Dans la première partie de ce billet, j’ai parlé de notre première journée, à ma copine et moi, dans le parc nature Brownsberg, au Suriname. Dans cette deuxième partie, je présente la première soirée/nuit et la deuxième journée dans le parc, les 27 et 28 avril 2018, respectivement, de même que le départ vers l’île d’Isadou. Où en étions-nous? Ah oui… après une promenade de quelques heures, on avait envie de relaxer. On a donc été au restaurant du camp.
Une nuit bien méritée
Une fois attablés, on a jasé. Justin nous a expliqué les rouages de son métier. Il connaît à peu près tous les acteurs de l’univers touristique du Suriname. Fascinant compte rendu. Il s’est ensuite retiré pour préparer le souper. Ma copine et moi sommes restés. Une télévision surplombait la « section clients » (si je peux m’exprimer ainsi). On y a regardé… Ready to Rumble (2000). Cet imbuvable navet mettant en vedette des stars de la défunte WCW, la World Championship Wrestling, présenté ici, au freakin’ Suriname? Je n’en croyais pas mes yeux. D’aucuns estiment que ce film a contribué à la retentissante faillite de l’organisation, le 26 mars 2001. David Arquette, l’acteur principal, a lutté de vrais matchs dans la WCW et il est même devenu leur champion poids lourd. Cette situation a provoqué la consternation, voire la colère des lutteurs de carrière. Bref, le film est devenu un pathétique symbole des problèmes de l’organisation et aujourd’hui, avec le recul, il génère un exquis malaise dans l’auditoire. Oh Macho Man… pourquoi?
Les employés du resto ont visiblement peu apprécié le film, puisqu’une dame a vite changé la chaîne pour un bulletin de nouvelles. Un long reportage sur une équipe de basketball. De la politique régionale. La météo. Les suspects habituels, quoi. Des femmes et des hommes se succédaient au pupitre. J’aime regarder les bulletins de nouvelles dans les pays que je visite, je peux alors jauger de ce qui est important pour leurs citoyen-nes. Notre quota d’actualités atteint, on a trotté jusqu’au camp. Justin s’activait dans la « cuisine ». Il a tenu compte des allergies alimentaires de ma copine. Une attention fort appréciée. Un repas délicieux, au terme d’une journée d’activité physique intense. Repus, on a dormi dans un hamac, recouvert d’un filet antimoustique. C’est que oui, il y en a, des moustiques, dans une jungle…
Et on remet ça
J’aime me reposer dans un hamac, mais y dormir, c’est une autre histoire. Je somnolais une heure par-ci, une heure par-là, je me réveillais de façon régulière. Pas ma meilleure nuit. En outre, le temps était frais, l’humidité n’avait pas quitté les lieux. J’avais apporté de nombreuses pièces de vêtements, alors je me suis réfugié dans celles-ci.
On s’est levés tôt, la clarté du jour empêchant toute tentative de grasse matinée. Un épais brouillard recouvrait le camp. J’ai effectué une promenade à travers le site. Le calme plat. Envoûtante atmosphère. L’une des raisons pour lesquelles je voulais marcher dans la nature. Décrocher. Un faible signal Wi-Fi semblait atteindre les lieux, si je me fie au temps passé par Justin sur son téléphone, mais je ne tenais pas à surfer le net. J’ai laissé mon téléphone dans ma poche, je ne m’en servais que pour prendre des photos, à l’occasion. Ce que ça peut faire du bien, une cure de désintox numérique, si brève soit-elle. D’autant plus que je travaille dans l’univers des communications…
On a alors déjeuné. Le soleil avait percé le rideau vaporeux. J’ai pris une douche, même si je savais que c’était une perte de temps et de propreté. Une habitude profondément incrustée, j’imagine. On a préparé nos bagages, car on devait attraper une navette pour l’île d’Isadou à 14 h 30, dans le village de Brownsweg. On voulait être prêts à bouger au moment opportun.
Puisqu’on avait encore de précieuses minutes devant nous, Justin nous a proposé d’aller voir une autre chute, appelée Mazaroni. On a accepté. On a grimpé à bord du 4 X 4 et on a parcouru un chemin cahoteux, parsemé d’énormes flaques d’eau boueuse rougeâtre.
À un certain moment, Justin a ralenti le véhicule et il nous a montré quelque chose: des traces fraîches de jaguar. J’adore les félins, mais je ne tenais pas à rencontrer de trop près ce spécimen dans son élément. Quelques instants plus tard, un autre arrêt. Cette fois… un caïman se la coulait douce dans une flaque. Il restait immobile, malgré notre présence. J’en ai conclu qu’on n’était pas menaçants et j’ai décidé de le prendre comme un compliment.
Dans un rebondissement digne d’un film de Nicolas Cage, on a dû se rendre à l’évidence: la route était bloquée par un arbre tombé au combat, déraciné par le vent. Impossible de continuer en véhicule. Justin a bien tenté d’enlever des branches à l’aide de sa machette, mais c’était peine perdue. On a donc commencé à marcher vers la chute.
Le sentier pour s’y rendre fut escarpé, davantage que celui de la veille. Des lianes et des cordes nous ont cependant aidés à marcher. D’ailleurs, la texture des lianes est rugueuse. Tarzan doit avoir toute une épaisseur de corne sur ses mains pour pouvoir sauter de liane en liane sans se blesser. Je dis ça comme ça. Avec l’humidité ambiante, la promenade devint un exercice complet. Ma douche était loin. Au bout du chemin? Une chute toute mignonnette, dans son écrin de verdure.
On s’est baignés, en savourant la fraîcheur de l’eau, en se laissant masser par le courant. Puis, on a ramassé nos trucs et on est retournés d’abord vers la voiture, puis vers le camp. On a encore croisé un serpent… mais cette fois, l’incident fut beaucoup moins dramatique que celui de la veille. La bête a fui sans demander son reste.
Justin a concocté le dîner en vitesse, car on a réalisé qu’on pourrait être en retard au point de rendez-vous pour Isadou. On a mangé en trois bouchées, récupéré nos bagages et on a sauté dans le 4 X 4. Justin conduisait aussi vite que possible, mais la route sinueuse ne permettait pas de folies.
Or on est arrivés pile poil à l’heure… pour constater que notre lift n’était pas encore là. En fait, il patientait à un autre point de rendez-vous. Justin a fini par le joindre au téléphone et il s’est pointé illico. On a remercié Justin pour ses services. Un homme admirable. Il connaissait son pays, il en était fier, il tirait un sincère plaisir de le faire découvrir aux visiteurs. Il nous a donné une masse d’informations sur divers aspects de la vie ici. J’ai l’impression d’avoir beaucoup appris, grâce à lui. Selon mes expériences, les guides sont de qualité variable; là, je dois avouer qu’on a eu le plaisir d’en côtoyer un de grande qualité. On lui a donné un pourboire bien mérité.
Départ pour Isadou
On a pris place dans la fourgonnette privée qui devait nous amener jusqu’à Atjoni, le port à partir duquel on pouvait rejoindre Isadou. Un ami du conducteur a tenu à nous accompagner. Il semblait avoir déjà bu quelques bières. Ça promettait. Au moins, la climatisation était bienvenue…
Conseils pour le Brownsberg
Je ne vous apprends rien, mais une promenade dans la jungle demande un minimum de préparation. Quelques suggestions de trucs à apporter:
– De confortables et solides souliers de marche;
– Un produit antimoustique et de la crème solaire. Un chapeau peut aider, aussi;
– Un EpiPen, des comprimés et autres moyens de lutter contre les conséquences de vos allergies, le cas échéant. Et n’oubliez pas de préciser vos allergies à votre agence de voyages;
– Des vêtements de rechange, tant en raison de la sueur que des taches de boue;
– Des vêtements plus chauds pour la nuit;
– Du papier hygiénique. Pour d’évidentes raisons;
– Une trousse de premiers soins;
– Du savon pour les mains, pour les germophobes. Savon et shampoing, sandales, etc. Une serviette en microfibres de préférence, car avec toute cette humidité, une serviette en coton prendrait 87 ans à sécher;
– Un appareil photo, pour ne rien manquer du spectacle;
– Mais surtout, de l’eau. Beaucoup d’eau.
Voilà donc pour le parc nature Brownsberg.
Prochaine destination: Isadou.