Le 1er août 2023 fut mon dernier jour à Lisbonne (et au Portugal). La veille, j’avais décidé d’effectuer une visite pédestre (« walking tour ») de la capitale. J’avais alors réservé ma place, sans frais, à mon auberge. Donc, le 1er, la personne responsable de l’activité est venue à l’auberge vers 9 h pour chercher un autre invité et moi. Il s’appelait Nick, je crois; j’ai une mémoire horrible pour les noms. Mais je retiens les numéros de téléphone. Je me souviens encore de celui que j’avais quand j’habitais en campagne, il y a plus de 30 ans. Bref, la responsable était une jeune Danoise en stage ici, à Lisbonne. J’ai oublié son nom. En chemin, on a jasé de nos vies. J’ai appris que Nick était Néo-Zélandais. Ça, je m’en souviens. La Danoise nous a menés à la Praça Dom Pedro IV, d’où commençait la promenade, à 10 h. Des participant-e-s aux Journées mondiales de la jeunesse se réunissaient en même temps sur la place et démontraient un inébranlable enthousiasme.
En route
On a attendu le reste du groupe, puis on est partis vers la Igreja de São Domingos, autour de 10 h 15, avec notre guide, Francesco. Je crois. Je vais l’appeler Francesco, ce sera plus simple. Pendant plus de 3 h, Francesco nous a menés dans divers secteurs de la ville, entre les quartiers Baixa et Alfama, en nous donnant une masse d’informations.
On a donc visité de nombreux endroits, en commençant par la Igreja de São Domingos et le monument à la mémoire du pogrom de la Pâques de 1506. L’église a été consacrée en 1241. Elle a accueilli les mariages royaux jusqu’en 1910, année de l’établissement de la République. Elle a été cependant malmenée par des tremblements de terre, en 1531 et en 1755, et elle a aussi été presque entièrement détruite par un incendie, en 1959. Elle n’a rouvert qu’en 1994. Son intérieur est donc sobre, puisque de nombreuses statues et tableaux ont été anéantis par ces catastrophes. C’était étrange de voir une aussi importante église aussi épurée.
Le monument soulignant le pogrom de 1506 se trouve juste à côté de l’église. Cet article explique mieux que je ne saurais le faire cette histoire tragique et choquante. Comme quoi l’être humain peut être capable des pires atrocités pour des raisons pathétiques.
Puis, on s’est dirigés vers la Praça da Figueira, avec sa statue équestre de Dom João I. C’est une grande place publique, entourée de jolis édifices avec une imposante statue équestre au milieu. Agréable place, mais plutôt typique, on en retrouve des semblables dans de nombreux villes, dans de nombreux pays.
Ensuite, on a commencé à gravir une colline, jusqu’à une fresque nommée Fado Vadio, située dans les Escadinhas de São Cristóvão. Elle rend hommage à la musique fado, emblématique de Lisbonne et du Portugal. On y voit entre autres Maria Severa, la reine du fado, et Fernando Maurício da Silva, légendaire chanteur de ce style. Francesco nous a expliqué la symbolique de la fresque; je n’aurais jamais pu la déchiffrer par moi-même. C’est pour ce genre de truc que j’aime les visites pédestres.
Le trajet s’est poursuivi jusqu’au Miradouro do Chão do Loureiro. Le belvédère offre de belles vues sur Lisbonne et ses toits.
On a terminé la montée aux abords du Castelo de São Jorge, mais on n’est pas entrés sur le site. Francesco nous a recommandé d’y aller par nous-mêmes, si on le souhaitait. Une prochaine fois, dans mon cas.
Un retour à travers les foules
On a commencé à redescendre depuis le Castelo, avec un arrêt au Miradouro Santa Luzia. Encore une fois, les vues sur la ville étaient impressionnantes. Par contre, la présence d’énormes bâteaux de croisière gâchait le paysage. Je ne ressens aucun intérêt à effectuer une croisière sur l’un d’eux.
Le populaire belvédère compte deux panneaux d’azulejos modernes: l’un représente la Praça do Comércio avant le tremblement de terre de 1755 et l’autre, les chrétiens attaquant le Castelo de São Jorge.
Mon petit doigt me dit que le belvédère doit être un lieu populaire pour les premiers rendez-vous ou pour les sorties romantiques en couple.
Francesco m’a alors parlé de son désir d’aller guider au Canada, un de ces jours. Je lui ai donné quelques conseils – sur la poutine, notamment. Je lui ai surtout souhaité bonne chance dans ses projets.
On a aussi visité un petit commerce au milieu d’une ruelle; on y vendait un alcool local de cerises, qu’on buvait dans un dé en chocolat creux. Comme je ne bois plus, je n’y ai pas goûté, mais on m’a dit que c’était bon. La dame qui le vendait était fort sympathique.
Puis, on s’est faufilés à travers la masse d’humains devant la Igreja de Santo António de Lisboa; même situation autour de la Igreja de Santa Maria Madalena. Je m’attendais à des foules importantes dans certains lieux, mais ce fut parfois un peu désagréable. À quelques reprises, j’ai même dû gentiment jouer du coude pour ne pas perdre mon groupe de vue. C’était moins violent qu’un spectacle de Slayer, par contre, je vous le jure.
Je dois cependant avouer que l’enthousiasme de tous ces jeunes avait de quoi faire sourire. Je percevais un plaisir évident chez nombre d’entre eux. Sans doute était-ce un premier voyage hors du foyer pour plusieurs. Cette sensation grisante de foncer dans l’inconnu pour la première fois laisse d’inoubliables et merveilleux souvenirs. De voir ces jeunes aussi exaltés m’a replongé dans ma propre première expérience.
Toute bonne promenade a une fin
On a enfin emprunté la Rua da Madalena, qui pouvait nous ramener vers notre point de départ. On a quitté Francesco quelque part sur cette rue.
La contribution à la visite était volontaire, comme d’habitude, alors j’ai donné 12 euros (environ 17,42 $ CAN) à Francesco, qui avait l’air satisfait. Je l’ai remercié, puis j’ai marché un moment avec Nick, d’abord jusqu’à la Praça do Figueira, puis jusqu’à la Praça Dom Pedro IV. Je retournais à l’auberge, mais Nick avait d’autres plans. Je lui ai donc dit au revoir. Évidemment, je ne l’ai jamais revu.
Le plaisir des visites pédestres
Je suis un fan fini des visites pédestres; même si je ne retiens qu’une infime portion de toutes les informations données, j’aime ce contexte d’apprentissage. Et si le groupe est sympathique, il est alors possible de rencontrer des personnes intéressantes. Enfin, la contribution volontaire est généralement abordable. Ici, à 12 euros pour trois heures, ça ne fait que 4 euros par heure. Ce n’est donc pas une activité trop dispendieuse et elle est – presque – toujours captivante.
La suite des choses
Une fois à mon auberge, j’ai pigé quelques trucs dans mes sacs, puis j’ai été manger des pasteis de nata à la pâtisserie Balcão do Marquês. J’ai ensuite bu une limonade à The Couch Sports Bar Marquês. Je me demandais ce que j’allais bien faire pour passer le temps jusqu’à mon départ pour l’aéroport. Et j’ai alors eu un déclic.
Prochain billet: Lisbonne et la folie des Journées mondiales de la Jeunesse.