Aurélie Chartier (Lili, pour les intimes), publie un blogue de voyage intitulé Lili au pays des merveilles. Ce qui la distingue de bien des blogueuses et blogueurs de voyage, c’est qu’elle est végétarienne. Or ce mode de vie peut compliquer certaines situations sur la route. Ainsi, dans la première partie de cette entrevue, elle parle de ses choix alimentaires et de leurs impacts sur ses voyages.
Tu es l’auteure du blogue Lili au pays des merveilles. Peux-tu le présenter?
Mon blog retrace mes voyages sous forme de récits. J’essaie, quand je le peux, d’y ajouter des conseils et des astuces sur les destinations. J’y parle aussi de ma vie (ancienne) à Montréal. J’ai avant tout envie de partager mon amour pour les voyages. Si cela peut inspirer certaines personnes à partir loin ou permettre à d’autres de trouver des idées ou des conseils utiles pour leur prochain voyage… j’en suis heureuse.
Comment en es-tu arrivée à devenir végétarienne?
Mon « pseudo-végétarisme » est davantage lié à un manque d’amour pour la viande qu’à des convictions pures. Je n’ai jamais aimé la viande, donc j’en ai toujours mangé très peu et il n’y a vraiment que le poulet que j’appréciais. Je mange du poisson, ce qui fait probablement sauter au plafond les puristes. Je suis dans la catégorie des pesco-végétariens. Ce qui ne veut pas dire grand-chose puisque les vrais végétariens ne mangent aucune chair animale, poisson inclus.
Pendant mon voyage en Asie, j’étais très sceptique sur la qualité de la viande. C’est principalement avec ce voyage que j’en suis venue à stopper la viande. À part deux ou trois chicken satay en 6 mois, je n’ai pas mangé de viande. Et c’était vraiment parce qu’il n’y avait rien d’autre à manger ou que je sentais que j’avais besoin d’un peu de force. Finalement, ce régime alimentaire me convient très bien.
Ton végétarisme est flexible, car tu manges du poisson. Quels sont tes critères pour déterminer tes limites, au plan alimentaire?
Je n’avais pas vraiment pensé à cela avant de lire ta question à vrai dire… j’aime le poisson et j’en mange à l’occasion. Bon, je craque pour le saumon il faut dire. Si je sens que je ne mange pas très équilibré – ça arrive, notamment en voyage – et que je manque de protéines (végétales ou animales que l’on trouve dans les oeufs et les produits laitiers), je vais manger un peu de poisson ou de poulet.
Au restaurant, si vraiment il n’y a pas de plats végétariens (ce qui arrive quand même très souvent en France), il y a toujours au moins un plat avec du poisson. Mais il se peut qu’un jour, je supprime également le poisson de mon alimentation pour être 100% végétarienne.
Quels sont tes meilleurs trucs pour suivre ton régime, sur la route?
Je n’ai pas vraiment de trucs… et je trouve cela d’ailleurs parfois difficile de manger végétarien sur la route justement… selon les pays, c’est parfois difficile d’avoir des plats végétariens. Certains pays sont de vrais carnivores. J’ai appris qu’il ne fallait pas hésiter à demander un plat du menu sans viande. En Asie par exemple, c’est très facile et la viande est remplacée par du tofu.
Dans le même ordre d’idées, utilises-tu des ressources en ligne (ou autres) pour découvrir des restaurants végétariens? Si oui, lesquelles?
J’utilise uniquement mon guide de voyage. Les Lonely Planet indiquent généralement les restaurants végétariens s’il y en a. Sinon, je regarde les menus. Je ne suis pas très « applications de téléphone » pour choisir mes restaurants. Et puis sinon, j’utilise le bouche-à-oreille. C’est de cette manière que j’ai connu quelques restaurants végétariens à Montréal.
Comment t’adaptes-tu quand tu visites un pays où les cuisines locales font une large place à la viande, comme au Mexique?
C’était assez difficile au Mexique de manger végétarien, puisqu’effectivement, c’est un pays où la viande est très importante. Il a bien fallu manger… à l’époque, je ne me décrivais pas comme végétarienne. Mais la seule viande que je mangeais était le poulet (et encore). J’ai donc mangé des panuchos: il s’agit d’une galette de maïs avec des petits morceaux de poulet, de l’avocat et des morceaux d’oignons. C’était très bon. Mais je n’ai pas pu me résoudre à manger les autres plats à bases de poulet (et encore moins ceux avec d’autres viandes). Je me suis retrouvée à manger des pâtes et de la soupe plusieurs fois. C’est assez dommage d’être végétarienne dans ce type de pays, car on rate une grande partie de la gastronomie locale.
Comment réagis-tu si, lors d’un repas chez des gens, on t’offre un plat qui contient de la viande?
C’est le problème de toute ma vie. Depuis que j’ai officiellement dit que j’étais végétarienne (mais que je mange quand même du poisson), c’est plus simple: je le dis avant et les gens préparent du poisson ou je mange plus de légumes. Ce n’est pas un problème. Mais parfois, on voit bien l’inquiétude des gens: « Mais qu’est-ce que je vais bien pouvoir te faire à manger? ». Les gens oublient qu’il n’y a pas que la viande dans la vie…
T’arrive-t-il de parler de tes convictions avec des membres d’une culture qui, visiblement, ne les partagent pas? Si oui, comment se déroulent ces conversations?
Rien que partager mes convictions et mon désamour pour la viande avec mes compatriotes français est déjà bien compliqué! Les Français ne jurent que par la viande (comme beaucoup de cultures). J’étais à Lyon récemment et la cuisine lyonnaise est à base de viande. Cela a débouché sur une conversation (légèrement conflictuelle) avec un ami lorsque je lui ai dit que je ne mangeais plus de viande. Parce qu’en France, cela fait partie de notre culture de manger de la viande. La preuve, il y a peu de plats végétariens dans les restaurants. Bref, selon mon ami, je suis folle d’être végétarienne.
En Asie, j’ai été invitée une fois chez un Cambodgien et j’ai fait un trek à Sapa avec les Hmong. Je n’ai eu aucun commentaire sur mon alimentation. Ils me posaient simplement des questions sur ce que je mangeais à la place de la viande, pourquoi je n’en mangeais pas, si c’était comme ça dans mon pays… les mamans Hmong ont quand même tenté de me faire manger de la viande pour que je prenne des forces parce que j’étais trop maigre selon elles.
Certain-es végétarien-nes ou végétalien-nes ont une attitude plus militante; t’arrive-t-il d’en croiser sur la route? Si oui, discutez-vous de vos choix? Le cas échéant, comment se déroulent ces conversations?
Il ne me semble pas avoir rencontré ce type de personne. Les végétariens que j’ai rencontrés avaient leurs convictions bien sûr. Je pense qu’on ressent plus le côté militant avec des personnes qui mangent tous les jours de la viande VS des personnes strictement végétariennes.
Tu suis un régime alimentaire particulier, tu dois donc te renseigner sur les plats avant de les manger. Par conséquent, tu dois discuter alimentation avec les gens que tu rencontres. À la lueur de ces discussions, qu’est-ce que tu as remarqué de plus intéressant dans les diverses façons de se nourrir, à travers les cultures? Points communs? Différences?
Dans mon cas, j’ai toujours eu le sentiment de passer pour une extraterrestre parce que je mangeais peu (ou pas) de viande. Je trouve surtout que les personnes ont du mal à concevoir ce qu’un végétarien peut bien manger et comment il peut survivre sans protéine animale. Les discussions tournent donc toujours autour de « que mangent les végétariens » ou « comment expliquer à un carnivore que c’est mauvais de manger de la viande tous les jours ». J’ai finalement découvert bien plus à Montréal qu’ailleurs en étant entourée de personnes qui mangent peu (ou pas) de viande: j’ai appris ce qu’étaient les protéines végétales, comment me nourrir pour être en forme, etc. De manière générale, même dans les pays où l’on trouve beaucoup de végétariens comme en Grèce ou en Indonésie, la viande reste très présente dans la gastronomie…
Parmi les cuisines que tu as essayées au cours de tes voyages, quelle est ta préférée? Quelle est celle que tu as moins aimée?
Je suis tombée en amour avec la cuisine balinaise! Ils ont beaucoup de plats végétariens et j’ai vraiment craqué sur le tempeh (dont je cherche toujours la recette). J’ai aussi beaucoup aimé la cuisine vietnamienne qui a beaucoup de plats végétariens également et de délicieuses spécialités régionales comme les crêpes croustillantes de Hoi An ou les aubergines marinées de Sapa. J’ai souvent demandé des plats avec viandes en les demandant végétariens.
Quant à la cuisine que j’ai le moins aimée… peut-être la cuisine birmane. Mais je ne suis pas restée assez longtemps pour le savoir…
Une question cruelle: si tu ne pouvais manger qu’un seul plat jusqu’à la fin de ta vie, quel plat choisirais-tu?
Le fromage, c’est un plat?
Quels sont tes projets?
Je suis (temporairement) de retour en France depuis mon voyage en Asie. Je suis rédactrice web pigiste. Mais là question est surtout où vais-je m’installer. Et ça, je ne le sais pas encore…
La suite de cette entrevue sera publiée ce jeudi.