Tzintzuntzan. « Pays des colibris », en langue purépecha (du mot « Ts’intsuntsani »). Je n’avais jamais entendu parler de cet endroit avant de mettre les pieds à Pátzcuaro. Mais je suis aujourd’hui heureux d’y avoir été. Je ne ferai pas un billet comme les autres pour parler de Tzintzuntzan, car je n’y suis resté que 3 h 12, environ. Une saucette, pour utiliser une expression de ma tendre enfance. Je n’aurai donc pas beaucoup à écrire sur le sujet. Mais c’est encore drôle. On parie que j’arrive à moins de 1500 mots? À suivre…
Observations générales
Tzintzuntzan est un pueblo mágico de l’État mexicain de Michoacán. La ville était la capitale du royaume purépecha/tarasque à l’époque précolombienne, à partir du XVe siècle (auparavant, la capitale se trouvait à Pátzcuaro). Tout d’abord, une distinction s’impose: les noms Purépechas et Tarasques identifient le même peuple: il semblerait toutefois que le terme « tarasque » soit un héritage maladroit des colonisateurs espagnols et que les « Tarasques » eux-mêmes se désignaient comme « Purépechas ». Le terme « tarasque » aurait même une connotation péjorative, selon certains. Et les descendant-es des Purépechas préféreraient leur nom original. Donc, à partir de maintenant, et ce, pour le reste de ce billet, je vais employer « Purépechas ». Ceci dit, les Purépechas auraient commencé à dominer la région autour de 1000. Ils auraient ensuite agrandi peu à peu leur territoire, jusqu’à son apogée, vers 1250. Ils guerroyaient avec les Aztèques, notamment. Puis, vers 1325, le guerrier Tarícuri serait devenu le 1er empereur des Purépechas. La consolidation de l’empire se poursuivit et, autour de 1440, une bureaucratie administrative fit son apparition.
L’arrivée des Espagnols a recalibré les rivalités. Les Purépechas ont préféré se rendre aux Espagnols, dans les années 1520, afin de préserver leur culture, mais ces derniers ont tout de même rasé la région. Cet article Wikipedia donne un aperçu détaillé de l’histoire de la ville, pour celles et ceux qui souhaitent en savoir plus.
Alors que les cultures aztèques, mayas et autres ont captivé les chercheurs depuis longtemps, le site de Tzintzuntzan n’a commencé à être étudié que dans les années 1930. Un manque d’intérêt, paraît-il. Aujourd’hui, la ville compterait environ 14 500 habitant-es (2015) et elle se berce à environ 2050 mètres d’altitude.
Le cimetière
La raison pour laquelle je voulais venir à Tzintzuntzan. C’est mon hôte Airbnb de Pátzcuaro qui m’avait recommandé cette visite. Le cimetière se situe à l’entrée de la ville, sur la route qui relie Pátzcuaro et Quiroga. On ne peut le manquer.
Le cimetière était décoré pour Día de Muertos. Des fleurs orange partout, les cempasúchitl (du nahuatl « cempōhualxōchitl », soit « vingt fleurs ». Le nom peut revêtir différentes orthographes, comme « cempaxochitl » ou « zempaxuchitl ». En français, on les appelle « roses d’Inde » ou « soucis »). Des cierges. Des photos de défunts. Des objets que ces personnes aimaient. Des bouteilles de bière ou de tequila. Des vivants, bière ou soda à la main, jasant, tranquilles, assis sur des chaises pliantes. Ambiance légère, bon enfant. Pas de drame. Pas de larme. Les visiteurs arrivaient en un flot continu. Certain-es pour honorer la mémoire d’un proche, d’autres, comme moi, par simple curiosité.
Des gens vendaient des souvenirs à l’extérieur du cimetière. J’y ai acheté l’un de ces fameux calaveras, ces représentations de crânes humains associés à Día de Muertos. J’ai payé le mien 250 pesos (environ 17,02 $ CAN). Trop cher? J’en suis sûr. Mais je le voulais. Il rocke.
La zone archéologique
Ces ruines laissées par les Purépechas constituent l’attraction principale de la ville. Ils avaient fait du site leur centre cérémoniel. Ayant été détruit par les Espagnols, il ne contient aujourd’hui que cinq pyramides arrondies (dites de type « yacata »), la plateforme sur laquelle elles ont été érigées et quelques vestiges de bâtiments.
Les ruines surplombent la ville et le lac de Pátzcuaro. Vues idéales pour un décor de comédie romantique prévisible mais attendrissante. Comparée à de nombreux sites archéologiques mexicains plus connus (Chichén Itzá, Teotihuacan, Monte Albán, etc.), la zone archéologique de Tzintzuntzan est petite; il ne faut que 19 minutes et 43 secondes – peu ou prou – pour en faire le tour. Puisque moins spectaculaire, la zone n’est pratiquement jamais mentionnée dans la conversation des sites archéologiques majeurs du Mexique. Pourtant, les Purépechas formaient un peuple intrigant. Par exemple, leur langue aurait, selon les recherches, davantage en commun soit avec le quechua, l’aymara (parlées au Pérou) ou le zuñi (parlé au Nouveau-Mexique et en Arizona), soit avec une famille linguistique nommée chibcha-paeza, que les autres langues précolombiennes du territoire qui devint le Mexique.
L’entrée coûte 55 ou 60 pesos (environ 3,74/4,08 $ CAN), mais on m’a demandé 50 pesos (environ 3,40 $ CAN). Je présume que mon arrivée tardive – une heure avant la fermeture – a contribué à ce rabais impromptu. En outre, on peut se rendre à la zone depuis la ville: il faut dépasser le cimetière, tourner à droite au marché d’artisanat et monter les marches tout au fond de l’allée. Il suffit ensuite de se diriger vers la gauche, par l’Avenida Las Yácatas, jusqu’à l’entrée du site.
Des artistes en costume traditionnel purépecha distrayaient les visiteurs devant l’entrée. Quétaine, oui, mais fascinant quand même. J’ai aussi croisé un couple âgé qui promenait un troupeau de vaches et une mitaine seule, sans sa jumelle. Les mitaines et les bas… condamnés à croupir dans la solitude, peu importe le pays.
Somme toute, j’ai aimé ma visite, mais celles et ceux qui recherchent du spectaculaire, qui ont visité d’autres sites archéologiques mexicains pourraient être déçu-es. D’où l’importance de baisser ses attentes avant d’y aller. Enfin, le site est toujours utilisé, comme lors du Festival Cultural del Fin de Año Nuevo P’urhépecha. Les communautés locales célèbrent alors leurs cultures à travers danses, chants et jeux.
Le marché d’artisanat
Comme je le mentionnais plus tôt, peu après le cimetière s’active un marché d’artisanat qui déborde de chaque côté de la route entre Pátzcuaro et Quiroga: le Portales de los Artesanos de Tzintzuntzan. Des vendeurs y proposent des objets sculptés, tricotés, soudés, peints, etc. pour le plus grand bonheur des flâneuses et flâneurs. Je ne m’y suis pas arrêté, puisque j’avais déjà acheté tous les souvenirs désirés.
Un joli complexe
Ce complexe réunit la Iglesia Del Señor Del Rescate, le Templo de la Soledad, l’ancien Hospital de Indios et un parc intérieur, l’Atrio De Los Olivos Don Vasco De Quiroga. Un ancien couvent fait aussi partie de la Iglesia, mais il a été transformé en musée; comme j’étais en fin d’après-midi et comme je voulais revenir tôt à Pátzcuaro pour aller à Janitzio en soirée, je ne l’ai pas visité. J’ai toutefois traversé le Templo, sobrement décoré pour Día de Muertos. Et l’Atrio s’avère propice aux lentes promenades main dans la main. Entrée gratuite, sauf pour le couvent.
À noter la facilité de relier à pied le couvent, le marché et la zone archéologique, via l’Avenida Las Yácatas.
Parlons transport
Des combis (des fourgonnettes qui fonctionnent comme des bus) partent du centre de Pátzcuaro vers Tzintzuntzan; je suggère comme point de départ la jonction des rues Padre Lloreda, Buenavista et Ahumada; c’est là que j’ai déniché mon combi. L’Hotel Valmen peut servir de point de repère, tout comme le Centro Cambiario Multidivisas del Centro. Un stand d’information touristique avait été installé à ce carrefour et des gens m’ont guidé vers le bon véhicule. Il faut en choisir un avec le panneau « Tzintzuntzan » dans le pare-brise. Il est cependant possible que d’autres combis s’y rendent sans le mentionner explicitement dans leur pare-brise. De plus, l’horaire ne semblait pas régulier, alors la patience est de mise. Il en coûte 20 pesos (environ 1,36 $ CAN) pour un trajet d’environ 17,5 kilomètres. Durée: une vingtaine de minutes… au moins. Il peut paraître plus long, si le combi est plein, car les derniers passagers à embarquer doivent rester debouts. J’ai débarqué au cimetière de Tzintzuntzan, sur le chemin qui relie Pátzcuaro et Quiroga (officiellement l’autoroute fédérale mexicaine 120).
De Tzintzuntzan, le combi passe devant le cimetière. Encore là, il faut surveiller les panneaux dans le pare-brise. Il est préférable de héler le combi, car sinon il risque de ne pas s’arrêter. Comme à Pátzcuaro, l’horaire ne semblait pas constant, alors prévoir un peu plus de temps qu’on ne le juge nécessaire devrait permettre un retour moins stressant.
Finalement, 1429 mots. Pari réussi. Je m’améliore.
Prochaine destination: Día de Muertos, de l’intérieur.