Lac Atitlán
Déjà la fin de mon septième mois sur la route… et mon huitième qui commence. Je m’approche du record de mon plus long voyage à vie. Ce fut un mois à la fois plus tranquille et plus intense que les précédents. Plus tranquille, car je n’ai pas fait tant d’activités que ça, mais plus intense, parce que je me suis beaucoup déplacé durant cette période. Mon ami Éric est venu me rejoindre et on a voyagé ensemble pendant environ 2 semaines, ce qui explique l’intensification de mes déplacements. Sans plus tarder, voici ce nouveau bilan. Bonne lecture!
Les leçons
– J’ai réalisé à San Pedro de la Laguna, au Guatemala, que je n’aimais plus les party hostels. Je n’ai plus de patience pour les jeunes obsédés-e par la boisson et la recherche de baises faciles. D’aucuns diraient que je suis devenu vieux; je préfère croire que mes priorités ne sont plus les mêmes que ces jeunes;
Moins le fun qu’avant, tout ça…
– Plus je voyage, plus je me fous de certains concepts chers à plusieurs voyageuses et voyageurs: par exemple, je me désintéresse de plus en plus du concept de « sortir des sentiers battus ». S’il y a un chemin vers où je veux aller (littéralement ou métaphoriquement) et s’il me convient, je le prendrai. S’il n’y en a pas, je le créerai. C’est tout. L’utilisation de cette expression a un côté m’as-tu-vu qui m’est assez désagréable. Aussi, la recherche effrénée de « l’authentique »; cette quête futile m’intéresse de moins en moins. Pour moi, tout ce qui existe en ce moment même est « authentique », il est le réel, le vrai.
Il y a toutes sortes de chemins…
Enfin, je m’en fous de plus en plus d’être un nomade, un voyageur, un touriste, un ci, un ça, etc. Je suis un peu tout ça et je ne cherche pas à me présenter d’une façon particulière, je ne revendique pas de désignation précise. Je préfère dire voyageur, car à mon sens, ce mot englobe toutes les autres déclinaisons;
– Dans le même ordre d’idée, je ne crois pas beaucoup au concept d’expertise, en matière de voyage; s’il devient source d’expertise, cela signifie que l’on ne se défie plus, que l’on refait les mêmes choses, que l’on s’enferme dans un certain champ qu’on finit par maîtriser. Pour moi voyager, c’est justement le contraire: de ne pas s’enfermer dans une zone de confort;
– Je n’ai jamais apprécié les obsédés du Wi-Fi. Eh bien, en raison de mon travail, j’en suis devenu un;
Les premières
Pas le mois le plus riche de ce côté, mais quand même, il y en a de mémorables: ainsi, j’ai oublié de redonner la clé de mon dortoir à mon auberge de San Pedro de la Laguna. D’habitude, je suis très pointilleux sur ce point. Mais là, j’ai oublié; j’ai eu droit au sermon d’un preacher dans le bus entre San Marcos de la Laguna et Quetzaltenango. Des vendeurs dans les bus, j’en ai vus en quantité industrielle, mais jamais de preacher, jusqu’à cette fois; j’ai vu mon premier quetzal au Musée d’histoire de Quetzaltenango. Bon, il était empaillé, mais ça compte quand même;
Mon premier quetzal…
J’ai mangé mes premiers pupusas à Quetzaltenango. C’était bon; j’ai vu tellement d’auberges où l’on pouvait échanger des livres, mais pour la première fois j’ai laissé un livre dans le « book exchange » de l’auberge El Hostal, à Antigua; pour la première fois, j’ai goûté à de la soupe au crabe à la Cooperativa Lajamaya, au lac de Coatepeque, au Salvador; j’ai vu des bouteilles d’alcool enchaînées les unes aux autres dans un commerce de San Salvador, dans le but de prévenir le vol à l’étalage;
Les meilleurs moments
La soirée de quiz à mon auberge de San Pedro de la Laguna. Mon équipe a fini 2e, à un point de l’équipe gagnante. Pas mal pour des gens qui ne se connaissaient pas; les trajets en bateau sur le lac Atitlán; mes jours de repos à San Marcos de la Laguna. J’en avais besoin, après l’intensité de San Pedro de la Laguna; ma longue promenade dans les rues du centre historique de Quetzaltenango; mon séjour d’écriture à Quetzaltenango; ma visite du formidable musée maya Ixkik à Quetzaltenango; le trajet en chicken bus entre Chimaltenango et Antigua, dans le bus le plus bondé que j’ai vu dans ma vie; mes discussions sur le Guatemala avec Yaxkin, en allant chercher mon ami Éric à l’aéroport; mes retrouvailles avec mon ami Éric; la soirée de fête de jeunes Guatémaltèques à Rio Dulce;
Le Rio Dulce, au Guatemala
Mon trajet en bateau sur le Rio Dulce; ma visite des ruines mayas de Copán, à Copán Ruinas, au Honduras; ma journée de tourisme à Santa Rosa de Copán; ma journée de tourisme à San Salvador, mais surtout, mes visites à la Puerta del Diablo et à la tombe de Monseigneur Romero; les jours oisifs passés à l’auberge Casa Verde de Santa Ana (et sa fantastique piscine); la fois où un vendeur m’a comparé à Tom Jones, dans un marché de Santa Ana;
Les pires moments
– Un de mes oncles est décédé à la fin de juin. Ce n’est pas la première fois que ça m’arrive, j’avais perdu un autre oncle en septembre 2006, alors que j’étais en Europe. Chaque fois c’est difficile. Je me sens alors tellement loin de ma famille. C’est sans doute un des aspects les plus sombres de voyager au long cours; on manque des moments marquants comme ceux-là;
– Mon fidèle sac de ventre/dos, que je trimbalais depuis de nombreuses années à travers le monde, a été brisé lors de mon trajet entre Quetzaltenango et Chimaltenango; je sortais d’un bus en vitesse et une bretelle du sac s’est accrochée dans la porte arrière du véhicule. Un morceau essentiel de ladite bretelle a alors été arraché, de sorte qu’il ne me restait qu’une seule bretelle en bon état. De toute façon, mon sac était fini, il comportait une sale déchirure sur le dessus et je devais le changer. Cet incident a donc précipité l’achat d’un nouveau partenaire de voyage, à Antigua. La négociation pour acheter mon nouveau sac fut d’ailleurs amusante. C’est fou comment on s’habitue à ses sacs, comme s’ils étaient des complices de nos aventures. Je suis heureux de mon nouveau sac, mais ça prendra un peu de temps avant que je m’y habitue;
R.I.P., fidèle sac à dos.
– J’ai vécu la plus pénible journée de déplacement de mon voyage le 2 juillet, alors que je suis parti du Salvador pour me rendre au Nicaragua. Un bris mécanique, un retard de 4 h 30 et une arnaque plus tard, je suis bel et bien arrivé à León. Détails à suivre dans un futur billet;
En conclusion
Un mois intense à sa manière. Mais je n’ai rien perdu, ce qui est exceptionnel. Et je n’ai toujours pas acheté de bouteille d’eau. Là, je vais ralentir le rythme de déplacement. Je passerai donc quelques semaines au Nicaragua et ensuite j’entamerai un sprint vers la Colombie. Je suis impatient de retourner en Amérique du Sud. Et j’ai tellement entendu de bons commentaires sur ce pays. Très hâte aux 2-3 prochains mois, ils seront un moment charnière de mon voyage. Je suis prêt.
Assez d’accord avec le côté m’as-tu-vu de “hors des sentiers battus”. Bon, évidemment, je suis un peu schizophrène sur ce coup-là, car je l’ai employé plus d’une fois cette expression. Que ça devienne un principe de voyage est en effet absurde et un peu beaucoup snob. Mais j’avoue que “l’expérience” du voyage est tout de même différente entre les lieux où “y a plein de touristes” et ceux où “y a pas trop de touristes”. Je fréquente ces deux catégories, mais j’avoue qu’à trop enchaîner les visites appartenant à la première catégorie, je sature un peu.
Évidemment, c’est assez faux cul comme principe, car je suis avant tout moi aussi un touriste parmi tant d’autres :-/
Mais l’expression a de nos jours un côté un peu exaspérant, tout comme “quitter sa zone de confort” par exemple.
Je suis d’accord avec toi, Laurent; l’expérience du voyage dans un lieu touristique et celle dans un autre qui l’est moins est différente. D’accord aussi que faire un principe de « sortir des sentiers battus » a un côté snob, il y a une condescendance à peine voilée dans cette attitude. Moi aussi je fréquente ces deux catégories, au gré de mes envies, sans trop m’imposer de limites. J’essaie de trouver un équilibre entre les deux catégories, ça me paraît une façon plus saine de voyager, car on fait ce qu’on a vraiment envie, sans se soucier de ce que les autres peuvent en penser.
J’aime bien utiliser l’expression « quitter sa zone de confort »; c’est vrai qu’elle est utilisée à toutes les sauces, mais elle a tout de même du sens à mes yeux. Je pense qu’il faut employer ce genre d’expressions avec parcimonie, afin de ne pas tomber dans une surenchère de clichés.
Merci pour ton commentaire, Laurent!
Belles réflexions de voyageur! Toutes mes condoléances pour ton oncle! On craint tous ces événements quand on est loin! Belles aventures au Nicaragua et en Colombie, 2 pays très accueillants! Et nous aussi, tiens, ça fait 7 mois! Bonne route!
Merci Nathalie! Bien hâte de découvrir le Nicaragua et la Colombie… bon « 7 mois sur la route » à vous aussi! Où êtes-vous en ce moment?
Là, on ralentit le rythme : 10 jours entre Bali et Lombok. Ensuite ce sera Singapour, Japon, Turquie. On restera ensuite 2 mois dans de petites îles grecques tranquilles! À bientôt!
Super! Profitez bien de ces charmantes destinations! À plus!
Le “hors des sentiers battus” me gêne moins que le “authentique”.
Enfin j’ai rencontre un type de voyageurs différents ce mois-ci. Il me disait “pourquoi je perdrai mon temps à aller voir leur zoo. Si je veux voir un zoo, je vais aller voir le plus beau du monde pas le leur juste parce qu’il est à côté”. J’avais déjà entendu parlé de voyageurs qui deviennent snob, mais jamais rencontré, c’est fait !
Mais je vais là où j’ai envie et où je sais que je passerai un bon moment ainsi que ma fille. Et si pour lui faire plaisir je dois compenser la vieille ville par leur minuscule zoo, je le fais et à la fin de la journée tout le monde est heureux. C’est pas ça le principal ?
Et puis franchement, si je devais aller à Moscou sans voir la place rouge, j’en serai déçue, c’est probablement hyper bondé, mais tellement emblématique.
Merci Tiphanya! Des voyageurs snobs, j’en ai rencontrés plusieurs… ils sont épuisants tellement ils sont prétentieux. L’important, comme tu le dis, c’est de faire ce qu’on a envie, sans se soucier de ce que les autres peuvent en penser (mais dans le respect des lieux visités, bien sûr). Certains trucs sont touristiques pour une raison: ils sont remarquables. Ce serait ridicule de s’empêcher de les visiter juste pour « dénoncer » cet aspect touristique.
Ce sont de belles leçons et une bonne prise de conscience que tu viens de faire. D’accord avec toi sur ces points. Même si j’utilise peut-être parfois les mots “authentique” et “hors des sentiers battus”, je ne recherche pas ça à tout prix. Et puis le sens que peuvent prendre ces mots est tellement subjectif. Au final, ça veut dire aussi rester soi-même (ça c’est super important à mes yeux) et ne pas trop se prendre au sérieux. Continue à bien profiter de ton séjour au Nicaragua. Ciao !
Merci pour tes bons mots, Mario! D’accord avec toi sur l’importance de rester soi-même et de ne pas trop se prendre au sérieux. Ça rend la vie et les voyages plus agréables. Je me plais au Nicaragua jusqu’à présent et je vais continuer d’en profiter.
Tellement d’accord avec toi et très bien dit d’ailleurs. Et je me dis toujours comme toi: “si tout le monde va a tel endroit, il doit bien y avoir une raison”, si Paris est la ville la plus touristique du monde, il y a carrément un raison et je le sais. Et puis pour sortir des sentiers battus, il faut y être entré non? Bref, j’ai déjà vu des gens se vanter d’être aller au Pérou et pas au Macchu Picchu, je trouve ça snob aussi. En tout cas, j’ai toujours été commme toi et suivi mon chemin, ce qui veut dire que je ne veux pas louper le super touristique et j’aime bien sortir des sentiers battus. Et dans le super touristique, il y a aussi souvent beaucoup d’authentique! Merci pour ces réflexions.
Je suis d’accord avec toi, Emily; il y a une raison si Paris (ou toute autre ville touristique) attire autant de visiteurs. Et dans le cas de Paris, il y a même plusieurs raisons. Je trouve ça étrange quand des gens se vantent de ne pas avoir fait quelque chose de populaire; en essayant de ne pas faire comme les autres, c’est comme s’ils accordaient justement trop d’importance à ce que les autres peuvent penser. Je crois que c’est préférable de faire ce que l’on a vraiment envie de faire, dans le respect de soi et des gens, mais sans se soucier de l’opinion des autres. Et je suis d’accord aussi que certains trucs touristiques peuvent contenir une bonne dose d’« authentique ». Merci pour ton commentaire, Emily, à une prochaine…