Autant j’appréciais Rio, autant je savais que, à un moment ou un autre, j’allais avoir besoin d’une pause de toute cette intensité. J’avais lu sur de possibles destinations dans la région de Rio et j’avais été intrigué par Paraty. La ville était réputée pour son joli centre historique à l’architecture coloniale, son ambiance paisible sur le bord de l’océan (la Baia Carioca, en fait) et les nombreuses activités dans sa région. J’y ai donc séjourné du 9 au 12 septembre 2019.
Survol historique
Fondée le 28 février 1667, Paraty (parfois écrit Parati) compte aujourd’hui environ 50 000 habitant-es (2014). Le port servait, dès la fin du XVIIe siècle, à l’expédition vers le Portugal des pierres précieuses et de l’or extraits dans l’État de Minais Gerais. Pour extraire les ressources, les autorités ont eu recours à l’esclavagisme. Des millions d’Africains – jusqu’à trois millions, selon mes lectures – furent ainsi arrachés de leurs terres natales pour « travailler » au Brésil dans des conditions inhumaines. Les marchandises étaient ensuite acheminées des terres intérieures vers Paraty via la Estrada real (« Route royale »; j’ai aussi vu circuler le nom de « Caminho do Ouro », le « chemin de l’or », mais je crois que ce nom désigne en fait le premier segment construit de la Route royale). La Route royale était un réseau de sentiers, d’une longueur totale d’environ 1630 kilomètres, unissant diverses régions. Ceux-ci étaient surveillés par des représentants du roi du Portugal et ils veillaient à lutter contre les voleurs et les contrebandiers. Le déclin de l’exploitation des ressources a entraîné un abandon de ces sentiers, mais aussi un accroissement des pressions fiscales sur les exploitants miniers. Ces pressions ont contribué à la lutte pour l’indépendance du Brésil. Aujourd’hui, des efforts sont déployés pour revitaliser les sentiers et les villes qu’ils traversent, notamment grâce au tourisme culturel.
Selon moi, une journée suffit pour voir l’essentiel dans la ville même, mais je dirais que c’est une riche idée de prendre son temps pour juste y relaxer. D’autant plus que de nombreuses excursions sont offertes dans la région et elles constituent une agréable façon de bonifier son séjour; j’en ai choisi une et j’en parlerai dans mon prochain billet.
Activités et attractions
Se balader dans le centre historique, de jour comme de soir, constitue l’une des activités principales de Paraty. Et c’est un réel plaisir que de voir les bateaux mouiller paresseusement près du rivage, les édifices blancs sertis de couleurs vives, les sobres églises de taille humaine, les lointains paysages côtiers… tous ces éléments confèrent au centre une aura romantique. Je suis d’ailleurs surpris de ne pas avoir vu de séances photo de nouveaux mariés; j’ai pourtant un don pour ça.
Le centre historique attire les touristes. Une lapalissade, je sais. Par conséquent, on y trouve beaucoup de commerces de souvenirs et de restaurants, avec les prix typiquement élevés des zones touristiques.
Pour des restos moins chers, mieux vaut éviter le centre historique et sa zone immédiate. Je suggère toutefois une exception: le restaurant Batata Baroa, qui offre un menu abordable et varié. Il est situé sur la rue Alameda Princesa Isabel, au 111, dans le secteur de la Praia do Pontal. Sinon, dans la « ville neuve », le Katatau offre des plats complets à prix raisonnables (comme le prato feito, soit l’« assiette faite ». Le plat du jour quoi. Comme une assiette de churrasco, à 30 reais, soit environ 9,34 $ CAN). On y rencontre aussi des chaînes internationales, comme Subway, des restos locaux, des restos végé, bref, de quoi satisfaire toutes les papilles.
Je n’ai en outre pas l’impression qu’il y a des bars trash dans le centre historique. Peut-être ailleurs dans la ville, mais je ne suis pas sorti tard le soir, je n’ai pas recherché de bars.
La ville compte de plus un éclectique patrimoine religieux, avec ses quelques églises à l’architecture moderne (la Primeira Igreja Batista et la Igreja Evangélica Assemblea de Deus, par exemple) et ses autres de facture plus classique, comme la Igreja de Nossa Senhora do Rosário e São Benedito et la Igreja de Nossa Senhora das Dores. Paraty devrait ainsi combler les amateurs d’églises.
Côté plages, deux sont accessibles à pied, depuis le centre historique: la Praia do Pontal et la Praia da Jabaquara. La Praia do Pontal n’est pas recommandée pour la baignade, en raison du fonds vaseux de la Baia Carioca à cet endroit. J’en ai fait l’expérience, alors que j’espérais vivre une délicieuse saucette. Nope. Qui sait quelle créature répugnante croupit dans cette boue, prête à massacrer d’innocents baigneurs comme moi? On peut cependant se balancer, se bercer dans un hamac ou se goinfrer dans l’un des nombreux restaurants de la plage. Le poisson est à l’honneur dans les menus. Ces restaurants ferment tôt, cependant.
Mon auberge (voir ci-bas) a tout de même installé un bar/resto sur la plage, avec des happy hours. Sinon, le secteur est plutôt tranquille, en soirée. Sauf une fois où j’ai assisté à une performance de danses et de chansons traditionnelles. Les participant-es, des adolescent-es, semblaient faire partie d’un genre de camp de jour. J’ai trouvé ça charmant de voir des jeunes autant s’amuser en célébrant leur culture.
La Praia da Jabaquara est par contre idéale pour la baignade: l’eau de la baie y est plus claire et son fonds y est plus rocheux. J’y ai préféré les panoramas, aussi. Encore une fois, de nombreux restaurants occupent le rivage. J’ai mis une quinzaine de minutes à pied depuis la Praia do Pontal pour me rendre là-bas.
J’ai découvert un marché temporaire sur le terrain bordant la rivière, entre l’Avenida Octávio Gama et l’Avenida Nossa Senhora dos Remédios, près de la Praia do Pontal. Un marché aux puces couvert, sous un chapiteau, avec des trucs pas chers, comme des sandales Havanas (et non des Havaianas), à 10 reais (environ 3,11 $ CAN). Ça tombait bien, j’en avais besoin. J’ai aussi acheté un pilon et un mortier en bois, pour enfin détruire ces foutus clous de girofle que je persiste à acheter entiers, et non moulus. Les vendeurs adoptaient diverses stratégies pour attirer la clientèle; certains étaient décontractés, d’autres hurlaient comme si leur vie en dépendait. J’adore cette ambiance. Le marché a été démantelé lors de la dernière journée de mon séjour.
Quelques vendeurs de cuisine de rue s’étaient installés juste à côté du marché pour attirer les client-es affamé-es. Pas de la grande gastronomie, mais je ne suis pas un obsédé de la gastronomie, de façon générale, alors ça me convenait. Je me suis gavé à des prix que mon portefeuille a appréciés.
Un (oui, oui, UN) trampoline avait été monté aussi, pour permettre aux enfants de dépenser un surplus d’énergie. Une mère a néanmoins décidé d’y accompagner son fils. À en juger par la tension causée sur la toile par leurs poids cumulés, je craignais une rupture. Mais non.
Enfin, il y a un cimetière, le Cemiterio Municipal de Paraty, près du Forte Defensor Perpétuo. Si la lecture de pierres tombales vous intéresse…
Argent
J’ai eu à retirer de l’argent à Paraty et ce fut plus facile que lors de ma première tentative à Rio. Je me suis rendu à la banque Santander, sur l’Avenida Roberto Silveira; j’ai utilisé un guichet avec l’inscription « International Withdrawals ». Opération réussie, facile et rapide. Comme acheter une poutine dans un restaurant montréalais fondé dans les années 1980. D’autres banques possèdent des succursales sur le même tronçon de rue, mais je n’ai pas eu à les visiter.
Pour celles et ceux que ça intéressent, le prix d’une carte postale varie entre 2 et 3 reais (entre 0,62 et 0,93 $ CAN, environ) et un timbre international coûte 8 reais (environ 2,49 $ CAN). J’ai acheté des timbres dans un magasin de souvenirs/librairie (si je ne m’abuse, à la Livraria de Paraty, sur la rua Dr. Pereria, 159a). Quant aux cartes postales, elles sont disponibles un peu partout, pas besoin de les chercher, elles sautent aux yeux.
Hébergement
J’ai dormi au Geko Hostel & Pousada, au lieu du Chill Inn Paraty Hostel & Pousada comme prévu, car ce dernier établissement avait des problèmes avec ses installations électriques. Les deux auberges semblent appartenir aux mêmes proprios, de toute façon. J’ai payé le même prix (75 reais la nuit, soit environ 23,35 $ CAN), mais, au lieu d’un lit dans un dortoir mixte de six lits, j’en ai eu un dans un dortoir mixte de quatre lits. Un dortoir correct, avec une salle de bain privée et une excellente douche. Je me dois de mentionner que deux jeunes femmes ont refusé de dormir dans mon dortoir, se plaignant de l’odeur d’humidité. Bon, c’était vrai, mais ce n’était pas si mal. Mais surtout, ce n’était pas MON odeur. Bref. Le copieux déjeuner – inclus dans le prix – était offert au resto/bar de l’auberge, sur la plage. Un cadre enchanteur pour siroter un café/jus et grignoter des petits pains, crêpes, toasts, gâteaux, charcuteries, fruits frais. L’aire commune était invitante, mais il n’y avait presque pas d’invité-es lors de mon passage, à part une bande d’ados (visiblement), qui devaient participer à un camp de vacances. L’auberge compte aussi une agence de voyages aux prix abordables. Je reviendrai sur ce dernier point dans mon prochain billet.
L’auberge est cependant excentrée, puisqu’elle donne directement sur la Praia do Pontal. Je l’ai trouvée après une recherche sans carte, depuis le terminus. Je l’admets, j’ai alors effectué des détours inutiles, mais je me suis bien repris par la suite, après avoir mémorisé le plan des rues. J’ai ainsi constaté que le trajet pour s’y rendre était simple.
Transports
À mon auberge du quartier Santa Teresa, à Rio, on me demandait 120 reais (environ 37,18 $ CAN) dans chaque direction (Rio-Paraty; Paraty-Rio) pour un transfert en minivan; or, après vérification de différents scénarios, j’ai décidé d’acheter mon billet sur le site de la compagnie de bus Costa Verde. J’ai payé 81,86 reais (environ 25,37 $ CAN) pour un aller.
Le jour du départ pour Paraty, afin de me rendre au Terminal Rodoviário Novo Rio, j’ai pris un Uber. J’ai même eu le plaisir d’avoir une excellente conversation – en portugais – avec mon chauffeur. Instructive. Une fois au terminus, je me suis présenté au comptoir de la compagnie Costa Verde, avec une preuve d’achat du billet, la carte de crédit ayant servi au paiement en ligne et une pièce d’identité (mon passeport). On m’a ensuite remis le billet. Par ailleurs, mon chauffeur Uber m’avait prévenu de rester vigilant, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du terminus, car des voleurs y seraient actifs.
Dans mes souvenirs, le trajet a duré environ trois heures, mais le site de Costa Verde parle plutôt d’un trajet de 4 h 30. Coudonc. Sûrement une illusion causée par l’écoute de l’excellent album From Hell With Love, de Beast in Black. Ceci dit, le bus, confortable, a effectué un arrêt en chemin. On est aussi passés devant la seule centrale nucléaire du Brésil, la centrale nucléaire d’Angra (aussi dénommée centrale nucléaire Amiral Alvaro Alberto), près de Angra dos Reis.
L’arrivée au terminus de Paraty se déroula sans cérémonie, par un splendide après-midi.
Prochain billet: excursion dans la région de Paraty