En voyage, comme sans doute beaucoup d’entre vous, j’écoute de la musique. Ces chansons, ces albums constituent par conséquent la trame sonore de mon périple. Lors de mon voyage dans les Amériques, j’ai bien sûr écouté de nombreux artistes. Comment j’en suis venu à en favoriser certains plus que d’autres? La curiosité. La chance. Je vous présente ici ceux qui m’ont le plus marqué, pour diverses raisons. Cette billet se divise en deux parties: la 1ere regroupe sans ordre précis (quoique vaguement chronologique) les chansons et albums que j’ai écouté-es de plein gré; la 2e, les chansons et albums que j’ai subi-es. Comme vous le constaterez, cette trame sonore puise dans des styles variés. Vous devriez y découvrir quelque chose que vous aimerez.
Mes choix
J’ai déjà parlé des trois premières chansons de cette liste ici, alors je n’en rajouterai pas. Écoutez-les et appréciez-les:
– La Quinta Estación – El Sol no Regresa (Flores de alquiler; 2004);
– Jesse & Joy – Aqui Voy (¿Con Quién Se Queda El Perro?; 2011);
– The Melvins – You Can Make Me Wait (Hold It In; 2014);
Et là, on commence avec les chansons et albums dont je n’ai pas encore parlé:
– Bad Religion – True North (2013): ah Bad Religion… un de mes groupes préférés. Je le suis depuis son 6e album, le classique Generator (1992). Que de souvenirs. Mais, avant mon voyage, je n’avais pas encore écouté True North (son… 16e!). Un disque sans surprise, typique pour Bad Religion. Bonnes mélodies, bons riffs, paroles sociopolitiques… bref, du réchauffé, mais du réchauffé agréable. Mon préféré demeure encore New Maps of Hell (2007);
– Amaral – Marta, Sebas, Guille y los demás (Pájaros en la cabeza; 2005): j’aurais pu inclure ici plusieurs chansons de ce groupe espagnol, car je suis un fan depuis des années. Cette chanson, tirée de son 4e album, représente bien le style Amaral: un rock entraînant, sexy, porté par la voix et l’attitude badass de la chanteuse Eva Amaral. Elle devait être une punk à 16 ans et elle a visiblement conservé l’énergie propre à cette sous-culture;
– Los Secretos – Quiero beber hasta perde el control (El Primer Cruce; 1986): cette chanson de ce groupe espagnol conviendra à vos soirées post-rupture d’amour de voyage, lorsque vous serez seul-e, le coeur brisé et le verre à la main. Le titre dit tout. La chanson doit provoquer un effet saisissant dans un karaoke, juste avant le last call;
– Stéphane Bass – Très longtemps (Si j’avais des ailes; 1991): je me suis rappelé cette chanson comme ça, un jour, en préparant mes bagages. Flashback d’une année où le concept de barbe m’était encore étranger. Les paroles dégagent une sincérité palpable. C’est sans doute parce que maintenant, je comprends leur portée. Et la touche cajun n’est pas dégueulasse du tout. En outre, le clip possède ce vernis si typique aux années 1990, ce qui, selon le point de vue, est une bonne ou une mauvaise chose;
– Rihanna – We Found Love (Talk That Talk; 2011): quand j’étais en Asie du Sud-Est, en 2011-2012, j’entendais cette chanson sans arrêt. Je ne savais alors pas qui était Rihanna. Oui, j’étais à ce point déconnecté de la réalité. J’ai su à mon retour qui l’interprétait. Eh bien, le mal était fait: j’aimais cette chanson. Je l’ai donc écoutée durant mon voyage dans les Amériques. Cette chanson me procure tout le « meilleur » de l’univers des clubs, sans ses désagréments;
– Katy Perry – Last Friday Night (T.G.I.F.) (Teenage Dream: The Complete Confection; 2012): autre chanson que je n’arrêtais pas d’entendre en Asie du Sud-Est, sans savoir qui la chantait. J’ai fini par l’aimer. De la pop inoffensive, mais sympathique. Par contre, les paroles me rendent perplexe: elles mentionnent que la personnage principale a tout oublié (« It’s a blacktop blur/But I’m pretty sure/It ruled/Damn »), mais décrivent ensuite toutes les péripéties de la soirée (« Last Friday night/Yeah, we danced on tabletops/And we took too many shots/Think we kissed but I forgot/Last Friday night//Yeah, we maxed our credit cards/Then got kicked out of the bar/So we hit the boulevard/Last Friday night//We went streaking in the park/Skinny dipping in the dark/Then had a ménage à trois/Last Friday night »). C’EST INCOHÉRENT. Mais chapeau pour le caméo de Kenny G dans le clip;
https://www.youtube.com/watch?v=-zeMJLBAatg
– Jeff Bridges – Fallin’ & Flyin (Crazy Heart Soundtrack; 2010): tirée du poignant film Crazy Heart (2009), cette chanson country démontre les multiples talents de l’acteur Jeff Bridges, qui l’interprète (il a même plusieurs albums à son actif). En outre, le reste de la trame sonore du film contient quelques bijoux, comme The Weary Kind de Ryan Bingham. Cette chanson a remporté plusieurs prix, dont l’Oscar de la meilleure chanson originale en 2010. Petite digression: j’adore le film The Big Lebowski, avec Bridges. “Careful, man, there is a beverage here”;
– Efecto Mariposa – Otra Historia (Vivo en vivo; 2007): la chanteuse Susana Alva mène ce sympathique groupe pop espagnol. Cette chanson est d’abord apparue sur son troisième album, Complejidad (2005), mais je préfère cette version en concert avec l’artiste argentin Coti Sorokin, que j’aime bien aussi (son album en concert Esta Mañana y Otros Cuentos, paru en 2005, saura plaire aux fans de pop en espagnol, de par sa variété et ses collaborations). En vérité, je craque chaque fois pour le cri poussé par une fan au début de la chanson (vers 0:09). De la passion, je vous dis;
– Bruce Springsteen – Night (Born To Run; 1975): je ne connaissais pas les premiers albums de Bruce, alors j’ai passé du temps avec ce disque, son 3e, dans de nombreux bus en Amérique centrale. Cette chanson m’a particulièrement accroché, elle évoque pour moi une ambiance très années 1970, une trace de Paco Rabanne pour Homme dans l’air et du poil de torse qui sort d’une chemise trop ouverte. Parfois, je me dis que j’aurais dû vivre mon adolescence durant cette décennie;
– Fleetwood Mac – Rumours (1976): le 11e album du groupe s’est écoulé à plus de 40 millions d’exemplaires (!) depuis sa sortie. On peut donc parler d’un classique. Go Your Own Way compte assez de mélodies pour attendrir les gargouilles de Notre-Dame de Paris. Ce refrain s’incruste dans la tête avec toute la finesse d’un écureuil qui vient fouiller dans vos poubelles pendant votre sommeil;
– Bohemia Suburbana – Peces e Iguanas (Mil Palabras con sus dientes; 1997): ce groupe guatémaltèque m’a été présenté par un mec qui m’a reconduit à l’aéroport de Guatemala City, quand j’ai été y rejoindre mon ami Éric. Avec cet album, le groupe a marqué la génération des trentenaires du pays; la chanson Aire serait même un hymne pour celle-ci. Mais Peces e Iguanas me touche davantage. Et le titre de l’album rocke (« Mille mots avec tes dents »);
– The Tea Party – Heaven Coming Down (Triptych; 1999): une chanson que j’écoutais quand je lavais des toilettes de chambres d’hôtels de Whistler, en 1999. Je mettais MuchMusic à la télé, en arrière-plan, et la chanson jouait tout le temps (tout comme I Want It That Way des Backstreet Boys). Un des meilleurs moments de ce voyage qui ne s’est vraiment pas passé comme je l’aurais souhaité. Tirée du 5e album du trio ontarien, elle constitue un écart significatif par rapport au style plus world music du groupe à ses débuts;
– Iced Earth – Plagues of Babylon (Plagues of Babylon; 2014): je n’ai jamais été un fan de Iced Earth, j’ai toujours trouvé sa démarche soporifique, mais j’aime cette chanson tirée du 12e album du groupe. Elle en maximise les meilleurs éléments, elle parvient à créer un impact de par sa construction soignée. N’empêche, je n’achèterai pas un disque de Iced Earth… oh merde, je l’ai déjà fait, à Antigua. Mais je ne l’ai pas encore écouté. De l’argent perdu. J’aurais dû m’acheter du poulet frit, à la place;
– Nails – Abandon All Life (2013): un album de 17 minutes? C’est la beauté du grindcore. Le début de Abandon All Life, soit la pièce In Exodus, frappe l’appareil auditif de plein fouet et l’assaut ne cesse qu’avec la fin de cette oeuvre dépourvue de subtilité. La musique parfaite pour canaliser la colère. À ne pas écouter dans un bouchon de circulation, toutefois;
https://www.youtube.com/watch?v=Kt1gYAMICpc
– Ulcerate – Everything is Fire (2009): Ulcerate, un trio néozélandais, crée un death métal expérimental d’une incroyable densité. Il réussit à combiner les riffs de Gorguts et les ambiances de Neurosis pour forger un son complexe, plus impénétrable qu’un film de Ingmar Bergman. Everything is Fire est le 2e disque du groupe et, s’il ne s’avère pas aussi raffiné que son dernier (et 4e), Vermis (2013), on sent que les fondations ont été coulées pour la suite des choses. Du pur génie;
– Cretin – Stranger (2014): 2e album de death/grind fichtrement efficace par ce groupe californien signé sur Relapse Records, ce qui est toujours un sceau de qualité; en effet, la compagnie possède un flair indéniable pour dénicher des artistes intéressants, innovateurs. Après tout, on parle ici de l’étiquette qui a lancé des révolutions comme Transcendence Into the Peripheral (1993), Tales From the Thousand Lakes (1994) et Calculating Infinity (1999). Ceci dit, les pièces de Stranger s’enchaînent avec une fluidité digne des meilleurs lubrifiants personnels. Un plaisir à partager en solitaire ou en groupe;
– Drawn and Quartered – Feeding Hell’s Furnace (2012): 6e album de ce groupe de death métal guttural à la Incantation. Puissant. Un disque que l’on écoute d’une seule traite chaque fois, afin de bien s’imprégner de son ambiance putride. Comme si des eaux usées ramonaient vos conduits auditifs. Feeding Hell’s Furnace a été puisé dans les égouts les plus insalubres du monde;
– Immolation – Harnessing Ruins (2005): les vétérans du death métal Immolation ont toujours évolué dans l’ombre, mais cette situation ne les a pas empêchés de livrer de solides albums au fil des ans. Harnessing Ruins, son 6e, poursuit la tradition de qualité lancée avec le classique Dawn of Possession (1991). La force de ces vrais survivants consiste à injecter de subtiles mélodies (oui oui) dans leurs créations ténébreuses. Et ça marche;
– Eddie Vedder – Society (Into the Wild; 2007): Into The Wild, le film qui génère des fantasmes de liberté chez tant de voyageuses et voyageurs… mais pas moi. Aller vivre dans un trou perdu au fin fond de la nature ne me fait pas rêver. J’ai grandi sur une ferme et j’ai compris tôt dans ma vie que la nature peut être impitoyable. Cette vie n’est pas facile. Elle exige une discipline d’une rigueur absolue, et encore plus en situation de survie. En dépit de cette critique, j’ai été bouleversé par le film. Je dois aussi admettre que cette chanson est fantastique, d’autant plus que je n’ai jamais vraiment apprécié l’oeuvre de Eddie Vedder. J’ai beaucoup écouté Society au Costa Rica, entre deux averses;
– Maná – Suavecito (Cama Incendiada; 2015): un nouvel album de Maná (son 9e) pendant mon voyage en Amérique latine? Un match parfait, comme le Kraft Dinner et la salsa (la sauce, pas la danse). Après maintes discussions avec des Mexicain-es, j’ai réalisé que Maná est parfois considéré comme kétaine par un certain pourcentage de la jeunesse du pays. Malgré tout, j’aime la musique de ce groupe depuis que je l’ai découverte lors de mon voyage au Venezuela, en 2007-2008. Je peux remercier le vendeur de chapeaux et de bottes du coin de ma rue, à Sanare; il faisait jouer Mariposa Traicionera (Revolución de Amor; 2002) à tue-tête plusieurs fois par jour, pendant des semaines. Bref. Et, si je n’ai pas accroché autant que je l’aurais souhaité sur Cama Incendiada, Suavecito reste une chanson accrocheuse, malgré un changement d’ambiance discutable, à 2:48;
https://www.youtube.com/watch?v=mxcZ14b4r0s
– Julieta Venegas – Esperaba (Algo Sucede; 2015): de nouveaux albums de Maná ET de Julieta Venegas la même année? Quelqu’un doit m’aimer. Cette chanson, qui ouvre Algo Sucede, donne le ton au disque (son 7e), disque qui marque le retour de Julieta à un son plus pop, moins électro. Ce retour aux sources montre que l’artiste mexicaine a retrouvé l’inspiration. Et son fidèle accordéon;
https://www.youtube.com/watch?v=jOExOsIZ_DY
– Julieta Venegas – Original (Otra Cosa; 2010): Deux mentions de Julieta Venegas dans un même billet? Eh oui. Je l’aime. Mais, bien que je la suive depuis plusieurs années, je n’avais jamais écouté son album Otra Cosa. Oh quelle erreur. Pire que la fois où j’ai acheté un pistolet à eau au lieu d’un seau pour Songkran. Un des meilleurs disques de Julieta. De la pop personnelle, ciselée, mémorable;
– Soda Stereo – En la ciudad de la Furia (MTV Unplugged: Comfort y Música Para Volar; 1996): Soda Stereo est un groupe mythique du rock argentin. Et cette version en concert d’un de ses classiques est légendaire, grâce au duo formé de Gustavo Cerati, le cerveau de Soda Stereo, et d’Andrea Echeverri, du groupe colombien Aterciopelados. Magnifique chanson, qui émeut autant par ses mélodies que par son recours audacieux à divers effets de pédale. J’associe cette chanson à mon séjour à Mendoza, car mes ami-es de là-bas me l’ont fait écouter en boucle en me gavant de maté. Belle expérience;
– Trotsky Vengarán – Viene Cantando (Todo Para Ser Feliz; 2010): ce 9e album du quatuor uruguayen ne réinvente pas le punk rock, loin de là, mais ces Montevidéens montrent leur savoir-faire à travers l’utilisation intelligente de ses clichés. De toute façon, je ne peux concevoir que quelqu’un, quelque part, souhaite entendre du punk rock progressif. Ce serait aussi étrange qu’un mélange de grindcore et de rap. Enfin. Un disque parfait pour un road trip ou un BBQ sur le balcon de votre appart du Plateau;
– Dread Mar-I – Más Allá De Tus Ojos (Vivi En Do; 2010); cette chanson fut la dernière que j’ai découverte durant mon voyage. Je l’ai entendue pour la première fois à Santiago; une vendeuse de sandwichs la fredonnait, alors qu’elle jouait à la radio (la chanson, pas la dame). J’ai aimé comment elle chantait les paroles, avec sa voix douce. J’étais charmé. J’ai retenu les mots du refrain, j’ai cherché la chanson sur Youtube et je l’ai trouvée. Sinon, je ne connais pour ainsi dire rien sur cet artiste reggae argentin (il faut croire que j’adore la musique argentine… que je le veuille ou non);
Voilà pour cette 1ère partie. Dans la 2e, je vous présenterai des chansons que je n’ai pas voulu écouter, mais que, par la force des choses, j’ai fini par connaître malgré moi.
Pour beaucoup d’entre nous, la musique accompagne les moments de la vie, que ce soit des moments difficiles ou heureux, des morceaux que tu as écoutés avec telle ou telle personne. Tu te conditionnes parfois avant un voyage avec de la musique. Et une fois sur place, tu découvres encore plus de musique grâce à des rencontres. Bon ok parfois, ces musiques quand tu les écoutes de retour chez toi ou simplement dans un autre endroit, sorties du contexte, c’est comme certains vins qui n’accompagneent que certains plats bien spécifiques, tu te dis “comment j’ai pu aimé cela?” Bref, à ceux qui n’écoutent pas de musique, condoléances. A toi, viva el rock ‘n roll. Philippe
Merci Philippe! Rien à ajouter à ton commentaire, si ce n’est que je l’approuve à 100 %.