La Havane: un guide incomplet (1ere partie)

Marilyn me fixe de son regard sexy, à partir d’un appartement de la Habana Vieja (Vieille Havane)

J’ai effectué trois séjours à La Havane: du 6 au 9, le 15 et le 18 juin 2017. En toute franchise, je n’ai pas fait beaucoup d’activités là-bas. J’ai sué, marché, rencontré des gens, eu des conversations fascinantes. Dans cet ordre. Ceci dit, j’ai quand même noté quelques suggestions d’activités/attractions. Plongée dans une ville à la personnalité unique.

Observations générales

La Havane a été fondée par le conquistador Pánfilo de Narváez (sous les ordres de Diego Velázquez de Cuéllar), en 1514. Cependant, son emplacement a changé au fil des années; le site actuel a été choisi en 1519. La Havane a officiellement reçu le statut de « ville » en 1592, par décret du roi Philippe II d’Espagne. Elle compte plus de 2,1 millions d’habitant-es (2012), et plus de 3,7 millions, avec son agglomération, ce qui est en fait la plus grande ville de Cuba et des Caraïbes. Elle est la capitale du pays, mais aussi son centre économique et culturel. Les quartiers les plus populaires auprès des touristes sont Habana Vieja (Vieille Havane), Centro Habana et Vedado.

Des enfants sautent à la corde dans la rue, dans le quartier Habana Centro

Côté architecture, La Havane m’a fait penser à un croisement entre le style hétéroclite de Montevideo et le côté délabré de Guatemala City. Certains édifices tombent en ruines, littéralement; d’autres présentent un design étonnant. En outre, plusieurs semblent avoir été rénovés au cours des dernières années. Et les couleurs vives tapissent de nombreux murs. Autre caractéristique: quantité d’édifices s’élancent vers le ciel, ils comptent trois, parfois même quatre étages, et l’étroitesse de bien des rues souligne cette hauteur, créant ainsi une perspective quasi vertigineuse. On se sent petit, quand on marche entre ces géants. Cette rencontre d’éléments disparates confère à La Havane une identité visuelle propre.

Tout un style…

Le Malecón constitue l’attraction principale de La Havane. Cette promenade de huit kilomètres longe la mer des Caraïbes et la baie de La Havane. Aller à La Havane sans effectuer au moins un tour sur la promenade tiendrait de l’exploit. Un triste exploit. L’action s’y déroule sans arrêt, à divers degrés d’intensité selon le moment de la journée. Le soir, le Malecón accueille une foule bigarrée. L’endroit rêvé pour brosser un portrait – incomplet, certes – des Havanais-es. D’autant plus que le coucher de soleil offre un spectacle plus émouvant qu’une victoire de Roman Reigns dans le main event de n’importe quel gala Wrestlemania.

Le Malecón

Si le Malecón vole la vedette, la Habana Vieja demeure tout de même une attraction au fort magnétisme. Un quartier aux contrastes saisissants: plusieurs sections ont été rénovées, tout y paraît neuf, l’architecture coloniale s’y expose dans toute sa splendeur, alors que d’autres montrent un état de décrépitude avancé. Cette dichotomie se révèle parfois d’une rue à l’autre.

Habana Vieja

Le secteur autour de la cathédrale, toujours dans Habana Vieja, se veut l’épicentre touristique de la ville: nombre d’édifices y ont été rénovés, les efforts pour garder le secteur propre y sont visibles. Par contre, les prix sont ajustés en conséquence, notamment dans les restaurants. Le phénomène classique qui affecte tous les quartiers touristiques de ce monde.

La cathédrale de La Havane

On pourrait dire qu’une bonne partie de la vie havanaise se déroule dans la rue: les enfants y jouent, les hommes y fraternisent (et y boivent bière et rhum en quantité), les femmes font les courses, les vendeuses de cigares apparaissent à la tombée de la nuit, les vieilles voitures font les belles et les animaux tentent tant bien que mal de se tailler une place dans ce grouillant pandémonium baigné de musique sortant de partout. Un écrivain y trouverait une inépuisable source d’inspiration. Un certain Hemingway l’aurait fait, d’ailleurs…

Scène du quotidien havanais

Comme on n’échappe pas aux questions budgétaires, j’ai noté les emplacements de deux bureaux de change: un dans l’ombre de l’hôtel Habana Libre, près de l’intersection Avenida 23/Calle J, dans le quartier Vedado. Cet hôtel se veut un point de repère fiable, car sa hauteur le rend immanquable. L’autre bureau sévit dans Habana Vieja, à l’intersection Oficios/Lamparilla (à l’une des extrémités de la place de la Basílica San Francisco de Asís). Apportez toujours votre passeport, sinon on ne vous laissera pas changer de l’argent, même avec une photocopie couleur du précieux document.

L’hôtel Habana Libre

Activités et attractions

Le Malecón compte aussi quelques attractions non humaines, comme la statue Primavera, de l’artiste cubain Rafael San Juan. À huit mètres de haut, on la remarque de loin. L’oeuvre a été inaugurée le 24 mai 2015, pour la 12e Biennale de La Havane. Viengsay Valdés, la danseuse étoile du Ballet national cubain, a posé pour l’artiste; il cherchait à évoquer le mouvement et l’esprit de la danseuse de renommée internationale. Le résultat devrait plaire aux âmes dotées d’une sensibilité artistique. Tant pis pour les esprits béotiens. Au coin de la rue Galiano et du Malecón.

Primavera

Aussi connu sous le nom de Torreón de la Caleta, le Torreón de San Lázaro se dresse debout à côté du Malecón, dans le quartier Vedado. Vrai, la tour n’impressionne pas tant que ça, mais son importance historique s’avère indéniable. La tour aurait été conçue par l’ingénieur Marcos Lucio, de la Nouvelle-Espagne (Mexique). Elle daterait du XVIIIe siècle et elle faisait partie du système de défense de la ville contre ces foutus pirates des Caraïbes. Les amateurs d’histoire apprécieront.

Torreón de San Lázaro

Le Parque Antonio Maceo honore la mémoire de ce héros de la lutte pour l’indépendance de Cuba. Le « Titan de bronze » (1845-1896) est représenté par une statue équestre en bronze au sommet d’une colonne de marbre de, à vue d’oeil, 9,89 mètres de haut. Quelques bancs, des fontaines et un drapeau cubain perché tout en haut d’une loooooongue hampe complètent l’ensemble. Il manquerait quelques arbres pour le transformer en un lieu de repos agréable. Enfin. Le parc mérite un détour, ne serait-ce que pour absorber une dose de patriotisme cubain.

Parque Antonio Maceo

Le Castillo de San Salvador de la Punta a été érigé du côté ouest de l’embouchure de la baie de La Havane. Endroit stratégique, un choix qu’approuverait les amateurs de jeux comme Civilization. Les travaux pour construire la forteresse ont débuté en 1590. Un musée a été aménagé dans la forteresse, mais je n’y ai pas été. J’ai cependant aperçu des mariés en train de s’adonner à une séance photo près des fortifications. J’ai un réel don pour tomber sur ces séances: de l’Ouzbékistan à Cuba, du Vietnâm à Montréal, j’en ai vus, des mariés fébriles.

Castillo de San Salvador de la Punta

Par ailleurs, Habana Vieja compte son lot de parcs et places publiques: Plaza de Armas, Plaza de la Catedral, Plaza de San Francisco de Asís, Plaza Vieja, Parque Humboldt, Parque Cervantes, Parque San Juan Pablo, etc. Degrés d’intérêt – et de calme – variables. Par ailleurs, les amuseurs publics peuplent le coin. Le plus fascinant dans tout ça? Même à 35 degrés Celsius, malgré l’humidité écrasante, ils porteront un costume qui doit hausser la température de 8 degrés. Ils méritent bien quelques pesos.

Plaza de Armas

Le Centro Cultural Antiguos Almacenes San José (communément appelé Almacenes de San José), à l’intersection Avenida del Puerto/Calle Cuba, est un marché pour acheter des souvenirs et des oeuvres d’arts. En 2009, ledit marché a quitté la Plaza de la Catedral pour s’installer dans un ancien entrepôt, dans la zone portuaire de la baie de La Havane. Toutefois, les items en vente se ressemblent d’un kiosque à l’autre et les prix doivent être semblables. Personnellement, j’attendrais plutôt d’aller dans des villes comme Trinidad ou Cienfuegos pour effectuer des achats, mais pour les pressé-es, magasiner ici pourrait être une option.

Je n’avais pas de photo du Centro Cultural, alors j’ai mis une photo d’une sculpture

Siège de l’Académie des sciences de Cuba, le Capitolio est une oeuvre de l’architecte Eugenio Rayneri Piedra, commandée par le controversé président de l’époque, Gerardo Machado (un sale tyran, selon les rumeurs). Des milliers d’ouvriers ont participé à sa construction, de 1920 à 1929. Inspiré du Capitole des États-Unis, à Washington, le Capitolio est l’une des attractions emblématiques de La Havane. Il a abrité le Congrès jusqu’en 1959, avant d’occuper sa fonction actuelle. Il renferme la troisième plus grande statue intérieure au monde, La República, une statue en bronze de 15 mètres de haut. De plus, il constitue le kilomètre zéro à partir duquel sont mesurées les routes cubaines. Des travaux de réfection sont en cours et, à terme, l’édifice devrait accueillir le Parlement.

Le Capitolio, vu de derrière

Attiré par la perspective d’un coucher de soleil sur le Malecón, j’ai traversé le quartier chinois. Un quartier chinois comme on en retrouve… partout. Sérieusement, la diaspora chinoise semble avoir pris racine même dans les zones les plus reculées de la Terre. J’ai ainsi vu un restaurant chinois à freakin’ Sanare, au Venezuela. On parle ici d’une petite ville de quelques milliers d’habitant-es, perdue dans les Andes vénézueliennes. Donc, les classiques habituels se déclinent ici: restaurants, temples, commerces avec enseignes dans les langues du pays.

Le Quartier chinois, (« Barrio chino »)

La Callejón de Hamel (« le Passage de Hamel »), située dans le populaire secteur de Cayo Hueso (dans le quartier Centro Habana), est une ruelle piétonnière où l’artiste Salvador Gonzáles Escalona (1948- ) a installé, depuis le 21 avril 1990, des oeuvres d’art afro-cubaines. Une galerie d’art en pleine rue, avec des bars pour retenir les visiteurs. Des ateliers de peinture sont aussi offerts aux enfants cubains. Tous les dimanches, une « Rumba » se déroule dans la ruelle; musique, danse et alcool sont alors à l’honneur. Oui, c’est « touristique », au sens péjoratif que certains donnent à ce mot, mais c’est malgré tout un lieu intrigant. Parallèle à la rue San Lázaro (au sud de celle-ci), entre Aramburu et Hospital. Difficile de la manquer, avec toutes ces oeuvres hétéroclites…

Callejón de Hamel

Depuis 1961, le Museo Napoleónico accueille une collection d’objets ayant appartenu à Napoléon 1er et à des membres de son univers. Au menu: du luxe à en vomir, des objets personnels et des armes dépassées, couvrant la période entre la Révolution française et le Second Empire. Les artefacts proviennent des collections de Julio Lobo, un riche industriel du sucre cubain. L’entrée coûte 3 CUC l’entrée, soit 3,77 $ CAN. Le musée, à l’intersection San Miguel/Ronda, tout près de l’Université, s’est établi dans un immeuble de style florentin Renaissance bâti entre 1926 et 1929 par les architectes Evelio Govantes et Félix Cabarrocas. Ces derniers ont en outre pris part à la conception du Capitolio. Belles vues de La Havane depuis le dernier étage.

Museo Napoleónico

Le Parque de los Mártires Universitarios est un petit parc de quartier idéal pour une séance de « people-watching ». Aménagé en 1967, il célèbre l’engagement des étudiants qui ont lutté pour l’indépendance de Cuba. Un monument y souligne également le triomphe de la Révolution, en 1959. Le parc m’a paru plus à risque en soirée, avec la présence de quelques individus chelous, mais je n’ai pas eu de problème. Dans le quadrilatère formé des rues San Lázaro, Infanta, Jovellar et San Francisco.

La suite de ce billet sera publiée sous peu.

2 thoughts on “La Havane: un guide incomplet (1ere partie)

  1. alaindici

    Après une première visite il y a 20 ans déjà à La Havane, je suis tenté par un nouveau séjour à Cuba, plus orienté road trip et photos que farniente (privilège des retraités). Autant dire que ton article m’a fort intéressé : j’y ai retrouvé des aspects et des lieux connus de La Havane, mais aussi découvert pas mal de changements et des endroits de moi méconnus.
    Alors, merci ! J’attends la suite avec impatience.

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    1. Stéphane Pageau Post author

      Merci pour ton commentaire, Alain! Content de voir que mon article t’a intéressé… j’imagine que la ville a bien changé depuis ta dernière visite. Je suis sûr que tu apprécieras un nouveau séjour à Cuba, malgré les différences qui sont certainement apparues depuis ton dernier voyage là-bas.

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