Un dixième mois sur la route de complété, un onzième qui commence. Ce mois fut exclusivement colombien. Je ne me suis pas beaucoup promené dans le pays, en vérité, j’ai préféré visiter moins d’endroits, mais rester plus longtemps dans chacun d’eux pour mieux en profiter. Et j’ai ainsi rencontré des gens intéressants. Voici mon bilan.
Les leçons
– Ce voyage est officiellement mon plus long à vie, à 305 jours, aujourd’hui inclus;
– J’aime avoir le contrôle de ma vie. Pas toujours, bien sûr, sinon pourquoi voyager? mais j’aime choisir quand je relâche le contrôle, quand je peux me laisser aller. C’est pourquoi je n’aime plus autant faire du stop que par le passé. Je ne veux plus dépendre des autres, de la bonté des gens. Je veux vivre mon indépendance au maximum, je veux faire mes choix. Et je veux les assumer;
– De façon générale, sur la route, je m’entends mieux avec les femmes qu’avec les hommes, je trouve plus facile de créer des liens avec elles. Beaucoup d’hommes, surtout les plus jeunes, ne pensent essentiellement qu’à boire et à baiser. Ils perçoivent alors les autres hommes comme de la compétition. Par conséquent, ils agissent en hypocrite: ils se la jouent sociable et cool devant la foule, mais dès qu’ils en ont l’occasion, ils font le nécessaire pour s’assurer que les autres hommes n’empiètent pas sur leur « territoire » (un mot qu’un mec a déjà utilisé devant moi, pour me parler des femmes). C’est pourquoi j’évite maintenant les « party hostels », elles attirent ce genre de pénibles voyageurs. Pour moi, la plupart du temps, les femmes sont plus sincères et c’est une qualité que j’apprécie chez les gens. Dorénavant, je recherche plus des auberges sociales, mais pas trop festives. Là, les hommes ont généralement plus de maturité, ils ne sont pas autant obsédés par leur pénis, à quelques notables exceptions près, comme Hobie, le dude de 38 ans que j’avais croisé dans une auberge de Mexico;
– Aussi, je ne sais pas pourquoi, mais ce mois-ci, j’ai réalisé avec plus de force que d’habitude que je pouvais être le père de beaucoup de gens que je rencontre dans des auberges. Sans doute parce que ma fête approche et que je commence à prendre de l’âge;
Les premières fois
Je me suis foulé une cheville dans un escalier de l’auberge Happy Buddha Boutique Hostel, au lendemain de mon arrivée à Medellín; j’ai goûté à un premier « arepa burger » à Medellín. Différent, mais pas essentiel;
Pour la première fois de ma vie, j’ai rencontré un Paraguayen, dans une auberge de Bogotá; j’ai gouté à de l’aguardiente, un alcool local. C’est dégueulasse. Je n’aime pas les alcools anisés; à Carthagène, j’ai croisé un mec qui, après avoir vu mon t-shirt de Neurosis, a amorcé une conversation sur le groupe. Ainsi, pour la première fois de mes voyages, j’ai discuté du groupe, qui est l’un de mes préférés. Écoutez Through Silver in Blood (1996), un des albums les plus heavy de l’histoire de la musique. Comme si une bande de musiciens hardcore/crust décidaient de reprendre Meddle (1971) de Pink Floyd. Du pur génie;
J’ai fait un « check-in » Web pour la première fois, pour mon vol entre Santa Marta et Bogotá. Mieux vaut tard que jamais; j’ai goûté à un jus de « lulo » (narangille), un fruit qui rappelle une orange. Son goût est moins acidulé que celui du jus d’orange; j’ai goûté du thé à la feuille de coca, à Bogotá. Ça m’a plutôt fait penser à une tisane; j’ai goûté à la chicha, une boison traditionnelle andine à base de maïs, d’arachide ou de manioc, alcoolisée ou non, à laquelle on ajoute des fruits. J’ai aimé;
Les meilleurs moments
Mon séjour à l’auberge Purple Monkey, à Medellín; mon tour dans le téléphérique de Medellín et les vues sur la ville; ma visite à la Plaza Botero (et ses 23 sculptures) et au Museo Antioquia, à Medellín; mon excursion à Guatapé et au Peñón de Guatapé (aussi appelé Piedra del Peñol); la Feria à mon auberge de Bogotá; le violent orage à Carthagène et la bière bue dans la piscine de mon auberge à ce moment-là; mes marches dans le magnifique centre historique de Carthagène;
Ma soirée dans la Plazuela de San Diego de Carthagène, une occasion idéale pour observer la vie nocturne du quartier; ma journée à la plage de Taganga, près de Santa Marta, et mes retrouvailles fortuites là-bas avec des amies québécoises du Saguenay (la Colombie a bien entendu quelques « lâ-lâ » ce jour-là);
Mes rencontres à mon auberge de Santa Marta; cette étrange soirée dans les rues de Santa Marta, avec des gens glauques qui m’offraient de la cocaïne; le « Bogota Graffiti Tour » de Bogotá, une excellente incursion dans l’art de rue de la capitale colombienne; mes soirées dans les rues de la Candelaria, à observer la vie; mes visites aux Museo Botero et Museo del Oro, toujours à Bogotá;
Les pires moments
– À Bogotá, lors d’une de mes virées nocturnes dans les rues de La Candelaria, j’ai vu un homme brutaliser une femme dans la rue. Une chicane de couple, de toute évidence. Heureusement, d’où j’étais, j’ai aperçu deux policiers à moto, au loin. Je me suis dirigé vers eux en vitesse, je leur ai fait signe, j’ai été à leur rencontre et j’ai dénoncé le salaud. Les policiers ont été l’interpeller; la femme a aussitôt fui les lieux. Les policiers ont discuté avec le déchet pendant un bon moment. J’ai quitté les lieux à mon tour. Horrible scène. Je suis heureux d’avoir pu contribuer à y mettre fin;
– J’ai vécu une nuit infernale à mon auberge de Medellin, le soir de mon arrivée en Colombie; une bande de minables ont décidé de faire le party dans mon dortoir jusque vers 5 h; j’ai dû les engueuler pour qu’ils comprennent que c’était inacceptable. Morons;
– Le vendredi 4 septembre, au matin, je me suis foulé la cheville en descendant un escalier, toujours à cette infernale auberge de Medellín. Le « crunch » sonore ne m’a pas laissé de doute. J’ai donc dû prendre un repos forcé. D’une certaine façon, ça « tombait » bien, puisque je devais travailler ce weekend-là;
– J’ai ruiné mon appareil photo actuel. Je ne peux plus rien voir dans le viseur, l’écran est brisé. C’est le 4e appareil que je brise ou perds depuis le début de mon voyage. Une malédiction me poursuit, on dirait. Si quelqu’un a une poupée vaudou à mon effigie, prière d’arrêter de me lancer de mauvais sorts;
– J’ai oublié d’imprimer ma carte d’embarquement, comme je devais le faire, pour mon vol entre Bogotá et Carthagène. Ça m’a donc coûté un 25 000 pesos supplémentaires (environ 10.82 $ CAN)… pour rien. Bon, ce n’est pas la fin du monde, mais je m’explique mal une telle étourderie. Bra-vo;
– Mes fidèles écouteurs, qui m’ont accompagné depuis le début de mon voyage, qui m’ont permis de travailler toutes ces heures, sont en train de rendre l’âme. J’ai noté le premier symptôme à l’aéroport international Simon Bolivar de Santa Marta;
– J’ai rencontré un chauffeur de taxi arnaqueur/incompétent à mon arrivée à Bogotá. Il m’a exigé un prix ridicule pour la course, on s’est presque engueulés mais ça n’a rien donné;
En conclusion
Je suis heureux d’avoir pu passer un mois en Colombie. J’avais entendu beaucoup de bien sur le pays et, aujourd’hui, j’en ai moi aussi une image positive. Sa réputation de pays dangereux me semble surévaluée; certes, il faut faire attention, surtout dans certaines régions, et les problèmes de violence existent toujours. Cependant, je n’ai jamais senti de danger, même quand je sortais seul le soir. Et j’ai vécu de très belles expériences ici. Mon séjour colombien tire maintenant à sa fin. Je pars pour Buenos Aires le 7 octobre, depuis Bogotá. L’Argentine est une de mes destinations de rêve, en particulier Buenos Aires. Je rêve de cette ville depuis si longtemps, je suis impatient de la découvrir. J’ai peine à croire que ce jour arrive enfin. Et, en plus, je passerai mon anniversaire à Córdoba, avec des ami-es rencontré-es en Équateur, en 2013. Ce sera génial.
Je suis d’accord avec toi qu’en voyage on rencontre surtout des personnes autour de 20 – 25 ans. Nous voyageons depuis 4 ans en famille et sommes maintenant en train de nous installer au Pérou du Nord avec nos garçons. Ici aussi, il y a pas mal d’expats, mais tous célibataires sans enfants… ou bien en couple depuis qu’ils sont là. On se sent parfois un peu ovni, mais de l’autre côté très riche, car justement en famille. Nos enfants sont suffisamment grands pour pouvoir rester seuls un soir de sorties, du coup, on n’envie les jeunes pour rien !! (D’ailleurs, nous sommes toujours jeunes, avec nos 41 / 45 ans).
C’est sûr que votre expérience doit être bien différentes de celle de beaucoup de voyageurs. Mais comme vous le dites, vos enfants sont une richesse. Vous pouvez goûter aux meilleurs de chaque monde. Bonne chance pour votre installation dans le Nord du Pérou!
Merci. Je vais te suivre (on se tutoie ?) en Argentine, pays qu’on ne connaît pas encore, mais on espère pouvoir y aller d’ici quelques années !
Bien sûr que l’on peut se tutoyer! Merci de me suivre, je vais d’abord publier mes articles sur la Colombie, mais j’écrirai sur l’Argentine sous peu.