Asunción ne propose pas une grande offre touristique, de prime abord. Mais si on gratte un peu, on peut y trouver des activités et des attractions intéressantes. La capitale possède tout de même une histoire complexe – elle fut le siège de la dictature d’Alfredo Stroessner (1954-1989), notamment – et cette histoire a laissé ses traces dans les rues, comme en témoigne la présence de graffitis à caractère politique sur divers espaces publics.
Plusieurs trucs étaient fermés lors de mon séjour, en raison des festivités du Día de la Independencia, alors il peut être sage de ne pas faire comme moi et de vérifier dès le début des préparatifs la liste des jours fériés au Paraguay.
Activités et attractions
Ce billet ne se veut en aucune façon exhaustif, il ne reflète que ma brève expérience dans la capitale, répartie en deux séjours: les 14-15 et 22-23 mai 2024. De plus, je n’ai pas visité certains des lieux majeurs de la ville, comme le Museo de las Memorias Dictadura y Derechos Humanos. Ceci dit, je vous présente le résultat de mes pérégrinations asuncioniennes:
Le Panteón Nacional – ou Panteón de los Héroes (son nom complet: Oratorio de Nuestra Señora de la Asunción y Panteón Nacional de los Héroes) – est sans doute l’un des lieux les plus connus de la ville. Situé sur la Plaza de los Héroes, il contient les dépouilles de plusieurs personnages importants de l’histoire du pays, comme celles de Carlos Antonio López, premier président de la République, et du poète et musicien Emiliano R. Fernández. C’est tout petit, on en fait le tour en quelques minutes, mais l’entrée est gratuite. Pour les amateurs d’histoire.
Un ensemble de quatre parcs se trouve autour du Panteón: la Plaza de los Héroes, la Plaza de la Libertad, la Plaza de la Democracia et la Plaza Juan E. O’Leary. En fait, on pourrait concevoir ce secteur comme un seul gros parc divisé en quatre carrés, mais, apparemment, ils sont considérés séparément. L’endroit me semble le coeur de l’action dans le centre historique, puisqu’il accueille diverses célébrations.
D’ailleurs, des vendeuses et vendeurs d’artisanat se trouvent au Paseo Artesanal de la Plaza de la Libertad. Ils ont même une page Facebook. J’y ai acheté des aimants pour mon frigo et une calebasse pour du maté, mais on y découvre aussi d’autres trucs, comme des sacs à main et des colliers. Les prix semblaient décents: j’ai payé 30 000 guaranies (environ 5,46 $ CAN) pour ma calebasse. Ça peut un arrêt pertinent, si vous devez faire le plein de souvenirs en peu de temps.
La Plaza De Armas, la Plaza Juan de Salazar et le Centro Cultural de la República El Cabildo constituent une aire propice à la tenue d’événements. Ainsi, lors de mon passage, une scène avait été aménagée devant celui-ci pour présenter les nombreuses perfomances artistiques soulignant le Día de la Independencia. Je présume que le Centro propose également une panoplie d’actitivités au public, en temps normal.
La Catedral Metropolitana de Nuestra Señora de la Asunción m’a étonné par sa sobriété. Elle n’a pas le caractère pompeux que l’on peut retrouver dans d’autres cathérales du continent. Le pape Jean-Paul II l’a visitée, en mai 1988, ce qui a dû constituer L’ÉVÉNEMENT à l’époque. Il y avait une messe quand j’y suis entré, alors je ne suis pas resté, en raison du nombre incalculable de péchés non avoués qui jalonnent ma vie. J’aurais dû aller à la confesse, mais je n’avais pas le temps. Ni l’envie, en toute franchise.
Le Palacio de López est le siège du gouvernement. Évidemment, c’est un édifice qui a du style. Quand je suis passé devant, une quantité appréciable d’agents de sécurité surveillaient les accès avec un zèle évident. À ma connaissance, on ne peut le visiter que lors d’événements spéciaux, mais on peut se promener sur le site.
La Plaza de los Desaparecidos honore la mémoire des personnes disparues sous la dictature de Stroessner. Les noms de quelques personnes disparues sont affichés sur des panneaux, avec les détails entourant leur disparition – et leur décès, parfois.
En outre, si vous souhaitez en apprendre plus sur ce sombre chapitre de l’histoire paraguayenne, le film One Man’s War (1991) de Sergio Toledo, avec Anthony Hopkins, raconte l’histoire vraie du combat très personnel du docteur Joel Filártiga contre la dictature. Un film dur et poignant. Je dois mentionner que plusieurs scènes sont difficiles à regarder.
J’ai remarqué un Museo Municipal del Arpa Paraguaya, mais il était hélas fermé lorsque j’ai marché devant lui. Ça, c’est le genre de musée que j’aime beaucoup, en raison de son caractère spécifique, voire excentrique (à mes yeux de touriste nordique qui ne connaît rien à la harpe).
La Casa de la Independencia est la maison où a été signée l’indépendance du Paraguay, en mai 1811. C’est une petite résidence, qui pourrait passer inaperçue, mais son importance historique est immense. Quand j’y ai été, elle était bondée, car c’était le Día de la Independencia. Des guides expliquaient l’histoire à la foule, mais comme c’était – trop – plein, je ne suis pas resté longtemps. À noter qu’une énorme maquette à l’échelle d’Asunción a été installée dans la cour intérieure. Fascinant. L’entrée est toujours gratuite, alors il n’y a aucune excuse pour manquer cette visite dans un des lieux les plus importants du pays.
Pour les plus romantiques d’entre vous, je suggère un tour sur la Costanera (ou Paseo de los Turistas), une populaire promenade le long de la baie d’Asunción. Elle est facilement accessible depuis le centre historique. L’endroit idéal pour flâner entre amoureux, en famille ou entre ami-e-s. En plus, on y trouve deux ensembles de lettres géantes pour vos photos Instagram: un derrière le Palacio de López et un près de la plage.
Car, oui, la promenade offre aussi une plage, appelée Playa de la Costanera. J’ai toutefois lu que la baignade n’était pas recommandée dans le fleuve Paraguay, alors ça doit être la même chose dans la baie. Après tout, le secteur compte son lot de navires militaires et d’installations portuaires. Je ne gagerais donc pas sur la qualité de l’eau. Enfin, peut-être que ce n’est pas vraiment un problème pour les gens d’ici et que, quand il fait 45 °C, ils vont se baigner quand même. On peut toutefois faire quelques activités sur la baie, comme du pédalo.
Une curiosité: le Monumento a los 60 años de Amistad Paraguay-Taiwan. Cette oeuvre souligne le 60e anniversaire des relations diplomatiques entre les deux pays; je dis pays, car le Paraguay a reconnu l’indépendance de Taiwan, d’où l’établissement de relations diplomatiques. Le monument évoque la fameuse tour Taipei 101, à Taipei.
Retour dans le centre… la Plaza Italia est un parc de quartier qui souligne la contribution de la communauté italienne à la ville. Il a du charme, alors ça doit être agréable de flâner là-bas avec sa trousse de maté.
Le Parque Carlos Antonio López est un autre parc de quartier, mais plus grand, avec de nombreux terrains de jeux et oeuvres d’arts, de même qu’une végétation parfois abondante. Les sportifs vont y faire leur jogging et les amoureux vont s’y bécotter. Je ne sais cependant pas si le parc est sécuritaire en soirée: j’ai remarqué que plusieurs sections paraissaient moins visibles depuis les sentiers, alors je resterais sur mes gardes, si je devais le traverser une fois le soleil couché.
Entre ces deux parcs, on peut croiser une maison ultracolorée et des fresques montrant l’histoire des Jésuites (sur le mur de la Universidad Jesuita del Paraguay) et les animaux emblématiques de la faune du pays.
Le Cementerio de la Recoleta est un cimetière dans le quartier Recoleta, près de Mburicao et San Blas. Un cimetière catholique différent de ceux que j’ai visités, avec des mausolées et non des tombes et stèles funéraires, comme ce qu’on voit plus communément dans les cimetières catholiques, disons, québécois. Question de sauver de l’espace, j’imagine. Quoi qu’il en soit, ce cimetière reçoit les dépouilles des personnalités marquantes de l’histoire du pays, et ce, qu’elles proviennent des domaines artistique, scientifique ou politique. Enfin, il y avait un nombre impressionnant de chats qui végétaient à l’ombre, sur les lieux, et j’ai pris des tas de photos de ces merveilleux félins.
Je n’ai jusqu’à présent pas beaucoup parlé de restaurants, car je déjeunais à mon hôtel et je mangeais peu dans la journée (une chipa par ci, une chipa par là). J’ai bouffé de la cuisine de rue lors des festivités du Dia de la Independencia et j’ai soupé une fois à mon hôtel. Ceci dit, j’ai bien essayé un restaurant, dans le quartier Mburicao, soit la 7 Seven Lomiteria. Le menu se limite à des sandwichs, mais de sacrés bons sandwichs. Et pas chers, en plus. L’endroit semble populaire auprès des résidents du quartier. Des tables et des chaises extérieures permettent d’admirer le trafic sur la grouillante Avenida Choferes del Chaco. À noter que le restaurant n’ouvre qu’en soirée, à partir de 18 h 30.
J’ai gardé le meilleur pour la fin: le bar Absoluto Rock, dans le centre historique. Le bar est un vrai de vrai bar métal. Quand je suis entré, la chanson Bonded By Blood d’Exodus décapait la place… si ça ce n’est pas un sceau métal, eh bien, je n’aime pas la poutine. Des portraits de Lemmy et Dio ornent un mur, comme si le metal cred n’était déjà pas assez élevé. Une scène est aménagée dans le fond du local, pour la tenue de spectacles hebdomadaires, si je me fie à la page Facebook du bar. Au moment d’écrire ces lignes, Neil freakin’ Turbin (un vrai fan de métal reconnaîtra ce nom) était annoncé pour une première présence en sol paraguayen. Bref, si je vivais à Asunción, je serais un régulier de l’endroit et j’y enfilerais les Heineken sans alcool à 10 000 guaranies (environ 1,82 $ CAN).
Prochain billet: la folie du Día de la Independencia, à Asunción.