Je ne pensais pas écrire ce billet, je me disais que traverser la frontière entre le Canada et les États-Unis se passerait sans anicroche. Je ne peux dire que j’ai eu de sérieux problèmes lors de mon passage, le 5 décembre dernier, mais pour la première fois de ma vie, j’ai dû montrer à un douanier les preuves de mes plans de voyages. Dans tous mes voyages précédents, on ne me les a jamais demandés. Une employée du terminus de Toronto m’avait avisé de cette possibilité, mais j’avais eu de la difficulté à y croire. Eh bien, elle avait raison.
Plus compliqué qu’ailleurs
Le processus était pourtant simple: le bus en provenance de Toronto se rend à Windsor, puis passe dans le tunnel sous la rivière Détroit. Il se stationne ensuite à l’extérieur du bureau de l’immigration à Detroit, les passagers y défilent pour faire valider leur passeport, sortent et remontent dans le bus. C’est ce qui s’est passé, mais mon cas a semblé dérouter le douanier. Il m’a posé de nombreuses questions, il a même demandé l’aide d’un collègue et d’un superviseur pour évaluer ma situation. Il s’étonnait qu’une personne puisse vouloir voyager comme je le fais, sans plans, sans travail, sans échéance. Il semblait tellement dubitatif quand je lui ai décrit ma traversée des États-Unis qu’il m’a demandé si j’avais des billets de transport. Je lui ai dit que oui et je lui ai proposé de lui montrer. Il a accepté et il a regardé chaque document un à un, avec attention. Il a commenté le tout ainsi: « You will be all over the place. » Puis, même après cet examen, il m’a posé d’autres questions, du genre « Have you ever been arrested? », « How much money do you have? », « Are you married? » et « Have you ever been married? ». Après quelques minutes à m’interroger, après que plusieurs autres passagers aient franchi les étapes bien plus rapidement que moi, j’ai reçu l’instruction de m’asseoir en face du guichet.
La conclusion
Après avoir attendu un certain temps, en ayant l’air de l’humain le plus décontracté depuis Vanilla Ice dans Cool as Ice (1991), j’ai obtenu le feu vert pour poursuivre le processus, sans explication, sans recommandation. Un « OK, you can go » sec. Bon. J’ai ramassé mes sacs, je les ai fait passer dans la machine aux rayons X (test réussi de façon éclatante), je les ai repris et je suis remonté dans le bus. On est finalement repartis environ 45 minutes après notre arrivée. Je sais que cette histoire n’est pas incroyable, en matière de tentative de franchir un poste frontalier, mais je me suis dit qu’il serait intéressant de mentionner que ce genre de situation peut survenir aux États-Unis.
Et vous, quelles sont vos histoires désagréables de passages de frontières?
Une fois, un douanier agressif m’a mis hors de moi en se mettant à me gueuler des ordres. Il m’a dit “stop being agressive” alors que c’est lui qui l’était (honnêtement). Oui, j’ai été un peu baveux (à ne jamais faire aux douanes, en passant).
Ça s’est conclu par lui qui sort son poivre de cayenne et moi qui, constatant que ça ne menait nulle part, lui ai demandé à maintes reprises “Am I under arrest?”. Il a répondu “No”. Je savais alors que, légalement, je pouvais faire demi-tour et rentrer au Canada. Ce que j’ai fait, très lentement, pour ne pas l’énerver (ce n’est pas l’envie de partir en trombe qui manquait). Une fois la borne marquant la frontière traversée, j’ai ressenti une grande joie de rentrer au pays (je n’étais qu’à 30 m). Je ne pensais pas un jour être aussi content de revoir le Canada.
Bref, j’ai porté plainte (son surnom était “Machine Gun Kelly” – je l’ai appris plus tard). Il a été congédié six mois plus tard.
Cette histoire est très résumée et ne va pas en profondeur mais je tenais à en témoigner.
Wow… toute une histoire. C’est heureux que les choses n’aient pas dérapé davantage. C’est vraiment une question d’individus, il ne faut pas généraliser, mais en même temps, je crois que c’est important de raconter ce genre d’histoires, pour montrer qu’elles peuvent se produire. Merci Martin!
P. S. Je n’ai plus jamais eu de problème à entrer aux É.-U. J’y vais tous les mois depuis cet incident, sans être inquiété.
Et bien nous aussi, ça a été tendu ce passage de frontière entre le Canada et les USA. J’étais alors enceinte de 6 mois et mon ami ayant la double nationalité (française-américaine), la première question : “c’est lui le père ?”. Puis ensuite, on a subi un véritable interrogatoire, moi me débrouillant avec mon anglais moyen, pour voir si on répondait la même chose aux questions, profession, itinéraire etc etc… Ils ont ensuite réfléchi longtemps, on a attendu, attendu alors qu’ils faisaient passer toutes les autres personnes, et après une longue attente, on a enfin pu passer la frontière. Quel accueil…
Merci pour ton commentaire, Alex! J’ai l’impression que depuis l’arrivée de Trump au pouvoir, la situation à la frontière est devenue encore plus frustrante. Même pour les gentils Canadiens comme moi…