Bruxelles, le premier contact

La Grand-Place de Bruxelles

Dans mon billet précédent, je parlais du fait que, il y a 20 ans, j’avais été choisi pour participer à un Chantier jeunesse, à Berlin, chantier qui devait avoir lieu en juillet de la même année. Je décrivais la chaîne d’événements qui m’a mené à cette expérience, mon premier voyage outremer. Voici donc la suite de ce récit: l’arrivée en Europe.

Ma première étape: Bruxelles. Je devais y rester moins de 24 heures. Je débarquais de l’avion, je me promenais, je me goinfrais de spécialités locales, je dormais, je filais à la gare et hop! Berlin. J’avais donc quelques heures devant moi pour explorer – un peu – la capitale belge. J’avais lu sur la ville, j’avais une carte, j’étais motivé. Mais mon plan a rapidement dévié.

Première étape: Bruxelles

Perdu… déjà

Le départ pour Bruxelles fut une accumulation de premières fois, et ce, dès l’aéroport de Montréal. Premier vol d’avion, premier vol de nuit, premier repas d’avion, première nuit merdique sur un siège étroit, premières formalités aéroportuaires, etc. J’espérais seulement ne pas commettre d’erreur. L’idée de manquer mon vol m’a hanté dès l’achat de mon billet. C’est encore aujourd’hui l’une de mes rares craintes, quand je voyage. Or tout s’est déroulé comme prévu. Comme j’avais pris un vol de nuit, je suis arrivé à Bruxelles tôt le matin, heure locale. J’ai rempli les formalités aéroportuaires (elles allaient me devenir familières, au fil des années), puis… j’ai mis le pied hors de l’Amérique du Nord pour la première fois. Euphorie. Je ne ressentais pas la fatigue, malgré mon manque de sommeil, j’étais trop excité pour me reposer. Je voulais tout enregistrer avec mes sens. Les Europes. Finalement!

Les Europes!

J’ai réussi sans difficulté à me rendre à l’auberge de jeunesse Jacques Brel (le terme « auberge de jeunesse » signifiait encore quelque chose, à l’époque), mon gîte pour la nuit. J’ai alors réalisé que j’avais besoin d’un cadenas pour laisser mes trucs dans un casier en toute sécurité. Bien entendu, j’avais oublié d’en apporter un. J’ai donc cherché un commerce où en acheter un dans le quartier de l’auberge. Eh bien, ça m’a pris 1 h 33 pour en dénicher un et pour retrouver le chemin jusqu’à mon auberge. J’ai paniqué un peu quand j’ai réalisé que j’étais perdu. Comme si j’allais disparaître dans un portail dimensionnel bruxellois et ne jamais en revenir. Réaction exagérée? Sans l’ombre d’un doute. Aujourd’hui, j’aime me perdre dans les villes, puisque ces moments génèrent souvent des expériences mémorables. En autant que je me perde dans des lieux sécuritaires, cependant…

Bruxelles, ville interlope

Le Jardin botanique

Une fois mon chemin retrouvé, j’en ai profité pour visiter le Jardin botanique. Ma première impression? Il est plus petit que celui de Montréal, celui que je connaissais le mieux. Au moins, le jardin était situé près de mon auberge. Et il était joli.

Le Manneken-Pis

Cadenas en place, j’ai pu donner libre cours à mes fantasmes touristiques. J’ai sans surprise été voir le Manneken-Pis. Et, comme tout le monde, j’ai constaté à quel point il était… petit. Dans le palmarès des attractions décevantes, le Manneken-Pis trône au sommet, avec la Joconde et, paraît-il, la Petite sirène de Copenhague (je n’ai pas encore eu le plaisir de visiter la capitale danoise). J’ai quand même pris les photos obligatoires, parce que contre mauvaise fortune bon coeur. Et puis, une statue qui pisse, c’est tout de même amusant.

La classique photo devant le Manneken-Pis

La Grand-Place

La fameuse Grand-Place. Superbe. C’était l’idée que je me faisais de l’Europe: de vieux édifices, élégants (parfois reconstruits, mais bon…). De la musique qui sort on ne sait d’où. Des touristes aux appareils photos… avec pellicule. Mais surtout, pas de foutu selfie stick ou de « couples Instagram » en train de recréer les mêmes sempiternelles photos avec les mêmes filtres que tous les autres « couples Instagram ». Je ne connaissais que le Vieux-Montréal et le Vieux-Québec, et malgré leur charme incontestable, je ne pouvais m’empêcher de penser que ici, c’était le real deal. C’est drôle, mais, après toutes mes rencontres sur la route, j’ai observé que, pour de nombreux Européens, l’Amérique du Nord dégageait une aura mythique, tandis que, pour de nombreux Nord-Américains, c’est plutôt l’Europe qui possède cette aura mythique. En tout cas, elle la possédait, à mes yeux. Comme quoi on n’est jamais satisfait de ce que l’on a.

La Grand-Place a de la gueule.

J’ai alors écouté la chanson In So Many Ways de Bad Religion, tirée de son dixième album, No Substance (1998). Il venait de sortir, en plus (le 5 mai), alors j’étais encore en train de le découvrir. C’est un de mes groupes préférés, depuis son formidable sixième disque Generator (1992), mais je dois avouer que je n’apprécie pas particulièrement No Substance. Je dirais même qu’il s’agit d’une de ses pires oeuvres, avec The New America (2000), son 11e. Néanmoins, cette chanson-là m’a toujours plu, elle est l’une des quatre bonnes du disque, avec Shades of Truth, Strange Denial et The Same Person. Bref, là, assis sur la Grand-Place, j’ai sorti mon fidèle baladeur Sony jaune, j’ai fermé les yeux et je me suis concentré sur la chanson. J’étais en voyage. J’étais en Europe. Seul. Enfin. Le rêve. Quand j’ai rouvert les yeux, je me sentais détendu. Apaisé. Heureux. Et là, un quidam m’a demandé si je m’appelais Francesco. Ben non. Merci de gâcher ma béatitude, impertinent inconnu.

La populaire Grand-Place

À la Mort Subite

Abandonnant cet incident derrière moi, j’ai été boire une Mort Subite au café À la Mort Subite. En 1998, au Québec, le choix de bières laissait quelque peu à désirer. Habitué de la Bull Max, de la Molson XXX et de la Labatt Ice, je tenais à goûter au moins une bière décente lors de mon passage en Belgique. Mission accomplie. Heureusement, le Québec a effectué des bonds de géant en matière de bières, depuis ce premier séjour à Bruxelles.

L’oeil averti aura reconnu le plafond du Delirium Café. Je n’avais pas de photo du café À la Mort Subite.

J’ai mangé des frites pour mon premier souper en sol européen. Un repas approprié. Je n’étais pas encore un ambassadeur de la poutine comme je le suis aujourd’hui, mais j’avais quand même traîné de la sauce à poutine en poudre. Je l’avais toutefois réservée pour mon séjour à Berlin, car je savais que j’allais devoir cuisiner un plat de chez moi pour les participant-es. Je prévoyais ainsi acheter patates et fromage une fois sur place. En outre, en 1998, mes compétences culinaires n’étaient pas aussi avancées qu’aujourd’hui. Je l’avoue, je ne suis pas encore un chef étoilé Michelin, mais je me débrouille. Un truc facile à préparer – comme une poutine – constituait alors un choix idéal. Le verdict? À suivre…

La pénible première nuit

Après cette brève visite, je suis revenu à mon auberge, je me suis préparé pour la nuit. Je me suis sagement couché. Or une bande de fêtards ont terrorisé mon dortoir jusqu’à l’aube. Je ne savais pas à ce moment-là que ce genre de situation était assez fréquente. Ça et les gens qui baisent au mépris du sommeil des autres. Enfin. Au matin, après une nuit peu revigorante, j’ai ramassé mes trucs et j’ai été à la gare pour me rendre à Berlin. L’aventure allait commencer pour vrai.

Prochaine destination: Berlin.

*Je suis retourné à Bruxelles en août 2012 et j’y suis resté plus longtemps. La ville est aujourd’hui l’une de mes préférées en Europe. Et la Belgique est l’un de mes pays préférés, point.

**Les photos de ce billet datent d’ailleurs de ce dernier séjour en Belgique.

2 thoughts on “Bruxelles, le premier contact

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire le pourriel. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.