Pátzcuaro. Le nom que l’on m’a le plus soumis lors d’un sondage Facebook informel effectué auprès de mes ami-es mexicain-es. Sondage qui portait sur le meilleur endroit pour célébrer Día de Muertos. Un nom intrigant, qui roule bien sur la langue. Pátz-cu-a-ro. « Lieu des pierres », en langue purépecha. J’avais hâte d’y débarquer. C’est donc avec un esprit ouvert que je me suis pointé dans cette ville de l’État de Michoacán. J’avais lu que c’était un pueblo mágico, alors je me doutais que j’allais découvrir un endroit charmant. J’ai cependant lutté contre les attentes. J’ai plutôt réussi, je dirais. J’y ai séjourné du 31 octobre au 3 novembre 2017.
Observations générales
Le site aurait été adopté par les Purépechas autour de 1320, mais peu d’informations subsisteraient sur les origines du lieu. Tariácuri serait devenu le premier empereur dudit peuple, après avoir vaincu les deux autres peuples qui vivaient autour du lac de Pátzcuaro. Il aurait par la suite fait de Pátzcuaro la capitale de son empire. L’arrivée des Espagnols a provoqué des conflits armés: en 1526, à titre de représentant du gouvernement espagnol, Nuño de Guzmán vint punir les Purépechas. Cette campagne se termina par la torture et la mort de Tanganxoan II, le dernier empereur purépecha.
Puis, l’Espagnol Vasco de Quiroga (1470/78 ? – 1565), juge et premier évêque du diocèse de Michoacán, arriva dans le coin. Il est considéré comme le vrai fondateur de la ville. Il a – entre autres – transféré le siège épiscopal de Tzintzuntzan à Pátzcuaro, en 1539, et réformé le système socio-politico-économique de la région en s’inspirant des idées développées par Sir Thomas More, dans son livre Utopia (1516). D’ailleurs, la place principale de la ville porte le nom de l’évêque. Sans surprise, la ville a été balayée par les diverses révolutions qui ont jalonné l’histoire tourmentée du Mexique. Aujourd’hui, elle est un centre culturel important au plan national, grâce notamment aux efforts de l’ancien président Lázaro Cárdenas (1895–1970), lui-même originaire de Michoacán.
La région de Pátzcuaro s’est donc développée autour d’un lac volcanique, le lac de Pátzcuaro. D’une superficie de 126,4 km2, il s’élève à 1920 mètres d’altitude. Quelques îles végètent sur ses eaux: Janitzio, Pacanda, Jaracuaro, Uranden, Yunuen et Tecuena. De plus, un poisson unique au monde, un poisson blanc nommé « Chirostoma estor » (mieux connu sous le nom de « pescado blanco ») s’ébat dans le lac. J’y reviendrai dans mon billet sur Janitzio.
Pátzcuaro est située à environ 57 kilomètres de Morelia, la capitale de l’État. Perchée à 2140 mètres d’altitude, Pátzcuaro compte environ 55 300 habitant-es (2010). Le jour, la température est confortable, mais en soirée, le temps devient plus frais. Des fêtards m’ont fait remarquer avec angoisse, un soir, que je me promenais avec seulement une chemise aux manches courtes, pendant que tout le monde portait un blouson. Ma réponse habituelle: « Soy Canadiense ». Comme quoi la succession des hivers m’a trempé comme de l’acier.
La ville constitue ainsi l’un des épicentres des festivités de Día de Muertos, une fête majeure de la culture mexicaine. Je parlerai plus en détails de mon expérience dans un billet ultérieur. Pour le moment, je soulignerai que le centre historique, tout en rouge et blanc, possède bel et bien un charme. Alors que, d’ordinaire, les centres historiques des villes mexicaines – celles que j’ai visitées, du moins – éclatent en une orgie de couleurs (Guanajuato, par exemple), celui-ci détonne par sa simplicité. En outre, pour celles et ceux qui ont vu le touchant film Coco (2017), la maison de la famille Rivera semble tout droit tirée de Pátzcuaro.
Activités et attractions
En toute franchise, je n’ai pas fait grand chose à Pátzcuaro; j’y étais pour Día de Muertos et la ville vibrait alors au rythme des festivités. Tout me paraissait axé vers cette fête, surtout dans le centre historique. En temps normal, plusieurs musées – comme la Casa de los Once Patios ou le Museo de Artes o de Industriales Populares – accueillent les visiteurs et des églises – comme la Basílica de Nuestra Señora de la Salud – veillent sur les différents quartiers. J’ai tout de même visité l’église Rectoría de San Francisco de Asís (au coin des rues Terán/Federico Tena, en diagonale de la Plaza de San Francisco), lors d’une messe. Je ne suis pas resté longtemps, car l’appel de la bière a été plus fort que l’appel à la rédemption.
J’ai par conséquent été boire un verre (OK, plus qu’un) au sympathique El Verbo Café Imaginario. Je devais être l’une des seules personnes maquillées dans tout le bar. c’est que, en début de soirée, je me suis fait maquiller dans la rue. J’avais décidé de ressembler à Abbath, le musicien norvégien qui a donné au maquillage de « cadavre black métal » ses lettres de noblesse. Sérieux, « googlez » Abbath et soyez prêt-e à une avalanche de photos hilarantes. Abbath devrait être un mannequin, il est une version métal de Fabio. Enfin. Je disais… chouette endroit, que ce El Verbo Café Imaginario. Par contre, on pouvait fumer à l’intérieur. Au Québec, la loi interdit de fumer dans les bars depuis 2006. J’ai pu constater que la fumée de cigarette ne m’avait pas manqué. Malgré tout, j’ai enfilé les Bohemia Obscura et j’ai eu d’agréables discussions avec les membres du personnel, notamment.
J’ai aussi assisté à un spectacle métal à la La Cuesta Vidéo Bar, presque en face du El Verbo Café Imaginario. Je possède un don pour débusquer des spectacles métal, peu importe la ville où je me trouve. Un vrai détecteur de métal, quoi. Blague douteuse à part, je suis entré pendant que le groupe, dont je n’ai pas noté le nom, assaillait le public avec ses chansons qui flottaient entre les univers sonores de Pantera et de Korn. Une plongée en 1997. Pas un style que j’apprécie d’habitude, mais les Bohemia Obscura et mon maquillage d’Abbath ont attisé mon besoin de métal. Deux des musiciens étaient eux aussi maquillés. Je me suis senti moins seul. J’ai bu un verre, j’ai headbangé et je suis parti à la recherche de nourriture, car ma faim a détrôné ma passion pour le métal.
Ce ne fut pas difficile. Des restaurants temporaires avaient été installés partout autour de la Plaza Vasco de Quiroga. Des tables attendaient les convives, alors j’en ai choisi une qui m’interpellait. J’ai mangé des tacos dorados (« tacos dorés »), à 50 pesos (environ 3,35 $ CAN), si je ne m’abuse. Il n’y a rien de plus métal qu’un guey qui mange des tacos dorados maquillé en Abbath, je vous l’assure.
À part ça, des souvenirs sont en vente dans une zone portuaire appelée « muelle general » (« quai général »). D’aucuns diraient qu’ils ne sont que de vulgaires babioles, de foutues cochonneries plus à leur place dans un dépotoir que sur une tablette d’un condo dans un quartier en voie de gentrification; une opinion valide, je l’accorde. Certains souvenirs présentaient tout de même un intérêt: mes tasses en forme de crâne accompagnent aujourd’hui à merveille mes séances d’écoute de death métal de style Stockholm. Je me suis aussi procuré une paire de mitaines en laine à 35 pesos (environ 2,34 $ CAN). Je savourais l’idée d’acheter des mitaines dans un pays considéré « chaud ». Le plus amusant, dans tout ça? J’ai porté ces mitaines à Montréal, en début d’hiver.
Deux tyroliennes ont été aménagées dans le secteur, mais l’une d’elles faisait l’objet de travaux lors de mon passage. Après mûre réflexion, j’ai décidé de pas essayer l’autre, car j’étais ici pour Día de Muertos. Comme les célébrations prenaient du temps, comme elles s’éparpillaient sur un vaste territoire, j’ai dû choisir. Rien contre la tyrolienne, j’aime cette activité, mais je préférais vivre les célébrations au maximum. Je n’ai pas regretté mon choix.
Hébergement
Je voulais séjourner dans une auberge, pour croiser d’autres voyageuses et voyageurs, mais, au moment de préparer mon voyage, j’ai constaté qu’il ne restait que peu d’options, côté hébergement. Et celles qui restaient coûtaient très cher la nuit (pour mon budget). J’ai plutôt réservé une chambre sur Airbnb, une première pour moi. J’ai dormi chez un adorable couple franco-mexicain, près du muelle general. J’ai payé 19 $ CAN la nuit pour une chambre confortable, dotée d’une bibliothèque bien garnie. Je n’ai donc pas de recommandation d’hébergement pour Pátzcuaro.
Nourriture
De nombreux restaurants ont pignon sur lac au muelle general; leurs cartes et leurs prix (entre 50 et 120 pesos, selon le plat, soit environ de 3,35 à 8,03 $ CAN) se ressemblent, alors on peut choisir à l’intuition. Comme j’étais hébergé près de cette zone, c’est là que j’allais me sustenter. J’ai pu dévorer de nombreux plats, comme une sopa tarasca et des chiles rellenos. On sert le fameux pescado blanco dans la plupart de ces restaurants et c’est le plat le plus cher, à 120 pesos en moyenne. Je n’y ai pas goûté, puisque je n’ai pas eu envie de poisson.
J’ai aussi vu des restaurants temporaires à la Plaza Vasco de Quiroga, dans le centre, mais je ne saurais dire si c’est normal ou c’était seulement pour Día de Muertos. Je penche pour la deuxième option.
Transports
Pour aller à Pátzcuaro depuis Morelia (LA grosse ville du coin et passage obligé), le bus constitue l’option la plus simple. Le trajet dure environ 1 h 15, avec un arrêt de quelques minutes à la lisière de la capitale de l’État. J’ai payé 88 pesos (environ 5,89 $ CAN) pour un aller-retour ouvert (pas de date, ni d’heure), au lieu de 55 pesos (environ 3,68 $ CAN) par trajet, avec la compagnie P’urépécha. Les billets doivent être achetés dans le terminal B (« Sala B ») du terminus de Morelia. Le bus termine sa course au terminus de Pátzcuaro. Inutile de réserver ses billets, des bus décollent aux 10-20 minutes durant la journée. Je ne pourrais toutefois confirmer à quelle heure partent les premier et dernier bus.
Des combis – ces fourgonnettes qui fonctionnent comme des bus – circulent dans les rues de Pátzcuaro. Un trajet coûte 8 pesos (environ 0,54 $ CAN). Le combi #3 relie le muelle general au centre historique, avec un crochet près du terminus de bus; le trajet donne ainsi un bon aperçu de la ville.
Des bateaux partent de Pátzcuaro vers les îles du lac. Il y aurait trois points de départ; j’étais près du muelle general, alors je vais me concentrer sur ce point. Les prix varient bien sûr selon la destination. Ainsi, un billet aller-retour pour Janitzio coûte 60 pesos (environ 4,02 $ CAN). Un billet Janitzio/Yunuen se vend 90 pesos (environ 6,07 $ CAN) pour un aller/retour (je présume), mais il faut un minimum de 3 personnes dans le bateau. La femme au guichet m’a avoué que les autres îles, outre les deux tyroliennes, ne proposaient que peu ou pas d’activités intéressantes. À noter qu’il n’est pas possible d’aller à Pacanda depuis le muelle general. Comme Janitzio accueillait de nombreux événements pour Día de Muertos, j’ai décidé de passer mon temps là-bas. Et je ne l’ai pas regretté.
Prochaine destination: Janitzio.