérique pour prendre mes notes, et prendre en photo les menus des restos, les ambiances…

L’objet dont tu ne te sers jamais mais que tu apportes toujours quand même?

Je continue d’apporter un carnet de notes… qui ne me sert plus ;)

L’objet qui n’existe pas encore mais que tu aimerais inventer pour faciliter les voyages?

Un truc qui permettrait de comprendre les différences culturelles et ce qui se trame dans la tête de l’Autre.

Le souvenir le plus ridicule que tu as acheté en voyage?

Il fut un temps où j’achetais toujours un instrument de musique local… rien de ridicule à ça, si ce n’est quand… vient le moment où j’essaie d’en jouer!

L’aliment, boisson ou mets que tu aimes comparer d’un pays à l’autre?

La bière bien sûr!

Le groupe ou musicien-ne que tu préfères écouter en voyage?

Musique locale et rien d’autre: avec l’avantage que tu peux (re)voyager au retour en l’écoutant.

Des découvertes artistiques que tu as faites durant tes périples que tu aimerais partager avec les lecteurs (peinture, musique, littérature, etc.)?

En lisant ta question, la première découverte artistique qui me vient à l’esprit est l’artisanat des peuples autochtones. Je les aime plus que de raison, ces peuples. Au Costa Rica par exemple, à San José (la capitale plus précisément), un musée/galerie d’art regroupe le savoir-faire d’environ 70 artisans amérindiens, issus de six ethnies différentes du pays. L’endroit s’appelle “Chieton Moren”. Il permet de prendre conscience que le pays n’est pas qu’un hymne à l’aventure en pleine nature, mais que des peuples aux cultures incroyables y vivent aussi.

Anne sur un ferry sur la mer des Célèbes, en Indonésie, à l’été 2013 (Crédit photo: “le charmant monsieur en rouge qui a gentiment demandé aux autres d’arrêter de me prendre en photo” – Anne)

La superstition dont tu ne peux te débarrasser en voyage, si incongrue soit-elle?

J’ai réalisé récemment que mon sac ne s’est jamais égaré entre deux aéroports, qu’il n’a même jamais été ouvert, ni détérioré, et ce, malgré le risque statistiquement élevé du fait de mes nombreux trajets. Argh j’ai un peu peur que de t’en parler fasse tourner ma chance là. Mais je vais te dévoiler mon truc magique malgré tout: le sourire! Je m’efforce d’être une crème au moment de l’enregistrement (le moment crucial du sac selon moi). Puis également lorsque je passe les scanners de sécurité, et ce, même si ma valise voyage en soute et n’est donc plus avec moi (esprit logique es-tu là?). Une fois le sac récupéré, je peux de nouveau insulter tout le monde, c’est bon ;)

Le pays que tu as préféré et pourquoi?

C’est une des questions les plus difficiles que l’on puisse poser à un voyageur je crois. Mais c’est pourtant une question très populaire, à laquelle tout voyageur doit répondre fréquemment.

Je ne sais pas. C’est un peu si comme je te demandais: quelle est ta personne préférée? Celle que tu préfères à toutes les autres sur Terre. C’est dur de répondre. En fait on n’a pas envie de répondre à une telle question.

Parce que déjà c’est pas super facile de choisir entre son père et sa mère, sans compter ses enfants, frères et sœurs, conjoint et conjointe, âmes sœurs, amis… donc c’est ça, je crois qu’il en va des pays comme des gens. On nourrit différentes affections pour différentes personnes/endroits.

Le pays que tu as le moins aimé et pourquoi?

Voir réponse à la question précédente.

Ton plus beau souvenir de voyage?

Ils sont des milliers, infimes, et souvent en bord de mer…

“Quand le cœur se trouve dans l’alignement même du soleil, il n’y a rien de plus beau”. – Christian Bobin (La lumière du monde)

L’expérience de voyage que tu ne souhaites jamais revivre?

Tomber malade. Ça n’est jamais agréable lorsque ça nous arrive à l’étranger. Mais quand en plus il y a une feuille de route à respecter, super chargée, et qu’on est clouée au lit…

Un secret de voyage que tu n’as jamais révélé… jusqu’à maintenant?

Sache qu’en fait, sous couvert de prendre des notes sur les endroits que je visite, en réalité je mate les couples en vacances et je crois pouvoir t’affirmer que je vais bientôt sortir une thèse sur le sujet. Au restaurant par exemple, figure-toi qu’on observe ces drôles d’oiseaux qui ne se parlent pas, regardent leurs assiettes en cherchant quoi se dire. Le photographe britannique Martin Parr en a fait une très belle série de photos intitulée “Boring”.

Je remercie chaleureusement Anne Becel d’avoir pris quelques minutes de son horaire bien chargé pour répondre à mes questions. À en juger par les réactions après la publication de la première partie, vous étiez plusieurs à vous poser des questions sur le métier d’auteur-e de guides de voyage. J’espère donc que cette entrevue vous aura apporté quelques réponses. Je souhaite bonne chance à Anne dans tous ses projets.