[MISE À JOUR 16/06/2017] Le prix du visa ouzbek est maintenant de 70 $ US (environ 91,15 $ CAN). Merci à Pierre-Luc Côté, du blogue Explorer la planète, pour cette information.
Le 11 octobre 2016, je partais de Montréal pour effectuer un voyage de deux semaines en Ouzbékistan. Un voyage prévu depuis des mois, mais j’en rêvais depuis mon enfance. J’ai déjà parlé des étapes à suivre pour obtenir l’essentielle lettre d’invitation; je vais maintenant me concentrer sur l’arrivée au pays en tant que telle. Je n’avais pas trouvé beaucoup d’informations sur ce processus, alors ce billet vise à combler ce vide (pour les citoyen-nes canadien-nes, du moins). En espérant qu’il vous sera utile…
Départ de Montréal
La dernière minute a toujours été la plus productive pour moi, en matière de bagages. J’avais beau savoir que je partais le 11, je ne m’étais pourtant pas préparé autant que j’aurais pu. J’ai ainsi terminé de remplir mes sacs quelques minutes avant l’heure limite que je m’étais fixée pour aller à l’aéroport. Je me suis ensuite rendu au terminus de bus de Montréal, au centre-ville, pour y prendre le bus 747 en direction de l’aéroport. Le trajet coûte 10 $ CAN. On peut payer au chauffeur soit avec sa carte OPUS, soit en argent comptant. Si vous choisissez d’utiliser la carte OPUS, vous devez d’abord obtenir le titre de transport (ex. 1 jour illimité) à une machine ou un guichet avant de monter dans le bus.
J’ai donc pris le 747 vers 19 h 20. D’ailleurs, les arrêts du 747 ne se trouvent plus dans le terminus de bus, que nenni! Ils sont dorénavant situés à l’extérieur de celui-ci. J’imagine la joie des voyageuses et voyageurs qui auront à attendre le bus à -30 °C cet hiver. Décision ridicule. Mes ruminations n’ont cependant pas ralenti le véhicule et je suis arrivé à l’aéroport vers 20 h. J’ai aussitôt cherché mon numéro de vol sur le tableau indicateur, j’ai noté les numéros des comptoirs d’enregistrement de Turkish Airlines et je me suis dirigé vers ceux-ci. Une file y avait déjà pris racine. À 20 h 05, un employé de la compagnie nous a informé qu’une panne du système empêchait les agents de procéder à l’enregistrement. La panne a été réglée à 20 h 12. Je me suis présenté devant un agent à 20 h 16. À 20 h 22, j’avais complété l’enregistrement. Maintenant, la sécurité. Après un arrêt repas trop cher, j’ai pointé mes rouflaquettes à la sécurité, à 21 h 14. Environ 10 minutes plus tard, j’avais franchi cette étape, que j’apprécie un peu ne serait que pour la possibilité de faire un mini-striptease en enlevant ma ceinture avec une boucle en métal avant de franchir le détecteur de métal.
Enfin, l’embarquement. Et le sentiment que, cette fois, le voyage commençait pour vrai. À 21 h 55, le processus s’est mis en branle. À 22 h 15, mon cul se posait sur le siège que j’allais réchauffer pendant les 8 h 50 de vol prévues. L’avion devait décoller à 23 h 05, mais petit précoce, il a filé dans les airs à 22 h 56. Un premier repas a été servi vers 0 h 20, heure de Montréal. Pas mal du tout. Puis, l’attente. J’ai essayé de dormir un peu, mais sans grand succès. Je ne dors presque jamais dans les transports. Une capacité que j’essaie pourtant de développer depuis des années. Faisant contre mauvais sommeil bon coeur, j’écoutais de la musique. Je m’imaginais des scénarios érotiques que la décence m’empêche de relater ici. Je me demandais quelle mouche avait bien pu piquer Bobby « The Brain » Heenan quand il a divulgâché le « heel turn » de Hulk Hogan à Bash at the Beach 1996, un des moments les plus importants de l’histoire de la lutte professionnelle. Heenan, un des meilleurs commentateurs de lutte de tous les temps, qui commet un tel impair? Incroyable.
Transit à Istanbul
Rassasié par un savoureux déjeuner, j’étais prêt à me lancer dans la deuxième partie du trajet. L’avion a atterri à Istanbul à 14 h 48, heure locale, le 12 octobre. Ce vol a par conséquent duré environ 9 h. J’avais un peu de temps devant moi, alors j’ai flâné dans l’aéroport, tout en m’efforçant d’éviter les distrait-es qui déambulaient le nez collé dans leur foutu téléphone, inconscient-es de la présence d’autres être humains dans les lieux. Ils m’exaspèrent, ces zombies. Après une courte promenade, je suis passé aux choses sérieuses.
J’ai franchi la sécurité en près de 15 minutes. Puis j’ai attendu mon vol pour Tachkent. Dans la file, une dame, vraisemblablement ouzbèque, a mis un de ses sacs dans ma main, de force. Elle me parlait en même temps, mais je ne comprenais rien à ses paroles. N’eût été le fait qu’elle avait déjà passé la sécurité, je n’aurais pas apprécié une telle initiative. Réflexe parano, je sais. Je parvins à la porte d’embarquement, où l’on a voulu voir mon visa. J’ai répondu que je l’aurais à mon arrivée à l’aéroport de Tachkent. On a alors exigé ma lettre d’invitation. Je l’ai montrée à un agent; il l’a scrutée, dubitatif, puis il l’a confiée à un collègue, qui a aussitôt effectué un appel. Quelques instants plus tard, on me remettait la lettre. J’ai demandé aux agents si tout était correct; ils m’ont affirmé que oui. J’ai alors pu franchir les portes menant au tarmac et m’engouffrer dans une navette. J’ai remis le sac à la dame. Elle m’a souri.
La navette nous a mené à l’avion. Une fois à l’intérieur de celui-ci, j’ai remarqué qu’une dame était assise à mon siège, côté hublot. Je le lui ai souligné, mais elle refusait de bouger. J’ai donc fait signe à l’agente de bord pour qu’elle vienne dénouer ce quiproquo. La dame a alors été s’asseoir à son véritable siège, au milieu de l’appareil, en maugréant. Le décollage a eu lieu vers 18 h 34, heure locale. Un repas a été servi environ 1 h 10 plus tard. Du bon stock, encore une fois. Rien d’excitant à signaler en ce qui a trait au reste du vol, à part que j’ai écouté, entre autres, le nouvel de Neurosis, Fires Within Fires. Quel excellent groupe.
Arrivée chaotique à l’aéroport de Tachkent et visa
L’avion a atterri à Tachkent vers 0 h 25, heure locale, le 13 octobre, après un vol d’environ 4 h 30. Des navettes ont accueilli les passagers sur le tarmac. L’air était frais. Du genre, frais comme celui de Montréal. Une chance que j’avais apporté mon manteau. On est entrés dans le terminal vers 0 h 55, créant du coup un chaos qui n’avait rien à envier à celui qui règne dans une gare indienne. La technique du « tout le monde se rue vers les guichets » compte des adeptes dans plusieurs pays. Pour ma part, je devais d’abord obtenir le visa à l’arrivée. J’allais ainsi tester par moi-même une procédure à propos de laquelle je n’avais trouvé que très peu d’informations sur les Internets. Mais avant toute chose, j’ai été chier.
Le guichet des visas se trouvait à ma droite, au bout du couloir qui servait de goulot d’étranglement. À l’aide de mes coudes, je me suis frayé un chemin jusqu’à mon objectif, ce qui m’a rappelé les deux spectacles de Slayer auxquels j’ai assisté. Je crois par ailleurs avoir « bumpé » une grand-mère agressive qui n’allait visiblement pas laisser son âge lui bloquer le chemin. Je suis arrivé au guichet en même temps qu’une Slovène. On a sorti nos documents de façon synchronisée et elle a remarqué, sur ma lettre d’invitation, que j’allais à l’auberge TopChan Hostel, comme elle. Elle a montré ses documents à l’agent en premier. Et là…
Elle s’est fait dire qu’elle n’avait pas les bons documents. Après quelques minutes de discussion avec l’agent, elle a dû se rendre à l’évidence: on lui refusait l’entrée en Ouzbékistan. Le choc. Elle a continué de plaider sa cause, pendant que je tendais mes documents vers un autre agent. Or, pour ma part, tout était en règle. Ma lettre d’invitation a été acceptée. J’ai enfin, enfin su le coût du visa à l’arrivée ouzbek pour les citoyen-nes canadien-nes: 60 $ US. Payable en argent comptant. On ne m’a pas demandé de photo supplémentaire. Au total, l’obtention du visa a pris moins de 5 minutes. Un processus efficace et fluide comme un lancer de Dennis Eckersley. Le contrôle de mon passeport a aussi été rapide. L’agent l’a regardé avec un air blasé digne de sa profession, il a pris une photo de mon joli minois (sans lunettes, bien sûr) et il a tamponné mon passeport. Voilà. Je pouvais légalement séjourner en Ouzbékistan. Les bagages, maintenant. J’ai franchi une porte donnant sur la salle voisine, où les convoyeurs ronronnaient comme des chats repus. Mon sac à dos a défilé sous mes yeux à la seconde où je me suis approché du bon convoyeur. Je l’ai récupéré d’un mouvement gracieux qui, en danse contemporaine, aurait exprimé la joie. Si c’était toujours comme ça…
J’ai ensuite rempli un formulaire de déclaration. Cette étape fut plus compliquée que prévu, car les exemplaires de formulaire étaient tous écrits en russe. Mais à chaque poste de « remplissage » se trouvait une feuille explicative qui traduisait, en anglais, les différentes sections. Détail important: il faut remplir deux exemplaires du formulaire. On les remet ensuite au douanier, au moment de l’inspection des bagages. Il en garde un et il nous remet l’autre. On doit absolument conserver cet exemplaire, parce qu’il sera exigé à la sortie du pays.
Enfin en Ouzbékistan
Et, à 2 h 05, je suis sorti de l’aéroport. J’ai aussitôt rencontré le chauffeur qui devait me transporter à mon auberge, tel que convenu avec l’établissement. L’homme tenait une pancarte avec mon nom… sans faute d’orthographe. Bravo! C’était d’autant plus surprenant que je passe mon temps à l’épeler au Québec. Le chauffeur devait aussi attendre la Slovène, mais je lui ai expliqué qu’elle avait eu des ennuis avec les autorités. Il m’a alors dirigé vers un chauffeur de taxi croisé hors du terminal, pendant qu’il partait à la recherche de la Slovène. En route vers mon auberge, je regardais la nuit enrober la capitale ouzbèque. Première impression de Tachkent: la vie nocturne y semble aussi intense que dans les récents projets de développement immobilier de Laval. Durant le trajet, j’essayais de réaliser que, enfin, après toutes ces années à en rêver, j’étais en Ouzbékistan. Une fois à mon auberge, j’ai réglé les formalités d’enregistrement, j’ai pris possession de ma chambre, j’ai donné de mes nouvelles sur les réseaux sociaux et je me suis couché. Heureux.
J’ai hâte de pouvoir lire la suite. J’aime que tu puisses pluguer « scénarios érotiques », « grand-mère agressive » et « danse contemporaine » dans un récit d’arrivée. Ça promet ;)
Merci Bianca! Je vais tâcher de « plugger » d’autres concepts disparates dans mes prochains billets…