Paraguay: mes impressions finales

Les chutes de Saltos del Monday

Je n’avais pas de grandes attentes en venant au Paraguay; je voulais en apprendre plus sur la culture du maté et sur les ruines jésuites, mais c’était pas mal tout. Je me disais que, une fois sur place, j’allais en apprendre davantage, de différentes manières. De plus, je ne connaissais personne qui avait visité le pays. Je n’ai donc pas lu beaucoup sur lui durant les semaines qui ont précédé mon voyage. Je n’ai ainsi appris que mon séjour là-bas allait coïncider avec les festivités du Día de la Independencia (les 14 et 15 mai) que la semaine AVANT mon départ. J’ai séjourné au Paraguay du 13 au 23 mai 2024.

Certes, je le reconnais, je ne suis pas resté longtemps dans le pays, alors mes impressions en seront forcément superficielles. Mais qui sait, peut-être sauront-elles quand même vous donner une certaine idée du pays.

Une agréable surprise

Je ne savais trop ce que je trouverais, une fois là-bas. Je fus agréablement surpris. C’est un pays tranquille, sympathique, sans prétention, qui semble oublié par le reste de la planète, malgré une histoire mouvementée et une culture distincte. Ceci dit, quiconque a voyagé un minimum en Amérique latine n’y vivra pas un grand choc culturel. En fait, le plus grand choc, ce serait de réaliser à quel point c’est tranquille ici. Même à Asunción. On est loin de l’agitation de capitales comme Mexico ou Caracas. Il y a bien eu la folie du Día de la Independencia, mais ce pourrait être l’exception plutôt que la règle. Je dois cependant admettre que l’excellent bar métal Absoluto Rock bottait des culs et ce serait mon quartier général, si j’habitais là-bas.

Le merveilleux bar métal Absoluto Rock, à Asunción.

L’espagnol y est évidemment la langue principale, mais le guarani y est une langue autochtone avec une forte présence; elle est même enseignée à l’école publique. Pour ma part, j’étais heureux de pratiquer mon espagnol. Mais je ne suis pas convaincu qu’il soit facile de s’y débrouiller en anglais (et encore moins en français), à part dans les endroits touristiques. Un minimum d’espagnol rendra donc tout voyage plus facile. D’autant plus que, selon mon expérience, les gens étaient charmants et heureux de rencontrer des touristes non argentins et non brésiliens.

Mes préférés

J’ai eu de nombreux coups de coeur au cours de ce voyage. Je les liste ici, mais, si vous voulez plus de détails sur chacun d’eux, vous pouvez relire mes billets précédents.

La misión Jesuítica de Santísima Trinidad del Paraná, près d’Encarnación

La centrale hydroélectrique d’Itaipú, dans la région de Ciudad del Este.

Mes moins préférés

Je n’ai pas vécu de mésaventures dignes de ce nom durant mon séjour. Il y a bien eu quelques moments plus désagréables – comme le Uber qui m’a largué et mes vains efforts pour naviguer le système postal -, mais, dans l’ensemble, je n’ai rien de négatif à dire sur mon voyage au Paraguay. J’ai été chanceux, il faut croire.

Parlons hébergement

Lors de mon passage, j’ai surtout dormi dans des hôtels plus traditionnels; il y en avait en masse partout où j’ai été. Les prix des chambres étaient abordables, sans doute grâce au fait que c’était la basse saison touristique. Le rapport qualité-prix était intéressant, aussi; par exemple, ma chambre à l’hôtel Nobile Suites Excelsior d’Asunción – un hôtel classé 5 étoiles – m’a coûté environ 64 $ CAN la nuit. Cet hôtel possède toutes les prestations que l’on peut espérer d’un hôtel décent. Il a même accueilli des personnes importantes dans l’histoire politico-socio-culturelle du sud de l’Amérique du Sud, comme Carlos Menem ou Mercedes Sosa.

Le hall du Nobile Suites Excelsior

Le Paraguay compte aussi des auberges, mais pas autant que, disons, l’Argentine ou le Brésil. La seule que j’ai visitée était Teko Arte Hostel & Bar, à Ciudad del Este. Je l’ai bien aimée, et pas juste parce qu’elle hébergeait plusieurs chats. J’ai pu y cuisiner une poutine, alors, juste pour ça, elle aura toujours une place dans mon coeur. Et mon estomac.

La piscine du Teko Arte Hostel & Bar

Je présume qu’il y a amplement de Airbnb partout au pays, mais ce n’est pas mon truc, alors je n’ai même pas vérifié la disponibilité des locations.

Et les transports?

J’ai utilisé des bus et des taxis pour mes déplacements. On peut acheter des billets de bus interurbains – avec siège assigné – sur le site Plataforma10; j’ai lu que des gens avaient eu des problèmes à payer avec des cartes de crédit, mais ce ne fut pas mon cas. La seule chose que j’ai remarquée est qu’on ne peut y acheter des billets trop en avance; j’avais essayé d’en acheter plusieurs semaines avant mon arrivée, mais ça n’avait pas fonctionné, les trajets n’étaient pas encore disponibles. Je me suis repris un peu plus tard et cette fois, ç’a fonctionné.

Bus interurbain au terminus de Ciudad del Este.

Vous pouvez aussi simplement vous présenter dans les terminus et acheter vos billets sur place, à la dernière minute. Je ne me souviens pas d’avoir vu un bus plein, au moment du départ. Plusieurs compagnies de bus effectuent les différentes liaisons, comme Asunción – Ciudad del Este, Ciudad del Este – Encarnación, Encarnación – Asunción, etc. Autrement dit, les principales villes sont reliées entre elles et le Paraguay ne compte pas tant de grosses villes que ça.

Terminus d’Asunción

Les bus sont corrects, bien tenus, malgré le visible âge avancé de certains véhicules. Par contre, des retards sont possibles, voire prévisibles. Ainsi, mon trajet Asunción-Ciudad del Este a pris environ 7 h au lieu de 5 h 20, en raison des nombreux arrêts sur la route. Le bus s’est ainsi rempli au fur et à mesure. Des vendeuses et vendeurs ambulants venaient aussi proposer leurs marchandises (des chipas, souvent). Bref, c’est une bonne idée de tenir compte de ces possibles retards dans votre planification.

Une chipa achetée dans le bus Asunción-Ciudad del Este.

En outre, il est facile de louer les services d’un chauffeur de taxi. Tous ceux qui m’ont conduit m’ont laissé une carte d’affaires et ils m’ont tous mentionné qu’ils étaient prêts à s’adapter aux plans de leurs client-e-s.

File de taxis devant le terminus de Ciudad del Este.

Enfin, des applications comme Uber et Bolt sont populaires. Mon trajet avec un chauffeur Bolt depuis le quartier Mburicao, à Asunción, jusqu’à l’aéroport m’a coûté 32 500 ₲ (environ 5,83 $ CAN) et il a duré environ 45 minutes dans un trafic moyen. Il y a aussi les circuits de bus locaux, bien sûr. Je ne les ai pas beaucoup utilisés, mais il suffit de se renseigner aux chauffeurs pour les trajets, en cas de doute.

L’inévitable question de la sécurité

Je ne me suis jamais senti en danger au Paraguay, mais j’admets que je ne sortais presque pas le soir. Je suis bien sorti durant les festivités du Día de la Independencia, mais nulle part je n’ai eu l’impression de possibles risques. Je restais cependant dans les zones achalandées, éclairées et surveillées par des policiers. Aussi, ma visite au Absoluto Rock s’est déroulée vers 19 h et je n’y suis pas resté très longtemps, ce qui aurait amèrement déçu le Stéphane version 26 ans. Je dirais donc que les habituelles précautions de base devraient permettre d’éviter l’essentiel des problèmes potentiels.

Soir de fête dans les rues d’Asunción, lors du Día de la Independencia

Par contre, je me méfierais davantage si je me trouvais dans la Zona franca de Ciudad del Este, en soirée. Je ne sais pas si cette intuition est pertinente, mais il y a un quelque chose de malsain dans l’ambiance de cette zone. Je ne saurais toutefois expliquer pourquoi, c’est juste une impresssion.

Le fameux coût de la vie

Le coût de la vie était abordable. Au moment de la publication de ce billet, 1 $ CAN vaut environ 5575 guaranis (symbole: ₲), selon le site XE.com. Des exemples? Une Heineken sans alcool, en bouteille, pour 10 000 ₲ (environ 1,79 $ CAN) au Absoluto Rock. Une chipa dans un bus? 5000 ₲ (environ 0,90 $ CAN). Un billet de bus Asunción-Ciudad del Este? 110 000 ₲ (environ 19,72 $ CAN). Quant aux restaurants, ils couvrent une large gamme de prix, mais j’ai pu manger une pastel (un chausson brésilien farci) dans un restaurant brésilien de Ciudad del Este pour 28 000 ₲ (environ 5,01 $ CAN) et je me suis gavé de pizza au Mega Pizza de Ciudad del Este pour 70 000 ₲ (environ 12,53 $ CAN). Il y a donc moyen de s’en tirer à bon compte, côté budget, surtout si on ne fait pas de folies. Quant à l’argent, les guichets et les bureaux de change sont abondants dans les zones touristiques, comme la Zona franca de Ciudad del Este ou le centre historique d’Asunción. J’ai par ailleurs retiré des guaranis sans problème avec ma carte Wise dans un guichet autonome au terminus de Ciudad del Este. Enfin, j’ai payé mes hébergements avec des cartes de crédit.

Menu du Mega Pizza, à Ciudad del Este.

Si on tient à économiser et si on a accès à une cuisine, on peut s’approvisionner dans divers commerces. Par exemple, l’omniprésente chaîne Biggie, un croisement entre une épicerie et un dépanneur (comme une combinaison entre un Métro et un Provi-Soir, pour les Québécois-e-s), propose un peu de tout, de fruits et légumes frais à de la viande à des produits d’hygiène personnelle à des produits de boulangerie à des cadenas (j’en ai acheté un là-bas) à de l’alcool et plus. Et, évidemment, on peut y acheter de la yerba.

Une succursale de Biggie.

Chaud et humide

On m’a affirmé que les températures au Paraguay pouvaient atteindre jusqu’à 50°C, avec le facteur humidex, selon le moment de l’année. Quand j’y étais, c’était l’automne. La météo fut un mélange entre du temps frais et pluvieux et des journées chaudes et humides. Je vous suggère donc de vérifier cet aspect avant de choisir des dates, car ça pourrait devenir un facteur désagréable d’un voyage là-bas.

Varia, version paraguayenne

Le pays est un paradis de chats. Comme j’adore les chats, j’étais comblé. Il y en avait partout.

Un chat au cimetière La Recoleta d’Asunción

Le pays est largement catholique, mais, en même temps, j’y ai rencontré une diversité religieuse intéressante. Par exemple, la principale mosquée de Ciudad del Este est imposante et on trouve des églises orthodoxes, comme à Encarnación.

Mosquée du prophète Mahomet, à Ciudad del Este

Le recours aux codes QR, notamment dans les sites touristiques, comme les ruines des monastères jésuites, est très répandu.

Un code QR aux ruines de la Misión jesuítica guaraní de Jesús de Tavarangüé

Il semble y avoir une réelle volonté d’aménager des installations accessibles aux personnes à mobilité réduite. C’est une noble intention.

Une rampe d’accès au Parque Carlos Antonio López, à Asunción

Je dis ça comme ça, mais la Playa San José, à Encarnación, semble topless, si je me fie aux photos publiées sur une page Facebook dédiée à ladite plage.

Une histoire mouvementée

Difficile de parler du Paraguay sans mentionner certains aspects sombres de son histoire. Ainsi, la dictature d’Alfredo Stroessner (1954-1989) est encore présente en filigrane, dans des lieux, des graffitis ou des monuments. Mon propriétaire d’auberge de Ciudad del Este m’a toutefois dit que le sujet n’était pas tabou.

La Plaza de los Desaparecidos, à Asunción, qui rend hommage aux victimes de la dictature.

L’origine de la présence allemande au Paraguay remonte au XIXe siècle, et non à la période post-Deuxième Guerre mondiale. Cette information est importante pour défaire certains stéréotypes. Oui, certains Nazis se sont bel et bien réfugiés ici, comme Josef Mengele, mais la réalité est que des colonies allemandes, comme Hohenau, existaient déjà au Paraguay depuis de nombreuses décennies.

Mésaventures postales

Une des choses qui m’a le plus frappé au Paraguay, c’est la difficulté à trouver des cartes postales ET l’impossibilité de les envoyer. J’ai eu plus de facilité à en trouver en Ouzbékistan. Seul le Venezuela m’a donné autant de fil à retordre, côté poste. Bon, d’aucuns diraient que c’est somme toute une considération insignifiante – c’est vrai -, mais, pour quelqu’un comme moi qui adore écrire et envoyer des cartes postales, ce fut un irritant majeur.

Le bureau de poste de Ciudad del Este.

J’ai fini par dénicher des cartes postales dans un magasin d’Encarnación, près du terminus, mais je n’ai pu trouver de timbres nulle part. Aussi, j’ai voulu envoyer des bonbons au sirop d’érable à une amie, en Argentine, mais ce fut impossible. Les bureaux de poste et les services d’expédition que j’ai visités ne s’acquittaient que du courrier national; on m’a dit d’aller à Asunción pour les envois internationaux. De kossé? Faque si vous prévoyiez envoyer des colis ou des lettres, vous devriez chercher le service approprié à Asunción, mais avec des attentes révisées à la baisse.

À une prochaine…

Alors voilà. Mon bref séjour au Paraguay. Un pays dont on entend peu parler, mais qui devrait plaire aux personnes qui adorent l’Amérique latine. J’y retournerais sans hésiter. Je visiterais alors d’autres régions, comme le Chaco (pour ses cultures autochtones et sa riche biodiversité) ou la ville de Salto del Guairá, à la frontière brésilienne.

Des plants de yerba matures à la plantation de Yerba Selecta

Si vous êtes dans la région pour une visite aux chutes d’Iguaçu, je vous recommande, si vous avez du temps, de faire un détour par le Paraguay. Allez-y avant qu’il ne devienne « The Next Big Thing » et qu’il ne change trop pour se conformer aux exigences du tourisme de masse. Et si vous êtes vraiment pressés, je vous suggérerais de vous concentrer sur Encarnación et sa région: les ruines des monastères jésuites et les plantations de yerba sont des éléments distinctifs du Paraguay.

Sur ce, je vais boire du maté.