J’ai perdu mon emploi en février. Ce fut une surprise. C’est comme ça. J’ai donc refait mon CV, après l’avoir numériquement dépoussiéré. Il en avait bien besoin, après toutes ces années d’hibernation. Puis, j’ai commencé à lire des offres d’emploi. Je suis alors tombé sur celle-ci: professeur de français langue seconde pour une école de langues de Bogotá. L’offre semblait intéressante, d’autant plus que j’avais beaucoup aimé la ville. J’ai ainsi envoyé mon CV et ma lettre de motivation à ladite école de langues. Environ une heure plus tard, je recevais une demande d’entrevue sur Skype pour le lendemain. Un jeudi.
L’entrevue
J’ai donc passé l’entrevue. Elle a duré environ 1 h 30. Elle m’a épuisé. J’ai pu négocier la remise de ma réponse pour lundi. Les jours suivants furent très intenses. Je réfléchissais. De toutes mes forces. Les pour. Les contre. Le budget. Les détails logistiques. Je dormais d’un sommeil plus lourd que le pas de Happy Humphrey.
Or ces jours furent marqués par une température des plus clémentes. Le temps doux et le soleil radieux rendaient les promenades attrayantes. J’en ai profité. J’ai erré dans différents quartiers de Montréal, à la recherche de LA bonne réponse. Je l’ai trouvée. J’ai même trouvé un nouvel endroit où acheter du yerba maté. Un deux pour un, quoi.
Une décision majeure
J’ai refusé le poste. La raison? Parce que j’ai senti que ce n’était pas ce que je devais faire à ce moment-ci de ma vie. Je n’aurais pas été heureux là-bas, à cause surtout de ma situation financière précaire et des conditions de l’emploi, qui ne m’auraient pas permis de surmonter cette précarité. Alors à quoi bon aller dans un pays aussi merveilleux que la Colombie si je ne peux le découvrir comme je le souhaite? J’ai hâte de repartir, bien sûr, mais pas à n’importe quel prix. Je ne me reconnais pas dans cette attitude qui pousse certaines personnes à vouloir voyager par tous les moyens. Je veux faire les choses à ma façon. Je n’ai plus envie de voyager comme je l’ai fait quand j’ai été en Colombie-Britannique, en 1999, avec trois sous en poche; je n’ai plus envie de manger des nouilles ramen crues tous les jours; je n’ai plus envie de dormir dans un stationnement, dans une tente à la merci de quiconque aurait des intentions malhonnêtes. J’ai connu cette manière de voyager. Je suis heureux de l’avoir expérimentée. Mais je suis ailleurs, maintenant. Et, au-delà de la question de l’argent, j’ai compris qu’aller contre ce que je suis me rendrait malheureux. La vie est trop courte pour être malheureux et j’ai la chance de vivre dans un univers qui offre tant de possibilités. J’aurais pu dire oui pour ce poste, j’aurais peut-être dû dire oui. Mais je l’ai refusé, tout en laissant la porte ouverte à une collaboration ultérieure. Et je me sens serein face à ma décision.
On dit que l’on regrette ce que l’on ne fait pas; c’est vrai, mais seulement dans la mesure où ce que l’on ne fait pas correspond à ce que l’on veut vraiment. Sinon, il n’y a pas de regret. Juste un choix parmi d’autres. C’est cette dernière leçon qui m’a apporté la paix intérieure. La Colombie sera toujours là dans quelques mois, dans quelques années. Et moi? Je serai là où je me sentirai à ma place. Et qui sait, peut-être qu’un jour, les astres seront alignés et on se retrouvera, la Colombie et moi.
Bonsoir
L essentiel est d être en accord avec soi. Ce n est pas évident à prendre ce genre de décisions, je vois très bien, cela m est arrivée à plusieurs reprises pas pr des postes à l étranger.
C est que cela ne devrait pas être pr toi à ce moment. Écouter son instinct ;-)
J espère que tu vas trouver rapidement un travail qui te correspond
Bon courage !
Bonsoir Tania,
Merci pour toes bons mots! En effet, l’essentiel est d’être en accord avec soi. Et tu as raison aussi quand tu dis que ce n’est pas évident de prendre ce genre de décisions. Mais je sais que ça ira. Je le sens. Merci encore, à plus.
Stéphane
Salut Stéphane,
Je suis passée par les mêmes réflexions quelques mois avant de revenir de la Bolivie. Toutes ces belles expériences qu’on vit grâce au voyage et à l’expatriation, ça nous façonne et ça change nos désirs et nos besoins, de différentes façons. Et puis je crois que sincèrement l’âge (et oserais-je dire la sagesse? ;P ) a son poids dans la balance. Enfin, dans mon cas. Donc me voilà, à Ottawa, dans un emploi qui me permet de me payer un petit 3 1/2 à moi, mon nouveau cocon de bien-être moral. Mais je garde toujours le monde tout près. Mon besoin de m’envoler vers d’autres cultures est toujours bien présent, mais il y a tellement de manière de le vivre, à sa façon!
Je te souhaite de trouver un emploi qui t’inspire et qui te permette de le vivre, à ta façon :)
Evelyne
Salut Evelyne,
On peut tout à fait parler de sagesse, dans nos cas. Elle nous permet de mieux discerner ce que l’on veut vraiment, ce dont on a besoin aux différents stades de notre vie. Content de voir que tu sembles heureuse dans ta nouvelle vie (même si c’est à Ottawa… ha ha!). Merci pour tes bons mots. Bonne chance dans tous tes projets, de voyage ou autres. Au plaisir…
Stéphane
Wow, j’aime énormément l’idée de fond : être vrai dans ses intentions, savoir laisser passer une opportunité, aussi facilitante soit-elle pour voyager, quand elle ne correspond pas à ce qu’on est, à l’endroit où on est rendu. Le « pas à tout prix » me parle beaucoup.
Dans ton texte, on voit aussi que bien que tu sois passionné par les voyages, bien que tu aies hâte de repartir, bien que la Colombie, entre autres, t’aie charmé, tu sais trouver le bonheur, te sentir « à ta place », sans devoir à tout prix être à l’autre bout du monde. Se créer une vie à son image, c’est aussi ça.
Finalement, je me retrouve beaucoup aussi dans ce passage, et ça m’a bien fait sourire : « Je n’ai plus envie de voyager comme je l’ai fait quand j’ai été en Colombie-Britannique, en 1999, avec trois sous en poche; je n’ai plus envie de manger des nouilles ramen crues tous les jours; je n’ai plus envie de dormir dans un stationnement, dans une tente à la merci de quiconque aurait des intentions malhonnêtes. J’ai connu cette manière de voyager. Je suis heureux de l’avoir expérimentée. Mais je suis ailleurs, maintenant. »
On ne regrette pas ce que l’on n’a pas fait. Cette idée m’énerve, tout comme celle selon laquelle il faudrait absolument toujours terminé ce que l’on a commencé, parfois même au détriment de notre bien-être. Il faut simplement savoir reconnaître l’endroit, la situation où on se doit d’être à un moment précis, suivre son instinct et reconnaître ce qui nous rend heureux. Ensuite, on agit en conséquence, on assume et on reste flexible!
P.S. : Je n’avais pas trop suivi, étant en voyage, mais je ne savais même pas que tu étais de retour au pays (j’ai du retard dans mes lectures).
Merci pour cet excellent commentaire, Bianca! Je vois que tu as pris soin de bien lire mon billet. Content de voir que tu te reconnais dans mes mots. Je suis d’accord avec tous les points que tu soulignes. Par exemple, c’est vrai que ce n’est pas nécessaire de tout terminer, juste pour terminer. Le bien-être est très important, il faut savoir lâcher prise, si nécessaire. C’est ça, la sagesse; savoir ce qui est le meilleur pour soi et agir en conséquence. Pour soi et par soi. Tout à fait. Merci encore et bonne continuation!
Stéphane
P.S.: eh oui, je suis revenu à Montréal au milieu de décembre. Le temps passe si vite…
Salut Stéphane
” Les bonnes choses prennent fin d’elles-mêmes. Les mauvaises doivent être interrompues.” dicton du jour !
Je viens d’apprendre tes déboires avec ton Job, pas évident, Mais je pense qu’avec tes ressources, tu rebondiras vite .
Nous sommes de tout coeur avec toi ,
Annick et Gilles
Salut Annick et Gilles,
Merci pour les bons mots! Je suis confiant aussi, tout ira bien. J’espère que vous allez bien. À une prochaine…
Stéphane
Enseigner les langues ou d’autres choses d’ailleurs est une façon sympa de voyager. Tu es sûr de rencontrer les gens locaux et avoir des échanges. Même si nous ne faisons pas que cela, mon épouse et moi, accompagnés que nous sommes de nos deux enfants, avons parcouru plusieurs pays ainsi après avoir passé nos diplômes, tout en voyageant d’ailleurs, pour enseigner. Comme toi, il est arrivé, et même une fois arrivé sur place, de refuser le poste. Rester libre, ne pas tout accepter sous n’importe quel prétexte, surtout le mauvais. On prend tous des décisions, même des mauvaises. Mais pour ces dernières, no regret, on repart pour un tour, toujours de l’avant. Bonne continuation. Philippe
Merci pour les bons mots, Philippe! Oui, l’enseignement des langues est une bonne façon de voyager, pour les raisons que tu as mentionnées. Et comme tu l’as écrit, il faut tout de même avoir la sagesse de dire « non », quand on le croit nécessaire. Merci encore et bonne continuation à vous!