Entrée du Convento de San Antonio de Padua
Izamal est l’un des 121 pueblos mágicos du Mexique, et ce, depuis 2002. Ce programme gouvernemental, lancé en 2001, vise à mettre en valeur le patrimoine des villes mexicaines. Il fait toutefois l’objet de diverses critiques (par exemple, on l’accuse de transformer les folklores locaux en marchandises au profit du secteur privé), mais ce sujet complexe pourrait constituer un article à lui seul. Ceci dit, Izamal possède un patrimoine bien particulier. Mon frère, ma copine et moi y sommes restés une seule journée, le 26 octobre 2018.
Observations générales
L’élément patrimonial majeur d’Izamal est son centre historique peint en jaune (et un peu de blanc). La raison pour tout ce jaune serait obscure: d’aucuns affirment que le centre de la ville a été peint en jaune et blanc pour honorer les couleurs du Vatican, en vue de la visite du pape Jean-Paul II, en août 1993; d’autres soutiennent que ces couleurs ont toujours été là. Cette dernière hypothèse me laisse perplexe: je veux dire, de nombreuses personnes qui habitaient à Izamal avant 1993 sont toujours vivantes, alors l’une d’elles pourrait facilement confirmer ou infirmer la première théorie. Qu’importe la raison. C’est pas mal beau.
Centre historique d’Izamal
Cette « jauneté » crée un effet saisissant, surtout lorsqu’elle tranche avec le bleu du ciel. Les contrastes sont alors vifs. Et, selon le moment de la journée, la luminosité change, modulant ainsi les éclairages. Les photographes s’en donneront à coeur joie, ici.
Photo de la visite du pape Jean-Paul II au Convento de San Antonio de Padua
Sans surprise, on surnomme Izamal « la ville jaune », mais aussi « la ville des trois cultures » (en raison de trois phases historiques majeures: précolombienne, coloniale et contemporaine) ou la « ville des collines » (en raison surtout des cinq pyramides mayas de la région, que les locaux considéraient comme des collines – des « cerros »). Elle a donc autant de surnoms que Dwayne Johnson. Les Itzas – une branche des Mayas, qui ont construit Chichen Itzá, entre autres – ont occupé le site d’Izamal vers 550. Ils y vénéraient Itzamná, la patronne des sciences et inventrice de l’écriture, et K’inich Ajaw, le Dieu-Soleil. Le maya y est d’ailleurs couramment parlée encore aujourd’hui et elle constitue la langue maternelle d’environ la moitié de la population. La conquête espagnole a cependant modifié en profondeur l’organisation sociale; la ville est alors devenue un site de pèlerinage de saints catholiques.
Cérémonie au Convento de San Antonio de Padua
À vrai dire, une journée entière suffirait à visiter les principaux sites de cette ville de plus de 16 000 habitant-es. Ainsi, une excursion depuis Mérida est tout à fait envisageable. Les plus curieux pourront sans problème trouver un hébergement sur place pour continuer leur découverte de la région.
Centre historique d’Izamal
IMPORTANT: la péninsule du Yucatán compte deux fuseaux horaires: la Zona Sureste (l’État de Quintana Roo) et la Zona Centro (le reste de la péninsule). Il faut donc tenir de la différence d’une heure entre les États, au plan de la logistique.
Transports
Cette étape fut la portion la moins planifiée de notre voyage. Je savais que l’on partirait de Holbox, mais je n’étais pas sûr de la meilleure option pour se rendre ensuite à Izamal. Dans ma tête, les possibilités se déclinaient ainsi: bus vers Cancún, puis départ vers Valladolid pour un transfert vers Izamal; bus vers Tizimín et transfert vers Izamal; bus vers Mérida et transfert vers Izamal. Finalement, la dernière option s’est avérée la plus simple, puisque Izamal se situe à 72 kilomètres à l’est de Mérida, le principal carrefour de la région.
Centre historique d’Izamal
À Holbox, on a pris le premier ferry pour Chiquilá, à 5 h. Prix du billet: 150 pesos (environ 9,77 $ CAN). Environ 30 minutes plus tard, dès qu’on a posé le pied à Chiquilá, on a repéré le bus pour Mérida. On a payé 225 pesos (environ 14,66 $ CAN) chacun pour un billet vers Mérida (terminal Noreste), avec de nombreux arrêts. Le trajet a duré environ 4 h 45 (voir note plus haut sur les fuseaux horaires). Le billet est payable directement au chauffeur. Prévoir le montant exact est dans ce cas un geste courtois.
Centre historique d’Izamal
Enfin, une fois à Mérida, on a acheté des billets aller-retour pour Izamal, valables pour trois mois, à 31 pesos (environ 2,03 $ CAN) chacun. Les bus partent à toutes les heures – heures et demie, dès 6 h. Le dernier part à 21 h. Le trajet a duré environ 1 h 30, avec quelques arrêts, et le bus a terminé sa course au terminal Oriente (terminal 50), sur la Calle 50. ATTENTION: vous pouvez acheter les billets pour Izamal au terminal Oriente, mais vous devez prendre le bus au terminus Noreste, sur la Calle 67 (en sortant du terminal Oriente, tournez à gauche, puis, au prochain coin de rue, tournez à droite).
Horaires de bus au terminal Oriente
Le minuscule terminus d’Izamal (Terminal de Autobuses Izamal Oriente) se trouve sur la Calle 32 (devant la Calle 31-A).
Terminus d’Izamal
Activités et attractions
– La vedette d’Izamal est sans conteste le Convento de San Antonio de Padua, achevé en 1561. Il a été bâti sur vestiges mayas, car les Espagnols ont réalisé qu’il leur serait difficile de tout raser. Son atrium est, encore aujourd’hui, le 2e plus grand au monde (pour un site catholique), après celui du Vatican. Le couvent a reçu la visite du pape Jean-Paul II, le 11 août 1993. Ce fut l’Événement. Un mini-musée est installé dans le couvent et on peut le visiter pour 5 pesos (environ 0,33 $ CAN). On peut notamment y voir la chaise sur laquelle le pape s’était assis, lors de sa légendaire visite. Une statue du pape trône aussi dans la cour du couvent.
Convento de San Antonio de Padua
– Des vendeurs de paletas (des popsicles, quoi) et de churros se tiennent autour de l’entrée du Convento. Pour les fringales impromptus… le centre manque de poubelles, par contre.
– Le site archéologique Itzamatul est accessible via la Calle 26. La ville compte aussi d’autres sites archéologiques renommés, comme la pyramide Kinich Kakmó. Comme on est arrivés à Izamal en milieu d’après-midi, on n’a pu profiter des quelques heures nécessaires pour effectuer une tournée exhaustive de ces ruines. Les amateurs d’archéologie devraient prendre le temps d’en faire une.
Site d’Itzamatul
– Lors de notre passage, un marché hétéroclite était installé au parque Itzamna. Ma copine y a acheté une jolie robe pour 150 pesos. Pour ma part, j’ai failli me procurer une presse à tortilla, vu son bas prix, mais le poids de l’objet m’a fait changer d’idée. Massif, ce truc. Par ailleurs, les fameuses lettres Izamal dominent cette place. Et, comme partout ailleurs, elles attirent les foules.
Les fameuses lettres
– Le restaurant Kinnich propose de délicieux plats traditionnels du Yucatán. Portions correctes, mais prix élevés (exemple de facture pour deux personnes: 405 pesos plus 65 pesos de pourboire, pour deux plats principaux avec consommations, soit environ 26,37 $ CAN et 4,23 $ CAN, respectivement). Je suis peut-être juste radin, aussi. Beau restaurant, en tout cas, l’ambiance est idéale pour un souper romantique ou une sortie entre ami-es intimes. Sur la Calle 27, presque au coin de la calle 30.
Restaurant Kinnich
– La boutique Raíces Mayas vend des souvenirs en tous genres; j’ai payé 150 pesos pour six petites bouteilles de sauce piquante aux saveurs variées et 35 pesos (environ 2,28 $ CAN) pour un aimant de frigo. J’ai par le fait même rempli avec éclat ma mission de rapporter des sauces piquantes. J’ai maintenant l’équivalent d’un grand chelem de sauces piquantes qui sauront assaisonner les plats que je mijoterai cet hiver, entre une tempête de neige et un mercure à – 35°C.
Que de saveurs…
– Fait amusant: on avait acheté une glacière en styromousse, à Holbox (pour transporter de la bière et un précieux fromage Oaxaca). On l’a traînée avec nous et, à Izamal, on voulait y déposer de la glace. Un commerçant – à qui on venait d’acheter de la bière – nous a alors dirigés vers un vendeur de glace. Un vrai. Un commerce où de gros blocs de glace sont découpés selon une échelle de 1/16, en fonction des besoins du client. L’employé manipule un pic pour obtenir la taille demandée. Il peut aussi casser le bloc en plus petits morceaux, afin de faciliter le transport de la marchandise. On a payé 10 pesos (environ 0,65 $ CAN) pour un 1/16 de bloc. Je me serais cru dans un village estrien en 1938.
Hébergement
Hotel los Arcos
On a dormi à l’Hotel Los Arcos, un établissement décent. On l’avait choisi surtout pour sa piscine – un peu décrépite, peu profonde, au final. Toutefois, la configuration du lieu fait en sorte que le bruit généré par les autres invité-es se répercute à travers la cour. Les cris d’enfants résonnent ainsi comme des explosions. Des bouchons pour les oreilles constituent par conséquent une sage précaution. On a payé 320 pesos (environ 20,85 $ CAN) la nuit pour une chambre avec deux lits doubles et une salle de bain privée. La climatisation et la télévision ont été des plus appréciés (j’aime regarder les Simpsons en espagnol… la voix de Homer est presque aussi parfaite que celle de la version québécoise). Cependant, le déjeuner n’était pas inclus. En quittant, on a laissé de l’argent et des patates comme pourboire pour l’équipe du ménage. Une première pour moi.
Meilleur pourboire à vie.
Prochaine destination: Campeche