Ce billet servira de conclusion à ma série sur le Suriname. J’aurai donc mis moins de temps à la compléter que celle sur mon dernier séjour au Mexique (2017) ou celle sur mon voyage en Ouzbékistan (2016). Je devais être inspiré. Donc… le départ d’Isadou, le 30 avril 2018, s’est déroulé sous la pluie. Et, en raison d’un malentendu, on est retournés au B & B Guesthouse Famiri, à Paramaribo, au lieu d’aller directement chez Frank, notre dernier gîte prévu au pays. On est par conséquent arrivés chez Frank bien plus tard que prévu. Mais on y était. Et c’était ce qui comptait.
Chez Frank
Frank, un Néerlandais, vit avec sa famille sur ce terrain. On y trouve par conséquent sa maison, une piscine, une chambre dans un arbre, un bar extérieur et des installations sanitaires. Le meilleur argument pour dormir chez Frank? L’emplacement. L’endroit est situé à 5 minutes de voiture pile poil de l’aéroport. Je n’y croyais pas trop quand Anneke, la propriétaire de notre B & B de Paramaribo, nous l’avait déclaré, mais c’était la vérité. De plus, notre chambre était en fait une cabane construite dans un arbre. Deux lits. Un balcon. Une lanterne installée à l’extérieur pour les pipis nocturnes. Des oiseaux qui chantent partout. J’avais huit ans à nouveau.
Une grande piscine d’eau douce (ça se dit, pour une piscine?) dominait une partie de la cour. Assez grande en tout cas pour accueillir une équipe de football junior ET une équipe nationale de lutte amateur. Détail intéressant: la profondeur est constante, peu importe où l’on circule dans la piscine. J’ai aimé ma brève saucette, après toutes ces heures à m’engourdir dans une voiture.
On a payé 25 $ US (environ 33,10 $ CAN; sinon, c’est 20 Euros, soit environ 30,84 $ CAN. La devise reste au choix de l’invité-e) par personne pour la chambre, pour une nuit, plus 25 $ US (ou 20 Euros, toujours au choix) par personne pour le transfert vers l’aéroport. Les repas étaient inclus. Le souper a été servi: du bami (ou bakmi; en néerlandais, « Javaanse Bami »), un plat de nouilles d’origine indonésienne, souvent accompagné de poulet, de légumes et de sauce piquante. On a pris une douche, on a préparé nos bagages et on s’est couchés tôt. On devait aller à l’aéroport pour 4 h, le 1er mai. À 3 h 15, on était debout. On nous a apporté le déjeuner, on a mangé, on a vérifié les bagages une dernière fois. Vers 4 h, on a embarqué dans la voiture.
À 4 h 05, on entrait sur le terrain de l’aéroport international Johan Adolf Pengel (code AITA : PBM). À 4 h 06, on pénétrait dans le terminal. Ainsi donc, Anneke avait raison. Cool. Sans tarder, on a été s’enregistrer, on a obtenu nos passes d’embarquement. On a ensuite franchi la sécurité. On a alors exigé de voir mon carnet de vaccination; une première dans tous mes voyages. Je le traîne toujours avec moi, mais jamais je n’avais eu à le montrer. Heureux de l’avoir eu à la portée de la main au moment opportun. Pour le reste, les formalités ont été expéditives. Pas comme si l’aéroport de Paramaribo était le plus achalandé qui soit, après tout. N’empêche, notre vol pour Port-d’Espagne – avec Caribbean Airlines – allait être rempli, si je me fiais à la foule dans la salle d’attente. L’avion étant stationné près du terminal, on a marché sur le tarmac pour l’embarquement. Un signe indéniable que l’on se trouve dans un aéroport de taille « humaine ». On est partis à l’heure prévue, soit 5 h 40, heure locale. Vol plein, tel que je l’avais anticipé. On est arrivés à Port-d’Espagne à 6 h 10, heure locale. Le vol a duré environ 1 h 30, et non 30 minutes; une heure sépare les deux capitales. Un saut de puce, quoi.
Port-d’Espagne
Cette fois, on est restés dans l’aéroport international de Piarco (code AITA: POS) de Port-d’Espagne. On était heureux d’avoir pu visiter la ville, la dernière fois (malgré la chaleur et l’inconvénient d’avoir à traîner nos bagages), mais on n’avait pas envie de recommencer. Pas comme si la ville avait tant d’irrésistibles attraits, de toute manière. On a donc relaxé dans la portion centrale, jusqu’à ce que l’on commence le processus habituel: embarquement, sécurité, immigration. Simple et rapide. Une fois dans l’aire d’attente, on a acheté des sauces piquantes (une à base de chadon beni – aussi appelé « culantro » – et une à base de « scorpion pepper ») à l’un des magasins de souvenirs. On les a goûtées dès que possible, une fois à la maison. Je n’ai pas la prétention d’avoir une bouche en amiante, capable de résister aux feux les plus intenses de l’univers des piments, mais après des séjours en Thaïlande, en Inde et au Mexique, j’ai néanmoins développé une certaine tolérance au piquant. Mais là, je dois avouer que la sauce au « scorpion pepper »… wow. De la lave en bouteille. Tellement piquante que je ne l’utilise presque jamais et quand j’ose l’incorporer à un plat, j’y vais avec une extrême parcimonie. Car la brûlure de l’entrée n’est qu’un douloureux prélude à celle de la sortie. Pour les geeks du piment, le « scorpion pepper » atteint en moyenne 1,2 million d’unités sur l’échelle de Scoville; il a été le piment le plus piquant au monde pendant quelques années, avant d’être détrôné par le California Reaper (moyenne de 1 569 300 unités sur l’échelle de Scoville). Le California Reaper a été dépassé, en 2017, par le Pepper x… à 3 180 000 d’unités sur la fameuse échelle. De quoi liquéfier un système digestif…
Toronto
Le vol de Port-d’Espagne est parti à 13 h 05, heure locale, et il a duré environ six heures. J’ai eu le temps, entre autres, de regarder Black Panther (2017) et d’écouter l’excellent album Unleash the fire (2014) de Riot V (un retour grandiose avec un nouveau chanteur, Todd Michael Hall. Il s’agit du premier disque du groupe de heavy/power métal étatsunien après le décès de Mark Reale, son guitariste/fondateur, en janvier 2012). On a atterri à l’aéroport Pearson de Toronto (code AITA: YYZ) vers 19 h 10, heure locale. On n’avait pas de bagages en soute, mais on a dû rencontrer un agent pour lui présenter les sauces piquantes, le café et les savons artisanaux achetés au Suriname et à Trinité-et-Tobago. Probablement l’agent d’aéroport le plus cool que j’ai rencontré à vie – en Amérique du Nord, en tout cas. Je pense même lui avoir donné envie d’aller au Suriname avec sa copine…
Vers 20 h, on a pu sortir de l’aéroport. On a ensuite pris un bus express (# 192) jusqu’à la station de métro Kipling, pour 3,25 $ CAN. Le prix n’était pas indiqué sur le bus, mais une note mentionnait que le chauffeur n’acceptait que la somme exacte. Je me suis renseigné auprès du chauffeur sur ladite somme. Je ne l’avais pas. Je lui ai rappelé que le prix n’était affiché nulle part. L’homme m’a alors laissé entrer gratis, en maugréant. Blâme la société de transport, mec, pas les passagers. On a ensuite débarqué à la station Donlands, autour de 21 h. On a enfin trotté jusqu’au The Only Backpackers, là où j’avais créché lors d’un précédent passage dans la ville, en décembre 2014. On a payé 36 $ CAN chacun pour une nuit dans un dortoir mixte de quatre lits, déjeuner inclus. Hélas, on a dû partir avant l’heure du déjeuner. Le seul truc dérangeant de cette auberge est qu’il n’y a personne sur place après 2 h; il faut téléphoner à un ou une responsable en cas de pépin. Une stratégie étrange, peu commode et potentiellement dangereuse. Sinon, le pub/café au rez-de-chaussée s’avère invitant, avec des bières de micro-brasseries canadiennes. J’y ai vu une création de l’excellente Dieu du Ciel, originaire de Montréal… un choix judicieux.
On a déniché un repas léger, on a mangé et on a été dormir, épuisés par une longue journée de déplacements. On a tout de même préparé les bagages pour le lendemain avant de s’écrouler dans nos lits. Un geste respectueux, mais qui, malheureusement, ne semble pas compris par toutes et tous; une invitée de notre dortoir a préparé les siens… vers 4 h. Connasse. Un autre invité a alors commencé à lui parler, dans l’espoir apparent d’obtenir ses coordonnées. Il la crouzait. À 4 h. Dans un dortoir d’auberge. Jériboire qu’il faut être désespéré pour s’abaisser à une telle « stratégie » de séduction. Je leur ai fait comprendre, avec un ton de voix sans équivoque, qu’ils devraient se fermer la gueule, puisque des gens essayaient de dormir. Silence instantané. Bien. Après cette trop courte nuit, on a réglé les derniers trucs d’auberge peu avant 7 h, puis on a été prendre le métro.
Montréal, via… Cornwall
Le bus de Megabus quittait le centre-ville de Toronto à 8 h 30. On s’est pointés au terminus de la compagnie avec un bon 24 minutes d’avance. J’en ai profité pour acheter des trucs à grignoter en vue du trajet. Plusieurs arrêts étaient prévus, dont Scarborough. Scarborough? Le groupe thrash métal Sacrifice représente sa plus grande contribution au patrimoine de l’humanité, puisqu’il a fini par atteindre un relatif succès international auprès des dudes chevelus avec des vestes en denim constellées de patchs de Dark Angel et Possessed. Sinon… rien à dire sur cette banlieue de Toronto. Mais le meilleur moment de ce trajet… Cornwall. Mythique Cornwall. Un rêve réalisé. D’aucuns pourraient s’interroger sur ce qui me fascine à propos de cette ville méconnue. Je répondrais: voir un certain sketch intitulé Vie de bureau, de Rock et Belles Oreilles. Ouaip, une raison aussi ridicule que ça.
On a aussi roulé dans des endroits que je ne visite jamais dans l’ouest de l’île de Montréal, comme Kirkland. On est arrivés à Montréal vers 15 h. On est rentrés. Et c’est ainsi que se concluait notre voyage d’une semaine au Suriname. Un beau voyage, dans un pays intéressant. Et humide. On m’a depuis demandé plusieurs fois « comment c’était, le Suriname? »; j’ai deux réponses, maintenant. La réponse complète: « c’est comme le Costa Rica, sans les foules, mais avec une culture afro-caribéenne au lieu d’une culture latino-américaine ». La réponse courte: « humide ». Est-ce que j’y retournerais? Peut-être. Mais pas tout de suite. Pas à tout prix. Mais je reste ouvert. On ne sait jamais, après tout…