Vague qui s’échoue sur les murailles de Viña del Mar

J’ai séjourné à Viña del Mar, ma première étape au Chili, du 4 au 10 décembre 2015. J’en ai profité pour effectuer une visite éclair à Valparaíso, le 9 décembre; c’est pourquoi je regroupe dans un même billet mes observations sur les deux villes. J’ai été à Viña del Mar surtout pour revoir une amie de là-bas rencontrée à Kuala Lumpur, en 2012. De belles retrouvailles, ce furent.

Général

– Viña del Mar et Valparaíso sont voisines; elles ne sont situées qu’à quelques kilomètres l’une de l’autre, sur la côte Pacifique, et des bus fréquents relient les deux villes;

– Par ailleurs, au moment j’y étais, l’eau de l’océan était glaciale. Je l’ai testée, comme bien des gens, mais je n’y suis resté que 23 secondes, contrairement aux baigneuses et baigneurs qui semblaient ne pas sentir la morsure du froid. J’ai alors eu l’impression d’avoir perdu ma nordicité;

Plage de Vina del Mar

– Viña del Mar compte environ 310 000 habitant-es (2012), alors que Valparaíso en compte 300 000 (plus de 1 000 000 dans son aire métropolitaine). Cette dernière constitue le principal port du Chili et la 2e plus grande ville du pays;

– Sur une note plus métal, Tom Araya, le chanteur et bassiste du légendaire groupe thrash métal Slayer, est né à Viña del Mar, en 1961. On écoute maintenant un succès du groupe, War Ensemble (tirée de l’album Seasons in the Abyss; 1990). La 1ere chanson de Slayer que j’ai entendue dans ma vie. J’ai assisté à un spectacle du groupe à l’Auditorium de Verdun, en 1995, et le thrash pendant cette chanson fut l’un des moments les plus violents de ma vie. J’ai eu mal à la cage thoracique pendant quelques jours, en raison des coups que j’ai alors reçus. Dangereux;

Transport

– Pour venir à Viña del Mar, j’ai pris un bus depuis Mendoza, en Argentine; détails dans ce billet;

– Les deux villes sont situées à une quinzaine de minutes en bus l’une de l’autre. De Viña del Mar, je me suis rendu à un arrêt sur l’Avenida España, près de la Reloj del Flores. J’ai débarqué à l’arrêt Bellavista pour amorcer ma visite de Valparaíso. De Valparaíso, j’ai pris un bus pour Viña del Mar sur l’Avenida Independencia. Portez attention aux noms mentionnés dans le pare-brise des bus, ils indiquent les destinations;

Activités

Viña del Mar

– Depuis 1960, chaque mois de février (la dernière semaine, habituellement), la ville accueille, à l’amphithéâtre Quinta Vergara, l’un des plus importants festivals de musique en espagnol au monde, le Festival Internacional de la Canción de Viña del Mar. Il est considéré comme le festival musical le plus important en Amérique latine (et même à travers toutes les Amériques, selon certains). Il est diffusé à la radio et à la télévision, générant ainsi de fortes cotes d’écoute. Par exemple, en 2015, le festival a été suivi par plus de 150 millions de personnes, toutes plateformes confondues. Il semblerait d’ailleurs que la réaction de la foule (surnommée « El Monstruo ») peut aider la carrière d’un artiste ou lui nuire.

Tous les artistes majeurs d’Amérique latine et d’Espagne y ont joué à un moment ou à un autre. Des artistes qui chantent en d’autres langues peuvent également y participer: de Morrissey à Sting à Tom Jones à Salvatore Adamo, de Gloria Gayner à Faith No More à Richard Cocciante (Riccardo Cocciante, de son vrai nom) aux freakin’ Jonas Brothers à David Hasselhoff (WTF?), le festival ratisse large. Il comporte aussi un volet concours, divisé en deux catégories: « Pop » et « Folk ». Le Canadien Jeffery Straker a remporté le volet « Pop » en 2014 avec sa chanson Hypnotized. Enfin, une « Reine du Festival » est élue chaque année, mais bon… passons;

– Le casino est l’une des attractions principales de Viña del Mar. Cependant, trouver un stationnement autour de l’édifice un vendredi soir relève de l’exploit;

– La Reloj de Flores (« horloge de fleurs») est aussi l’une des principales attractions de la ville. Le meilleur dans tout ça? Elle affiche la bonne heure;

Reloj de Flores

– Quelques bouts de plages sont accessibles depuis le centre, mais comme je l’ai mentionné plus haut, la basse température de l’eau peut rebuter même les plus courageuses et courageux;

– Museo Fonck: j’aurais aimé visiter ce musée, mais il était sur le point de fermer quand je suis passé devant sa porte. On peut quand même se promener sur son terrain. On peut notamment y voir un vrai de vrai Moaï (une des fameuses statues de l’île de Pâques). L’entrée coûte 2500 pesos (environ 4,86 $ CAN);

– Le Castillo Wulff, perché sur un promontoire qui s’avance dans l’océan Pacifique, accueille des expositions, mais il était hélas fermé quand j’ai visité le site. On peut cependant emprunter un escalier qui permet de se rendre au sommet d’une butte et ainsi jouir des belles vues sur les environs;

Le Castillo Wulff

– La Flor de Chile: ouvert depuis 1930, ce bar/restaurant de la rue Norte 8 (coin 1 Poniente) propose de bonnes bières et divers plats, mais à des prix assez élevés. Terrasse invitante, mais une tite laine s’impose en soirée;

– Le Shawarmas King, sur Poniente 4 (coin 5 Norte), vend de délicieux pitas entre 2500 et 4000 pesos (entre 4,86 et 7,78 $ CAN). Pour faire changement des empanadas et des barros lucos;

– Parlant d’empanadas, le Entre Masas (Norte 5, 377) a la réputation de proposer des versions originales de ce mets classique. Un empanada y coûte autour de 1800 pesos (environ 3,50 $ CAN) et sa taille fait en sorte qu’en manger plus que deux dénote un appétit digne d’Obélix (et justifiera par le fait même l’emploi ultérieur du surnom « Eul’ gros » par vos partenaires de route);

Empanadas du Entre Masas. Oui, j’en ai achetés trois. Non, je n’ai pu tous les manger.

– Comme dans toute bonne rivalité commerciale, le restaurant Empanadas Royal est le voisin du Entre Masas, mais celui-ci offre des saveurs et des prix plus traditionnels que son rival. Empanadas Royal existe depuis 1958, alors de toute évidence, le personnel sait ce qu’il fait;

Valparaíso

Valparaíso

– La ville est réputée pour son art de rue et, en se promenant dans les cerros (les 40 collines qui caractérisent la physionomie de la ville), on constate rapidement que cette réputation est méritée. De superbes dessins ornent les murs des divers bâtiments rencontrés. Des tours de ville sur le thème de l’art urbain sont d’ailleurs organisés par des agences, mais on peut aussi juste flâner dans les rues pour le simple plaisir des yeux. Ce que j’ai fait. Les cerros Alegre et Concepción sont particulièrement riches en art urbain;

Art de rue, Valparaíso

– Comme la ville est bâtie sur des collines, les habitant-es ont dû développer des moyens pour se déplacer sans trop de problème entre celles-ci et la zone litorale. Valparaíso compte donc 15 funiculaires (appelés « ascensores »), dont certains ont acquis une grande notoriété. En outre, 5 d’entre eux sont gérés par la ville, les autres le sont par des entreprises privées. Je n’ai pris que l’Ascensor Espíritu Santo, inauguré en 1911. Il relie le secteur de la plaza Victoria au cerro Bellavista (où se trouve La Sebastiana; plus de détails sous peu). Son dénivelé est de 20 mètres, sa longueur de 65 mètres et la durée du trajet n’est que de 25 secondes, soit la plus courte de tous les funiculaires de la ville. L’Ascensor Espíritu Santo porte le nom d’une église aujourd’hui démolie. Un trajet coûte 250 pesos (environ 0,50 $ CAN). Vous pouvez suivre les activités du funiculaire sur Facebook… si ça vous chante;

– La Sebastiana est l’une des maisons du célèbre écrivain chilien Pablo Neruda (prix Nobel de littérature 1971). Elle constitue l’une des principales attractions de la ville. Devenue un musée, la maison attire beaucoup de touristes, au point que les pièces sont parfois trop achalandées. Les vues sur la ville y sont exquises; on comprend pourquoi Neruda aimait observer les feux d’artifices du Jour de l’An depuis chez lui. Par ailleurs, la décoration hétéroclite reflète la personnalité de l’écrivain. L’entrée coûte 6000 pesos (environ 11,69 $ CAN); un guide audio est inclus dans le prix. Plusieurs langues sont disponibles, dont le français. En toute franchise, j’ai aimé ma visite, mais comme elle peut s’effectuer en seulement quelques minutes, je suis resté un peu sur ma faim intellectuelle. Important: le musée est fermé le lundi;

La Sebastiana, une maison de l’écrivain Pablo Neruda

– Tout près de La Sebastiana se trouve la Plaza de los Poetas et ses statues, dont une de Pablo Neruda;

– L’Arco Británico est un monument situé sur l’Avenida Brasil; il est un cadeau de la Grande-Bretagne pour souligner le 100e anniversaire de l’Indépendance du Chili, en 1910. Oeuvre de l’architecte chilien Alfredo Azancot, l’arc fut dévoilé en 1911;

Arco Británico

– D’ailleurs, lors de mon passage à Valparaíso, j’ai visité un marché public d’artisanat, près de l’Arco Británico (secteur des rues Bellavista et l’Avenida Brasil);

– Les Plaza Sotomayor et Plaza Justicia comptent quelques édifices et monuments connus de la ville, comme le Monumento a los Héroes de Iquique, le Consejo Nacional de Cultura y las Artes et le Tribunales de Justicia. La Plaza Sotomayor est aussi le point de départ de visites guidées de Valparaíso;

– Un petit tour dans l’Ascensor El Peral, depuis la Plaza Justicia, permet d’accéder au Museo Palacio Baburizza, un palais de style art nouveau construit en 1916 pour l’homme d’affaires croate Pascual Baburizza Soletic. On peut aussi se rendre au musée à pied, par la rue Urriola. Encore une fois, je n’ai pu y aller, l’endroit était sur le point de fermer lors de mon passage;

– Le barros luco est un sandwich typique de la cuisine chilienne; il fut nommé ainsi en l’honneur de l’ancien président Ramón Barros Luco, grand fan de ce sandwich composé de boeuf et de fromage fondu. Selon la légende, il en mangeait régulièrement au restaurant du Congrès national du Chili. Aujourd’hui, ce sandwich est vendu dans de nombreux restaurants. J’ai aimé. Je l’ai essayé à la Sandwichería Panchito, dans le cerro Alegre, et je l’ai payé 3000 pesos, je crois (soit environ 5,96 $ CAN);

Barros luco avec frites et bière.

– Le « terremoto » (« tremblement de terre ») est un drink typique du Chili, inventé à la fin du XXe siècle (après le tremblement de terre de 1985); à la base, il est composé de vin blanc, de fernet et de glace à l’ananas. On y rajoute ensuite soit une liqueur amère (comme de l’angostura), soit de la grenadine, selon le goût du client. Je n’ai pas adoré, mais y goûter au restaurant/bar Accesit dans le cerro Alegre fut une expérience intéressante. J’ai payé 1500 pesos pour un verre (environ 2,98 $ CAN);

Hébergement

– Street Garden Hostel: j’ai payé 9883 pesos chiliens (environ 19,18 $ CAN) la nuit pour un lit dans un dortoir mixte de 8 lits, déjeuner inclus. L’auberge est bien située dans Viña del Mar, pas trop loin du terminus (entre 4000 et 6000 pesos pour un trajet, selon le trafic, soit entre 7,77 et 11,65 $ CAN), des plages et des bus. L’ambiance y est assez tranquille, sauf lors d’évènements spéciaux, comme le délirant « burger night » auquel j’ai participé. Folle soirée. Les dortoirs sont confortables, les lits sont recouverts de chaudes couvertures et des casiers individuels sont disponibles. Le personnel est sympathique, accommodant. Un bar permet aux invité-es de se désaltérer dans les aires communes, dont une charmante terrasse. De plus, deux chiens apportent à l’auberge une dose d’énergie canine irrésistible. Quelques points négatifs: la cuisine est située au 2e étage, alors que les espaces pour manger sont situés au 1er. Pas toujours évident de transporter une énorme assiette de poutine dans les escaliers achalandés. Aussi, l’auberge n’a qu’une seule sortie; donc, en cas d’incendie, il faudrait espérer que le feu ne la bloque pas. Malgré ces points négatifs, j’ai apprécié mon séjour là-bas.