Paramaribo: un guide incomplet (2e partie)

Le centre historique de Paramaribo

Dans la première partie de ce billet, j’avais présenté une brève histoire de Paramaribo, mes observations générales sur la ville et quelques-unes de ses attractions. Dans cette deuxième partie, je vais aborder des aspects plus pratico-pratiques de la capitale surinamienne, comme la question du budget. Ma copine et moi avons séjourné à Paramaribo du 24 au 27 avril 2018.

Budget

Le devise du Suriname est le dollar surinamien (son symbole officiel est SRD, mais je préfère le mien: $ SR). Au moment d’écrire ces lignes, 1 $ SR vaut environ 0,17 $ CAN. L’euro et le dollar US sont les principales devises acceptées par les bureaux de change. Plusieurs d’entre eux se situent au centre-ville, mais d’autres ont investi (oui, choix de mot délibéré) la Wilhelminastraat. On a ainsi effectué un arrêt au Moneyline, à trois pas de notre B & B. On n’a pas eu à présenter notre passeport au moment d’effectuer des transactions, ce qui m’a un peu surpris. Voici ce qu’on y a obtenu:

– Pour 75 $ US = 564 $ SR
– Pour 50 Euros = 456 $ SR

Question argent comptant, la propriétaire de notre B & B nous a recommandé d’utiliser les guichets de la Republik Bank. On a pu retirer avec nos cartes VISA et MasterCard, mais ma carte de débit Desjardins n’a pas fonctionné. D’autres institutions bancaires ont pignon sur rue, mais on ne les a pas essayées. Comme toujours, vérifiez la compatibilité de vos cartes avec les réseaux locaux (Plus, Cirrus, etc.) et prévoyez deux ou trois cartes d’institutions différentes, au cas où.

Il faut des dollars du Suriname pour magasiner chez Gangnam.

Oh, et si jamais vous éprouvez une irrésistible envie de perdre de l’argent, la ville regorge de casinos plus louches les uns que les autres.

Un casino… mon plan de retraite

Pour les personnes qui envoient encore des cartes postales (et je sais que vous êtes plus nombreux que la rumeur ne le prétend), le bureau de poste se trouve sur la place jouxtant Grote Kerk Straat (accessible depuis Keizerstraat). On y a expédié 15 cartes postales au Canada. Les timbres nous ont coûté 93 $ SR (environ 16,17 $ CAN, soit environ 1,08 $ CAN par carte). Je ne connais pas les prix pour l’Europe ou ailleurs dans le monde. On a déniché les cartes postales à la galerie d’art-magasin Readytex; de mémoire, elles coûtent entre 1,50 et 3 $ SR chacune (entre 0,26 et 0,52 $ CAN, environ). Elles représentent surtout des paysages verdoyants ou des animaux venimeux, les fiertés du Suriname.

Hébergement

Le choix d’hébergement à Paramaribo m’a paru limité, surtout pour les voyageurs à petit budget. Des grandes chaînes d’hôtels, comme Marriott et Ramada, y ont implanté un établissement, mais je préfère éviter les hôtels, trop impersonnels à mon goût. Au final, on a dormi au B & B Famiri, sur Axwijkstraat. On a payé 31 euros la nuit (environ 47,45 $ CAN), en argent comptant, pour une chambre en occupation double, avec climatisation et filet antimoustique. Un déjeuner complet est offert en extra pour 6 euros (environ 9,18 $ CAN) par personne. Les invité-es peuvent profiter, entre autres, d’une cuisine bien équipée, de nombreuses aires de repos et d’une piscine gonflable de bonnes dimensions. Je n’aurais pu faire une bombe dans la piscine, mais pour une saucette, bière à la main, elle est parfaite. Le gîte est situé un peu à l’extérieur du centre, dans un secteur tranquille, mais on peut facilement se rendre à pied au coeur de l’action en 17 minutes et 38 secondes.

B & B Famiri

On a beaucoup aimé cet hébergement. Il était calme, charmant et agréable. Un gîte idéal pour couples. Anneke, la gérante et propriétaire, est attentionnée et elle peut fournir une masse de renseignements et de conseils pertinents pour réussir un voyage au Suriname. Elle s’occupe d’une agence de voyage, aussi, alors elle peut réserver des excursions pour ses invité-es. Elle nous en a suggérées plusieurs et on a choisi celles qui correspondaient à nos intérêts. Ses prix étaient pareils à ceux d’autres agences, donc pas d’arnaque. Excellent service, dans l’ensemble.

Nourriture

Des restaurants sans prétention se sont établis le long du fleuve Paramaribo, dont le bien nommé Ken Tucky. On devine sans difficulté l’inspiration derrière ce nom. Bref, ces bouis-bouis s’avèrent idéaux pour économiser sur la bouffe. Il ne faut juste pas espérer y vivre une expérience gastronomique renversante. Mais il n’y a pas de repas qu’un litre de Parbo froide ne peut améliorer. Les restaurants de cuisines asiatiques sont communs un peu partout, aussi. Par contre, j’ai eu l’impression que les végétariens/végétaliens auraient de la difficulté à trouver des restaurants appropriés, considérant l’obsession locale pour le poulet frit. Cuisiner soi-même constitue alors une meilleure option.

Pour la subtilité, on repassera. Pour la bouffe aussi.

Or, par une heureuse coïncidence, la Wilhelminastraat compte quantité d’épiceries. On pouvait cuisiner à notre B & B, alors on a concocté une poutine avec du gouda en tranches obtenu à l’un de ces commerces et des frites achetées dans un resto du coin. J’avais apporté un sachet de sauce à poutine en poudre, comme d’habitude. Ça et des sous-vêtements propres, mes essentiels de voyage. Je disais… le résultat? Une réussite, malgré le petit format de l’exquise. Une des meilleures poutines de voyage de ma vie. On a également acheté du papier hygiénique en prévision de nos excursions dans la jungle et, avec du recul, je vous recommande cet achat pour d’évidentes raisons.

La poutine du Suriname. La petite exquise.

Enfin, d’importantes chaînes de restauration rapide étatsuniennes ont envahi la ville: McDonald’s, Burger King, Subway, PFK, Popeye’s, etc. D’accord, en soi, l’idée de manger dans de telles chaînes en voyage peut rebuter certain-es, mais, à tout le moins, les menus prévisibles combleront les « conservateurs culinaires ». Élément curieux: le McDonald’s annonçait la vente de… poulet frit. Confusion des genres? Une autre preuve de l’obsession locale pour ce mets.

Du poulet frit au McDo? Mais où va le monde, dites-moi.

Transports

On est arrivés à l’aéroport international Johan Adolf Pengel de Paramaribo (PBM) avec un vol de Surinam Airways en provenance de Port-d’Espagne (POS), à Trinité-et-Tobago. Le vol a duré environ 1 h 30; on est arrivés à PBM vers 20 h, heure locale. Une fois débarqués, on a fait la file pour obtenir la carte de touriste. Le guichet pour la fameuse carte saute aux yeux à l’entrée du terminal des arrivées, alors les chances de le rater sont aussi faibles que celles de ne pas remporter le gros lot au bingo hebdomadaire dans le sous-sol de l’église de Saint-Isidore-de-Clifton. La file a cependant été perturbée par un groupe de touristes qui, visiblement, ne comprenaient pas la procédure. Arrivée un peu chaotique donc, malgré nous. La carte coûte 35 euros (environ 53,59 $ CAN) ou 40 $ US (environ 51,96 $ CAN); le choix de la devise revient au voyageur.

Départ de l’aéroport Piarco de Port-d’Espagne

Nouvelle file, cette fois pour le guichet de l’immigration. On a franchi cette étape vers 21 h, après une trentaine de minutes d’attente. Comme on n’avait que des bagages de cabine avec nous, on n’a pas eu à poireauter pour récupérer nos possessions. Un chauffeur qui devait nous mener au B & B Famiri nous attendait à la sortie. Il tenait une pancarte sur laquelle était écrit – correctement, pour une fois, je dois le souligner – mon nom. On s’est donc présentés, puis on a suivi l’homme jusqu’à sa voiture. La chaleur humide nous a alors léchés comme un chien qui se jette avec passion sur un pauvre cornet de crème glacée. Notre chauffeur, sympathique gaillard, conduisait toutefois comme un cinglé, sans se soucier de la pluie battante. On a ainsi effectué des dépassement audacieux, négocié des virages de façon serrée, roulé à des vitesses excessives vu les circonstances. Le trajet a duré environ 1 h 30, mais il a paru plus long que ça, en raison des frasques du Jacques Villeneuve local. On a payé 25 euros (environ 38,28 $ CAN) pour ce transfert. On peut aussi le payer en dollars US (30, soit 38,97 $ CAN). On n’a pas regretté notre investissement, malgré tout, puisque ç’aurait été chiant d’essayer de retrouver par nous-mêmes notre hébergement dans une ville inconnue à cette heure.

Un tuk-tuk format géant… une des premières choses que l’on a vues à Paramaribo

La marche convient à merveille aux déplacements en ville. Pas besoin de taxi donc, sauf peut-être en soirée ou pour accéder à des lieux plus éloignés, comme l’aéroport. Par ailleurs, j’ai constaté que le transport en commun n’était pas particulièrement développé; j’ai certes vu des fourgonnettes servir de bus, un peu comme les combis mexicains, mais leur nombre ne m’a pas semblé aussi important que dans d’autres villes latino-américaines d’envergure similaire. Des bus interurbains se promènent sur les routes aux conditions variables, mais selon mon guide du Brownsberg, ces circuits ne constituent pas un réseau fiable pour couvrir l’ensemble des destinations possibles à travers le pays. D’autant plus que certaines villes ne peuvent être rejointes qu’en bateau. Quant aux avions… les aéroports sont rares sur le territoire – seulement deux offrent des vols commerciaux et ils sont tous deux situés à Paramaribo. Il y aurait cependant des pistes d’atterrissage à travers le pays, desservies par des compagnies régionales au départ de l’aéroport Zorg en Hoop de Paramaribo (ORG), comme Blue Wing Airlines, Caricom Airways et Gum Air. À noter que Blue Wing Airlines aurait éprouvé des problèmes au fil des années, côté sécurité. Et les prix? Je ne sais pas, je ne les ai pas vérifiés. Faites vos propres recherches, ça fait partie du plaisir d’organiser un voyage. Somme toute, je crois que cette option peut s’avérer intéressante, si l’on tient mordicus à se rendre dans des endroits précis, inaccessibles par la route.

La preuve que j’ai été au Suriname.

Une expérience intéressante

Alors voilà, Paramaribo. Pas la ville la plus géniale que j’ai visitée, mais elle possède quand même des caractéristiques intéressantes. Son centre historique dégage un charme de lente séduction; ses vieilles maisons en bois m’ont rappelé celles de Lennoxville, siège de mon enfance. Et constater la proximité entre la mosquée S.I.V. et la synagogue Neve Shalom, ces paisibles voisines, vaut à lui seul un arrêt dans la capitale surinamienne. De toute façon, quiconque pose ses sacs au Suriname passera inévitablement par Paramaribo à un moment ou à un autre, car la ville est le coeur du pays. Alors aussi bien d’en profiter un peu pour la découvrir.

Prochaine destination: les dauphins et les tortues du fleuve Suriname.

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