Dans les billets précédents, j’ai présenté mon Chantier jeunesse, ses participant-es et j’ai parlé de notre travail en temps que tel. Dans ce nouveau billet, je vais décrire le volet plus touristique du chantier. Parce que oui, on a visité la ville. Donc… Berlin. Alors, comment y dénicher des activités pour un groupe d’environ dix jeunes aux intérêts divers? Un sacré défi auquel nos superviseurs de chantier devaient répondre. Je ne me souviens pas de tout ce que l’on a fait, mais je vais résumer ce dont je me rappelle. L’histoire tourmentée de la capitale allemande a été au coeur de plusieurs de nos sorties. À noter que je n’ai pas de photos numérisées de ce voyage; j’ai plutôt utilisé des photos d’autres voyages qui cadrent plus ou moins avec les thèmes des divers éléments du billet.
Activités et attractions
– Alexanderplatz constitue le centre névralgique de l’est de la ville, dans le quartier Mitte. Plus de 300 000 personnes la fréquenteraient chaque jour. À 368 mètres de hauteur, la tour de télévision (« Fernsehturm ») perce le ciel, avec son apparence de fusée qui aurait embroché une planète. Le tour est un symbole de Berlin-Est, depuis la fin de sa construction, en 1969. Je suis monté dans la tour; le globe panoramique culmine à 210 mètres d’altitude. Je n’ai cependant pas essayé le restaurant tournant. Constat: Berlin s’étire dans une plaine à perte de vue, peu importe la direction.
Toujours sur la place, j’ai goûté une curry wurst, une saucisse grillée ou cuite à l’eau, entière ou coupée en rondelles, accompagnée d’une sauce tomate et de curry en poudre ou d’un ketchup au curry. Je l’ai achetée à un « homme-BBQ » qui se promenait sur la place. Le mec portait littéralement un BBQ fonctionnel sur lui. Dans cet « uniforme » de travail, il devait faire une chaleur digne de celle qui sévissait sous les aisselles du Big Boss Man. Un emploi difficile, sans aucun doute.
– La porte de Brandebourg est un endroit emblématique de la ville. Construite entre 1788 et 1791, elle faisait partie intégrante du mur. Elle fut par ailleurs l’épicentre de sa chute, le 9 novembre 1989. Les images de Berlinois-es sur le mur, dont certain-es en train de le piocher pour en arracher un morceau, ont tourné partout sur la planète. J’étais encore un enfant, à l’époque, mais j’avais tout de même conscience que cet événement revêtait une rare importance, au plan historique. J’étais ému, sans toutefois comprendre la portée de ce que je voyais. En outre, Pink Floyd y a donné son légendaire concert The Wall Live in Berlin, le 21 juillet 1990.
– En tant que mélomane, je n’ai pu me retenir et j’ai acheté deux albums chez un disquaire quelconque du quartier Kreuzberg: Towards the Twilight (1997) de death métal mélodique Night In Gales (le In Flames allemand, à ce que l’on disait) et un vinyle, le simple Dr. Stein (1988) du légendaire groupe de power métal allemand Helloween. J’admets aujourd’hui, avec du recul, qu’acquérir des vinyles quand on voyage avec un sac à dos est une idée pour le moins discutable, si l’on tient à rapporter les disques en parfait état.
– Le Großer Tiergarten (« grand jardin des animaux »), un parc de 210 hectares dans le centre-ouest, est le 2e de la ville en matière de superficie. En comparaison, Central Park possède une superficie de 341 hectares. Plus ancien parc de Berlin, il a donné son nom au quartier environnant. On y a effectué un saut, le temps d’une pause (et d’un joint pour certains, si je ne m’abuse), mais on n’a pas exploré le parc en profondeur.
– L’île des musées doit son nom… à la présence de musées. Duh. On n’a cependant pas pénétré dans l’un de ceux-ci, car, avec tout l’alcool qu’on avait bu avant d’aboutir ici, on n’aurait pu apprécier les expositions à leur juste valeur. L’île, sise sur la rivière Spree, est divisée en deux parties: sa moitié nord est désignée sous le nom de « l’île aux Musées » (« Museumsinsel ») et elle a été inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1999; la moitié sud se nomme « l’île aux Pêcheurs » (« Fischerinsel »).
– J’ai vécu une intense soirée au bar Knaack. Il est aujourd’hui disparu, malgré des tentatives de le rouvrir dans des lieux où les voisins ne seraient pas importunés par le bruit. Le bar se divisait en trois sections, chacune située dans un bâtiment différent. Chaque section vibrait au rythme de sa propre ambiance: rock/métal, techno/electro et pop/disco/funk/etc. Sans surprise, j’ai passé la majeure partie de mon temps dans la section métal. Je ne me souviens pas de toutes les chansons qui ont joué, mais je parierais mon disque autographié de Vincent Lemay-Thivierge que j’y ai entendu la chanson Scapegoat de Fear Factory (tirée du premier album du groupe, Soul of a New Machine; 1992).
– Un soir, on est sortis sur Kurfürstendamm (aussi appelée Ku’damm), une des plus célèbres avenues de la capitale allemande. On a pu y voir l’église du Souvenir de l’Empereur Guillaume (« Kaiser-Wilhelm-Gedächtniskirche »). Construite entre 1891 et 1895 par Franz Schwechten, cette église a survécu aux bombardements alliés, durant la Deuxième Guerre mondiale. Son clocher a toutefois été endommagé et il n’a jamais été reconstruit. L’église trône au centre de la Breitscheidplatz, à l’entrée du Ku’damm.
– On a visité un marché aux puces dans le nord-est du quartier Weißensee. Un marché aux puces sorti tout droit de 1979. Des tables chambranlantes, de la pacotille en quantité, des objets pour à peu près tous les goûts – surtout les mauvais. J’y ai néanmoins acheté un chandail polo bleu avec des rayures noires et blanches. Je l’ai porté pendant des années, jusqu’à ce qu’un de mes nombreux ménages du printemps l’ait envoyé poursuivre son existence dans une friperie. Je crois que le marché se nommait Hansa, mais je ne pourrais le jurer.
– Le Palais de Sanssouci (« Schloß Sanssouci ») a été construit dans Potsdam, à l’ouest de Berlin, entre 1745 et 1747. Notre sortie la plus ambitieuse, car on a dû prendre un train pour se rendre là-bas. Le trajet avait duré environ une heure, je crois. J’étais excité, puisque les châteaux ne sont pas très communs, dans mon coin de pays. En fait, ce fut mon premier « vrai » château. On est restés plusieurs heures sur le site, on a aussi pu explorer le Nouveau Palais (« Neues Palais »), dans la partie ouest du parc Sanssouci. Pour un ti-cul ayant grandi dans la campagne lennoxvilloise, j’en ai eu plein la vue. Du luxe à en faire pleurer un portefeuille.
– Pavla et moi avons visité un sex shop, dans Weißensee. Pourquoi? Pourquoi pas. Mon constat? Les revues sont beaucoup plus explicites en Allemagne qu’en Amérique du Nord. Et il y avait davantage de moustachus sur les photos, aussi. Et non, on n’a rien acheté.
– Le Tacheles était un ancien squat/galerie d’arts/lieu d’avant-garde installé dans un édifice de Mitte en partie détruit par les bombardements de la Deuxième Guerre mondiale. Fréquenté depuis 1990, il a été évacué le 4 septembre 2012. Je me souviens d’y avoir visité des ateliers et des salles d’exposition. L’art contemporain y volait la vedette. J’ai lu que le jardin serait toujours accessible au public; on pourrait ainsi y voir une exposition permanente de sculptures en métal, de même que des ateliers pour peintres et sculpteurs.
– Le quartier Weißensee est situé en dehors des habituels circuits touristiques, dans le centre-est de Berlin. Ça m’a permis de connaître une vie de quartier « ordinaire ». Aujourd’hui, je ne sais pas si la gentrification a déferlé sur le secteur. En outre, on a effectué une baignade au Weißer See (« lac blanc »), le plan d’eau qui a donné son nom au quartier. Une plage, ouverte depuis 1912, accueillait les orteils en quête de fraîcheur lors d’une chaude journée de juillet. Un énorme coussin gonflable avait été déposé sur le lac et on pouvait s’en servir pour sauter dans l’eau. Je ne m’en suis pas privé.
Histoires de Mur
– Le Mur, rattaché à jamais à l’histoire de la ville. En 1998, il en existait encore des morceaux debout, notamment le long de la rivière Spree. Mais aussi dans des coins plus discrets de la partie est. Des morceaux de béton armé anonymes, conquis par des plantes grimpantes. J’ai aussi pu voir des édifices portant encore des trous de balles de la Deuxième Guerre mondiale. Comme si le temps avait ralenti, dans ces zones, et que les élans vers la réunification les avaient oubliées.
– Checkpoint Charlie est un ancien point de passage entre Berlin-Ouest et Berlin-Est. Un musée a été érigé sur les lieux. Il raconte la tragique histoire du mur, il présente des artefacts étonnants liés à celui-ci (dont des voitures modifiées pour y cacher des personnes). Il décrit aussi d’autres révolutions, comme le renversement – et l’exécution – des Ceaușescu, en Roumanie. Les passionné-es d’histoire y seront comblés, mais toute personne ayant un minimum de sensibilité pourra apprécier un musée aussi poignant.
– Le « no man’s land » situé entre Berlin-Ouest et Berlin-Est était un immense chantier de construction, lors de mon passage. Sony et Daimler-Chrysler, entre autres, y construisaient alors d’importants édifices. Je présume que, aujourd’hui, toute cette zone doit avoir été envahie par les constructions pharaoniques. J’ai le sentiment que je ne reconnaîtrais plus les lieux, si j’y retournais.
Un épisode de gastronomie québécoise
Comme je le mentionnais dans mes billets précédents, au cours du chantier, je devais cuisiner un plat de chez moi, comme chacun-e des participant-es. J’ai bien sûr choisi la poutine, parce que c’était facile, mais surtout, parce que c’était bon. Je me suis donc attelé à la tâche, en prenant soin de répondre aux questions que les autres me posaient sur cette étrange combinaison de frites, de fromage et de sauce. Puis, vint le moment de la dégustation.
Verdict? Des réactions mitigées. Amauray a particulièrement aimé. Les autres? Ils ont apprécié, à divers degrés. Mais, peu importe le résultat, ma mission était accomplie. C’était ma première expérience de poutine outremer. Et, si vous suivez ce blogue depuis un certain temps, vous savez que ce ne fut pas la dernière.
Prochaine destination: Zurich… et Berlin.