Ainsi, on peut aller au Brésil à pied depuis Ciudad Del Este, au Paraguay, et ce, sans grande préparation au plan de la logistique. Il semblerait que – au moment d’écrire ce billet, du moins – un visa n’est pas nécessaire pour les séjours de moins de 24 heures pour les citoyen-ne-s de nombreux pays, dont le Canada. Fort de ces informations, j’ai décidé de tenter l’expérience, juste pour le plaisir.
Simple comme Bom dia!
Il faut se rendre dans la Zona franca de Ciudad del Este et de suivre les indications – ou le trafic, ça fonctionne aussi – vers un pont, le Puente Internacional de la Amistad (Ponte Internacional da Amizade, en portugais), qui enjambe le fleuve Paraná, jusque dans la ville de Foz do Iguaçu. Ce pont a été construit entre 1959 et 1965; il sert de jonction entre la route PY-02, du côté paraguayen, et la BR-277, du côté brésilien. Cette route transperce Curibita, avant de terminer à Paranaguá, sur la côte atlantique. Le pont mesure 552,4 mètres de long et il est d’une hauteur de 78 mètres. Il a contribué au développement économique de la région, en particulier de Ciudad del Este.
Traverser le pont prend une dizaine de minutes, sans se presser. Il peut y avoir un certain achalandage piétonnier, selon l’heure de la journée. Côté trafic automobile, le pont semble congestionné en permanence, ce qui fait que les gaz d’échappement et les klaxons accompagnent les marcheuses et marcheurs.
De petits belvédères – deux de chaque côté du pont – ont été aménagés. On peut s’y arrêter pour une séance photo.
Les vues sur le fleuve y sont jolies.
Un autre belvédère est situé juste après le pont, mais juste avant la douane, du côté brésilien. Il permet d’admirer Ciudad del Este et le pont. On peut y remarquer aussi à quel point la ville est surélevée, par rapport au fleuve. Un choix d’emplacement qui n’a rien d’innocent, j’en suis sûr.
Donc, une fois franchi le pont, j’étais techniquement au Brésil. Je devais cependant quitter la zone frontalière. J’ai alors suivi un couloir et je suis passé devant le bureau de la douane. Les douaniers n’empêchaient pas les personnes de circuler, sauf celles qui transportaient des sacs, car ils vérifiaient les achats effectués en sol paraguayen. Je n’ai pas été interpellé, car je ne traînais qu’un petit sac à dos. J’avais aussi mon passeport avec moi, au cas où, mais on ne me l’a pas demandé.
Une fois dépassé la douane, je me suis retrouvé dans la suite du couloir. Certaines de ses sections sont plus étroites et moins éclairées. C’est étonnant, considérant l’importance du lieu.
Je n’ai ensuite eu qu’à suivre le fameux couloir jusqu’à une ultime porte; je me sentais presque comme dans un jeu vidéo, au moment de finir un tableau. Ma récompense: le Brésil.
La ville brésilienne se nomme Foz do Iguaçu, elle compte environ 285 000 habitants (2022) et elle est l’une des principales portes d’entrée vers les chutes d’Iguaçu (avec Puerto Iguazú, en Argentine). Ces chutes comptent parmi les plus célèbres au monde. Mais s’y rendre exige une logistique différente de celle pour marcher vers le Brésil. J’expliquerai cette logistique dans un futur billet.
Par ailleurs, il serait sans doute possible de se rendre aux chutes à pied, à partir du pont, mais ce serait… dément. De la frontière aux chutes, la distance doit facilement atteindre une bonne vingtaine de kilomètres. Alors de vouloir parcourir cette distance, dans la chaleur et l’humidité écrasantes de la région, serait un désir… particulier. D’autant plus que c’est simple de s’y rendre en transport en commun et/ou en taxi. Mais qui sait, certain-e-s peuvent être plus maso que moi.
L’heure du retour
Pour le retour, c’est bien sûr le processus inverse. Duh. Même facilité, même rapidité. On n’a pas fouillé mon sac et on n’a pas demandé à voir mon passeport, d’un côté comme de l’autre. J’ai toutefois eu l’impression que les gens n’achetaient rien du côté brésilien, je ne voyais pas de sacs remplis de trucs comme lorsque je me dirigeais vers le Brésil. Ce qui est logique, dans le fond; Ciudad del Este EST la Zona franca, alors les gens y vont pour magasiner. Peut-être que, du Brésil vers le Paraguay, ce sont davantage des travailleuses et travailleurs qui rentrent au pays.
Sinon, le chemin vers le Paraguay offre son lot de paysages enchanteurs. Ainsi, j’ai noté la présence d’une île imposante au milieu du fleuve. Je n’ai pas vérifié si on pouvait la visiter.
Je suis donc revenu au Paraguay, après un séjour en sol brésilien d’une durée estimée de 5 minutes 28 secondes.
Je dois avouer que je connais pas les heures d’ouverture de la frontière, j’y ai été sur l’heure du midi, alors que l’action battait son plein, mais je présume qu’elle doit ouvrir très tôt le matin et fermer quelque part en soirée. Qui sait, peut-être y a-t-il des gens qui aiment aller écluser quelques frettes dans un bar louche de la Zona franca et revenir du Paraguay le soir même, entre deux rots mousseux. À moins qu’ils ne préfèrent enfiler les caïpirinhas au Brésil et tituber ensuite jusqu’au Paraguay.
Pas besoin d’une bonne raison pour aller au Brésil
Pourquoi se rendre au Brésil à pied depuis Ciudad del Este? Pourquoi pas? Je trouvais amusant de me dire que j’ai été dans l’un des plus grands pays au monde pendant environ 5 minutes 28 secondes. Ceci dit, oui, cette promenade permet d’aller au Brésil, mais ce serait dommage de ne rester que quelques minutes dans un pays aussi fascinant. C’était en outre mon deuxième voyage là-bas, le premier datant de septembre 2019. Et j’y suis retourné une troisième fois. Pour les célèbres chutes d’Iguaçu.
Prochain billet: excursion aux chutes d’Iguaçu.